Nous avons rencontré le responsable de la communication de la fédération camerounaise de football (Fecafoot). Junior Binyam décrypte l’actualité, la note du ministre, la suite du processus électoral, la conférence de presse de certains anciens joueurs qualifiés de partisans de la Fécafoot, la défunte AFC et l’article 4 des statuts de la Fécafoot.
Camfoot.com : Selon vous quelle explication pouvons-nous donner au revirement du minsep qui après avoir suspendu le processus électoral à la Fécafoot a demandé de le poursuivre ?
Junior Binyam : Je suis très mal placé pour répondre à cette question car je n’ai été ni à l’initiative de cette la première décision ni à l’origine de la seconde. Je constate juste comme tout le monde, que force est revenue à la loi et au droit.
Camfoot.com : D’après des indiscrétions le président de la CAF très proche du président de la Fécafoot a pesé de tout son poids pour convaincre le ministre de revenir sur sa décision
Junior Binyam : Je pense qu’il y a beaucoup de conjecture et celle à laquelle vous faite allusion en est une. Où est la vérité dans tout ça ? Je ne suis pas démiurge ou devin pour savoir qui a infléchi quoi? Je continue de dire que la décision initiale du ministre n’était aucunement motivée en droit. Même le président de la CAF ne peut pas réécrire les statuts de la Fécafoot. Je ne vois pas comment il aurait pu peser sur le ministre d’autant plus que la décision du ministre n’était pas réglementaire. Maintenant chacun veut trouver une explication à ce qu’on considère comme un revirement de situation et chacun va de son scénario. Je dis et je maintiens qu’en l’état actuel des statuts de la fédération et de la loi qui régit les activités physiques et sportives au Cameroun, le ministre n’était pas fondé d’arrêter le processus électoral à la fédération.
Camfoot.com : Plusieurs analystes du football au Cameroun ont considéré l’imbroglio Fécafoot-Minsep comme un bras de fer. Est-il lieu de dire aujourd’hui que la Fécafoot est sortie gagnante de ce « bras de fer » ?
Junior Binyam : Il n’a jamais été question à la Fécafoot d’un bras de fer. Je pense que dans la réponse adressée au ministre le 26 mars, l’assemblée générale expliquait de manière réglementaire et fonctionnel pourquoi il était difficile à 24h du début du processus électoral de le surseoir. La fédération n’a jamais été dans une logique de bras de fer. Pour la Fécafoot il a juste été question que les textes et règlements soient respectés.
Camfoot.com : Pour la suite du processus électoral, à quoi devons-nous nous attendre : Vous ferez tables rases sur les élections qui se sont déroulées dans certaines régions pour tout reprendre à zéro ou vous poursuivrez tout simplement ?
Junior Binyam : Il n’est pas question que nous fassions table rase. Pourquoi devions-nous la faire ? Je pense que le code électoral et les statuts de la fédération sont clairs. Les juges de conformité du processus électoral sont les membres des commissions électorales indépendantes, à ce niveau nous étions encore dans les départements. Partout où les commissions ont jugé que les élections se sont déroulées conformément aux statuts, les élections resteront valides. Seules les commissions électorales indépendantes peuvent juger la validité ou non d’une élection. Maintenant si un candidat estime qu’il a été spolié par le scrutin au niveau départemental, il a le droit de se pouvoir au niveau régional, qui lui connait les litiges nés au niveau départemental. A partir de ce moment, les élections sont valides partout où les procès verbaux ont été validés par les commissions électorales. Il faudra les reprogrammer dans les départements où le processus a été perturbé par les autorités administratives. C’est ce qui se fera à partir du 17 avril, parce qu’il faudrait respecter le délai de sept jours pour la convocation des assemblées départementales. La lettre du ministre étant parvenue le 09, les convocations ont commencé à être émises le 10 dont les premières élections vont commencer le 17 avril.
Camfoot.com : L’article 4 fait tant de bruits en cette période électorale. Est-ce qu’on est prêt à revoir cet article 4 à la Fécafoot?
Junior Binyam : J’en entends parler aujourd’hui comme d’un sésame : article 4 par-ci, article 4 par-là. Il ne date pas d’hier cet article 4. L’article 4 a toujours existé dans les ligues décentralisées au Cameroun et ce n’est pas la première fois. J’entends fanfaronner sur la victoire qu’aurait obtenu X ou Y auprès de Y instance. Mais sachez que sur ce même article 4 la même juridiction a rendu des décisions totalement contraires. A la fin on ne sait pas ce qui fait jurisprudence avec cette chambre de conciliation et d’arbitrage du comité olympique nationale. Mais nous aimerions bien savoir comment on lit le droit dans cette chambre. Puisse qu’autour d’une même question, on a deux décisions contradictoires.
La relecture de l’article 4 du statut des ligues spéciales décentralisées est une prérogative de l’assemblée générale de la fédération. Si l’assemblée générale de la fédération estime que c’est une décision à faire, elle le fera. Si elle pense le contraire, elle ne le fera pas. Mais il est clairement dit dans la loi de 2011 et même dans les statuts de la fédération et ceux de la FIFA que chaque fédération organise librement suivant les statuts types le fonctionnement de ses démembrements et c’est ce qui est fait. Je pense que ceux qui crient à hue et à dia à la réforme de cet article 4 aujourd’hui, beaucoup ont été élus avec ce même article 4 à l’état et beaucoup ont contribué à sa confection. Aujourd’hui par un coup de baguette magique, ils se souviennent que cet article ne garantit pas l’équité. Mais il y a un biais dans tout ce qui est fait. Pourquoi avoir le postulat suivant lequel, les personnes qui seront d’office membres des collèges électoraux parce que membres des conseils départementaux ou régionaux sortants sont acquis à la cause de quelqu’un. A la cause de qui ?
Camfoot.com : Le président sortant selon eux.
Junior Binyam : C’est bien des votants qui peuvent être convaincus par n’importe lequel des candidats. Pourquoi on les considère comme à priori acquis à un candidat. Je pense que le principe ici est démocratique. C’est-à-dire « one man one vote ». Chacun de ces membres des commissions départementales ou régionales dont la reconduction est garantit par l’article 4 est un élément qui peut aller dans un sens ou dans l’autre. Je suis bien surpris que les gens pensent qu’ils sont déjà acquis à la cause d’un candidat. Je ne sais pas sur quelle base. D’ailleurs quel candidat ? Parce que jusqu’à la date d’aujourd’hui il n’y a pas un seul candidat qui ait décidé de faire acte de candidature. De quoi parlons-nous ?
Camfoot.com : Vous faites parti des voix les plus autorisées à s’exprimer au nom de la Fécafoot. Pensez-vous que l’assemblée générale peut revoir cet article 4 qui fait des vagues ?
Junior Binyam : Je ne suis pas une voix autorisée à la fédération. A la fédération je suis un employé. Les organes délibérants vous avez l’assemblée générale qui est une prérogative de personnes qui sont élus. Je ne fais pas parti des personnes élues. Dont je ne pourrais pas vous dire que l’assemblée générale daignera aller dans un sens ou dans l’autre. Je ne suis vraiment pas outillé pour le faire. Ceci étant si elle (AG) le juge opportun ou si le président actuel de la fécafoot pense l’impulser. Encore qu’en l’état actuel des choses, il n’y a plus d’assemblée générale qui ait un mandat légal. Parce que l’assemblée générale de la dernière mandature s’est achevée le 26 mars. Il y a juste une disposition du code électoral qui indique que toutes les institutions constituées restent en place jusqu’à la fin du processus. Peut-être sur cette disposition on pourrait convoquer une assemblée générale qui convoquerait si ou ça. Je ne vois pas si la métamorphose du football camerounais aujourd’hui ou sa renaissance dépendrait du changement de l’article 4. Même si on le changeait ceci ne voudrait pas dire qu’un individu quelconque deviendrait membre de l’assemblée générale de la Fécafoot. Il faudrait encore remplir des conditions pour l’être. Je suis un peu amusé par ce nouveau gadget qu’on agite à tout va qu’est l’article 4.
Camfoot.com : Comment avez-vous vécu les différentes sorties des anciens footballeurs la semaine dernière qui se sont constitués en camp qu’on pourrait qualifier de pro ou d’anti-Fécafoot ?
Junior Binyam : Je me suis longuement expliqué sur la question quand le ministre a assis sa demande de sursis au début du processus électoral, sur la saisine dont il disait être l’objet de la part des différents acteurs du football. En son temps j’ai expliqué devant les médias qu’il n’y avait pas d’association de corps de métiers pour joueur agréé à la fédération parce qu’il y a avait trois associations de joueurs qui ont approché la fédération pour demander l’agrément après la défunte AFC. Le président de la fédération a renvoyé ses différents acteurs en disant que « vous êtes de la même famille. Il est bon que vous vous entendiez et que vous trouviez une plate-forme commune. Je ne veux pas me retrouver dans une situation ou je dois choisir entre X et Y ».
Le principe ici c’est que nous avions une fédération et la volonté de la fédération est de pouvoir rassembler. La fédération ne divise pas, elle rassemble. Et le président de la Fécafoot a estimé qu’il ne pouvait pas choisir une association au détriment d’une autre. La situation d’aujourd’hui montre que les joueurs ne sont pas homogènes et qu’il y a des dis sanctions. Pour mieux comprendre, il faut remonter à la genèse de l’exclusion de l’AFC. L’exclusion de l’AFC est partit à la suite d’une procédure initiée par les joueurs parmi lesquels : Joseph Antoine Bell et Emmanuel Mve qui avaient saisit par plainte en 2011 le comité exécutif de la Fécafoot pour décrier les malversations qui rendaient coupables Mr Mayebi qui était le président de l’AFC, en disant que : nous avions reçu chaque année un somme d’argent des organismes et que cette somme d’argent n’a pas été utilisées pour les joueurs. C’est sur cet entre fait que la fédération a demandé à l’AFC de fournir des documents comptables afin de tirer cette situation au clair. C’était une association qui ne respectait même pas les délais de tenue de ses assises (AG …). C’est parce que de manière systématique, l’exécutif de l’AFC avait refusé d’apporter des documents que l’assemblée générale a décidé en dernier ressort de l’exclusion de l’AFC. La fédération n’est pas particulièrement surprise par la situation du moment. Car elle ne date pas d’aujourd’hui. Il est peut-être grand temps que les joueurs s’assoient et trouvent de bons interlocuteurs qui devront parler en leur nom. La fédération ne demande qu’à voir tous les corps de métiers regroupés en son sain.
Camfoot.com : La fédération se doit d’agréer un corps de métier ou elle doit jouer le gendarme ?
Junior Binyam : La fédération agrée une seule association par corps de métier. Et comme je l’ai dit tant tôt, la fédération fédère, elle rassemble. Elle n’est pas là pour diviser. Le corps des arbitres n’a pas plusieurs associations. Mais si vous êtes dans une situation ou vous devriez choisir entre trois, vous feriez certainement un choix qui divisera. Car vous choisiriez un au détriment de deux autres qui pourraient également revendiquer et penser avoir les mêmes prétentions. Dont la démarche de la fédération est une démarche conciliatrice qui permettra aux acteurs d’avoir une plate-forme commune. Puisse que l’objectif recherché sur le papier est le même. C’est-à-dire avoir la meilleure représentation des joueurs, pour une meilleure défense des joueurs.
Camfoot.com : Pensez-vous qu’il sera normal d’aller aux élections à la Fécafoot sans la voix des footballeurs et qu’il sera opportun d’agréer l’association des footballeurs ?
Junior Binyam : Il est inopportun de faire le lit de la division. On ne peut pas aujourd’hui diviser un peu plus les gens qui le sont déjà. La Fédération ne peut pas retarder le processus électoral, parce qu‘il y a des dispositions légale. Mais les places des joueurs sont garanties au sein des instances. Une fois que la Fédération aura donné un agrément à une association de joueurs, cette association devrait automatiquement choisir ses représentants qui seront représentés dans les instances.
Camfoot.com : Comment expliquer les élections à la Fécafoot sans la voix des joueurs ?
Junior Binyam : Il n’y a pas d’élection sans les joueurs. Dans toutes les instances de la fédération vous avez des joueurs et des anciens joueurs. Ils appartiennent d’après leur reconversion à d’autres organes (présidents de clubs, entraîneurs…) mais se sont des joueurs. Aujourd’hui au comité exécutif de la Fécafoot vous avez le représentant de l’association des entraîneurs, des arbitres. Mais vous n’avez pas le représentant de l’association des joueurs. Mais dans ce comité exécutif, vous avez des joueurs ou ancien joueurs pour dire les choses telle quelles sont. Vous n’avez pas l’association des joueurs tout simplement parce qu’aucune n’est agréée. Dès que l’association sera agréée, son représentant n’a pas besoin d’être dans la liste du président pour siéger puisse qu’elle siègera ex qualité. Il en sera de même pour l’exécutif des ligues spéciales décentralisées.
Camfoot.com : Si vous aviez un message à adresser aux différents démembrements des joueurs se seraient lesquels ?
Junior Binyam : Je ne suis pas dans une position à pouvoir donner des leçons ou à adresser un message aux gens. Je le rappelle toujours à volonté. Je suis un employé de la Fédération camerounaise de football. C’est une fédération. Le but de la manœuvre est que tout le monde soit à bord du bateau. Elle (Fécafoot) ne peut pas procéder par exclusion. Dont il est important notamment pour le corps de métier principal que sont les joueurs que très rapidement une plate-forme d’entente soit trouvée et que les joueurs reprennent les places que sont les leurs au sein des instances.
Camfoot.com : La conférence de presse des Maboang Kesack, Michel Kaham… n’a-t-elle pas été impulsée par la Fécafoot ?
Junior Binyam : Pourquoi vous ne pensez pas que la fédération ait impulsée les réactions des Mayebi, Milla, Bell… ?
Camfoot.com : Parce qu’elles sont supposées être contre vous !
Junior Binyam : Mais elles ne sont pas contre nous. Est-ce que les autres sont pour la fédération ?
Camfoot.com : Apparemment ils le sont !
Junior Binyam : A quel moment ils l’ont dit ? Moi j’ai lu les déclarations. A aucun moment ils n’ont dit qu’ils sont pour la fédération. C’est cette dérive et cette manière de lire les évènements qui est problématique. Je cherche la déclaration qui a été faite par ces joueurs où ils disent que nous sommes pour la fédération.
Camfoot.com : Ils sont les commissaires de matchs, coordonnateurs…
Junior Binyam : Non, non Mr Milla est président d’honneur, Mr Mayebi est vice-président de la fédération. Au regard de ces derniers vous pensez que commissaire… sont des emplois ? C’est subalterne par rapport à ceux qui sont dans l’exécutif de la fédération. Dont s’il y a des gens qui sont pour la fédération c’est plus ceux là (Mayebi, Milla) que les autres. C e n’est pas un argument ! Vous dites commissaires délégués, ce sont des emplois subalternes. Le discours et le compte-rendu de la conférence de presse que ces joueurs ont donnée que j’ai lu dans les médias, c’est qu’ils estiment que depuis une vingtaine d’années ce sont les mêmes personnes qui parlent en leur nom sans pour autant avoir mandat. Ils indiquent par exemple que hier certaines des personnes qui font chemin ensemble étaient à couteau tiré du fait de la gestion peu orthodoxe de l’association des footballeurs camerounais (AFC). Ils considèrent que pendant longtemps ils ont été des moutons de panurge et qu’il est temps que la grande famille du football s’assaye autour d’une même table et désignent des interlocuteurs pour représenter leurs intérêts. Je ne sais pas si la défense des intérêts des joueurs est l’exclusive de certains joueurs. Si d’autres pensent que le moment est venu de tout mettre à plat et de donner un véritable mandat à ce qu’ils parlent signifient qu’ils sont de la fédération. Et ceux qui pour vous sont contre la fédération sont pour qui ? J’aimerais bien qu’on réponde aussi à cette question. Ils ont pour qui ?
Camfoot.com : Ils veulent évincer l’équipe dirigeante actuelle.
Junior Binyam : Mais ils sont pour qui ? Pourquoi vous pensez que ceux qui demandent une meilleure prise en compte des aspirations des joueurs, une meilleure gestion des fonds dévolus aux joueurs sont pour la fédération. J’aimerais bien qu’on me le prouve. Arrêtons des procès en sorcellerie. Arrêtons-nous journaliste de faire comme cette personne à qui on lui montre la lune et elle regarde le doigt. Vous n’attaquez pas du fondement de la revendication et vous partez sur des procès d’intentions. Ils ont bien indiqué que leur problème s’est que les joueurs parlent d’une même voix et pas que des personnes parlent au nom des joueurs sans jamais avoir reçu un mandat.
Entretien mené par James Kapnang