L’entraîneur national par intérim des lions indomptables du Cameroun lève l’équivoque sur le prochain stage des professionnels Camerounais en congé dans leur pays. Un stage qui fait couler beaucoup d’ancre et de salive dans la capitale. Il revient sur la récente sortie de son équipe au Pays-Bas, avant de s’étendre sur l’avenir des lions indomptables.
Camfoot.com: Quel bilan faites-vous de la dernière sortie des lions Indomptables au Pays bas ?
Jules Frédéric Nyongha : Je crois que ce qu’on peut retenir de façon globale c’est un bilan positif, hors mis le résultat du match de un à zéro en faveur de l’équipe nationale du Pays-Bas. Le reste est positif, et à double titre. Vous savez nous sortons de la coupe d’Afrique des nations et chacun avec une arrête à la gorge parce qu’on est éliminé en quart de final. C’était donc une occasion de retrouvailles pour l’encadrement technique et les joueurs, pour essayer d’exorciser cette situation, de mettre de nouveaux jalons et de fixer de nouveaux objectifs et de nous dire que nous n’avons pas le droit d’abandonner. Au contraire nous devons toujours aller de l’avant pour prouver que nous avons toujours eu une bonne équipe. A la Can si nous ne sommes pas passés, ce n’est pas parce que nous étions une mauvaise équipe, c’est le destin qui ne nous emmène pas en demi-final. Donc nous devons faire l’effort pour maintenir très haut notre flambeau en étant soudé, en étant tous ensemble pour les nouvelles échéances. Ça, c’était la première grande partie importante de cette rencontre. Ensuite il y’a eu le match avec ce que cela comporte; nous arrivons sans deux ténors de l’équipe, et nous avons su faire confiance aux jeunes, leur donner l’occasion de s’intégrer dans cette équipe et de montrer ce qu’ils sont capables de faire. Je crois qu’une bonne partie des Camerounais a apprécié ce que ces enfants ont fait dans ce match contre la Hollande. Si d’aventure on mettait de côté tous les problèmes d’arbitrage, tout le monde se serait rendu compte que ce match se soldait soit par un nul ou à la limite par la victoire du Cameroun si on considère que leur but était hors jeu et que le notre on l’a refusé. Au-delà du résultat de ce match, ce qui me fait plaisir c’est la prestation des joueurs sur le terrain. Après quelques moments d’hésitation en début de match où il fallait que la défense s’adapte, parce qu’on a quant même ramené Geremi dans l’axe central, on a mis Doumbé Perrier qui ne jouait pas depuis, sur le flanc droit. Donc nous avions une faiblesse sur le flanc droit où joue souvent Geremi, une faiblesse dans l’axe central, une faiblesse sur le flanc de l’attaque, mais nous avons su compenser tout cela au fil du jeu. Quinze minutes avant la fin de la première mi-temps, nous étions maîtres du terrain, et toute la deuxième partie, je crois que c’est là, la grande satisfaction de ce rassemblement.
Camfoot.com: Vous conduisiez cette équipe comme entraîneur principal, comment avez-vous vécu cette expérience de patron du banc de touche de cette équipe des lions indomptables ?
Jules Frédéric Nyongha : J’ai toujours eu l’habitude soit comme adjoint soit titulaire de conduire les joueurs à ce niveau de compétition, dans des matchs de cet envergure et même au-delà. Mais je crois que pour moi c’était enrichissant, c’était un contact nouveau avec cette équipe en tant que patron, puisque je la dirigeais en tant que tel. Les décisions étaient les miennes, tous les risques pris étaient les miens que j’assurais complètement et entièrement. Je crois qu’il n’y a pas de problème majeur, ça a été une entente parfaite avec l’ensemble des joueurs et les encadreurs qui étaient du déplacement.
Camfoot.com: Vous avez envoyé un communiqué dans les médias demandant aux joueurs professionnels en congé au pays de vous appeler pour une éventuelle sélection dans l’équipe nationale. Expliquez-nous cette nouvelle façon de sélectionner.
Jules Frédéric Nyongha : Avant mon départ pour la Hollande, j’ai eu une rencontre avec le ministre des Sports pour lui suggérer que nous fassions un stage avec les joueurs professionnels qui arriveront en vacance au Cameroun, en même temps que nous fassions un stage avec les joueurs locaux pour ouvrir les bases de notre sélection, donner le maximum de possibilité de choix à l’encadrement technique. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre qui arrive demain, qu’il sache qu’il y’a quelque chose qui a été fait à la base. Lorsque je suis rentré, je suis allé rencontrer monsieur le ministre des Sports, qui m’a demandé où j’en étais avec ce projet. Il m’a donc demandé de lancer tout de suite la convocation de ces joueurs professionnels parce qu’ils vont bientôt retourner dans leur club. C’est dans ce sens que le communiqué a été fait, demandant aux joueurs professionnels de s’inscrire, ceux qui sont en vacance et qui n’ont jamais été sélectionnés, qu’ils s’inscrivent, et à partir du nombre qu’ils seront, on va lancer le stage en leur faveur et ce stage sera entièrement pris en charge par le ministère des sports. Je ne pense pas que je peux prendre une initiative comme celle-ci, si elle n’était pas soutenue par la hiérarchie qui met justement les moyens pour l’organiser.
Camfoot.com: Ledit stage est prévu pour quand ?
Jules Frédéric Nyongha : Ces joueurs vont être convoqués pour la semaine prochaine, et le stage aura lieu. Les Camerounais qui sont à Yaoundé auront l’occasion d’ailler les voir à l’entraînement, d’apprécier leur talent.
Camfoot.com: Certains peuvent affirmer qu’ils jouent dans des clubs à l’extérieur et pourtant ils sont en villégiature. Ne craignez-vous pas certaines tricheries ?
Jules Frédéric Nyongha : Nous avons les moyens de vérifier, nous pouvons à tout moment vérifier si ces joueurs évoluent effectivement dans un club. S’il a trompé notre vigilance, cela se vérifiera également sur le stade. Ce que je veux dire c’est que, c’est la première fois qu’on le fait; vous savez que jusqu’ici c’est l’encadrement technique qui se déplaçait pour aller superviser les joueurs. Mais il supervise combien de joueurs ? Ils ne sont jamais allés en Chine, au Japon, en Pologne, en Indonésie, en Afrique du Sud, au Koweït, partout où jouent les Camerounais, Dieu seul sait combien ils sont nombreux, en Ecosse, en Irlande… est-ce que vous avez déjà suivi qu’un entraîneur est allé superviser ces joueurs ? Pourquoi ceux-là sont-ils abandonnés? Nous leur donnons l’occasion pendant qu’ils sont en vacance dans leur pays de démontrer ce qu’ils savent faire, et ça coûte moins cher parce qu’ils sont déjà sur place, plutôt que de déplacer quelqu’un qui n’aura jamais le temps de parcourir le monde entier pour voir l’ensemble de joueurs que nous avons. C’est une occasion rêvée de les voir à l’entraînement chez eux au Cameroun.
Camfoot.com: En tant que technicien, vous pensez que ces joueurs en vacance peuvent produire quelque chose d’appréciable vous permettant d’avoir une idée sur leur capacité ?
Jules Frédéric Nyongha : C’est toujours bien de les voir travailler, ceux des joueurs qui ont le talent on le verra toujours, on saura qu’il a du talent. Il lui manquera peut-être un peu de physique, mais le reste ne trompe pas. Nous venons de joueur contre la Hollande, nos joueurs avaient arrêté de s’entraîner dix jours avant, et ça n’a pas empêché qu’après quelques jours de travail qu’ils aient fait la prestation qu’ils ont fait. Donc je crois que c’est une occasion rêvée même par ces joueurs, ils l’ont demandé plusieurs fois sans que personne ne les écoute; nous donnons à ces autres joueurs l’occasion de venir montrer ce qu’ils savent faire sur le terrain.
Camfoot.com: Par quel processus les meilleurs de ce stage vont intégrer l’équipe nationale ?
Jules Frédéric Nyongha : Nous aurons un fichier, ils seront aussi bien les professionnels que les amateurs, parce que nous allons après ce stage avoir un autre avec les amateurs. On va donc ouvrir un fichier, on saura qu’il y’a pas exemple un avant centre qui a telle potentialité et que le moment venu on peut faire appel à lui. Stéphane Bikey avant la Can personne ne le connaissait, mais il a fait une superbe coupe d’Afrique, un superbe match contre la Hollande. Il faut qu’on ait des repères, et quand on a ces repères, on sait comment on peut fonctionner.
Camfoot.com: Et le sort des joueurs amateurs ?
Jules Frédéric Nyongha : Pour la deuxième phase de notre travail, j’ai écrit à tous les entraîneurs de première division de notre championnat; j’ai téléphoné aux uns et aux autres, leur demandant dans le cadre de notre collaboration, que chacun produise une liste de vingt meilleurs joueurs qu’il a observé dans le championnat. Vous imaginez vingt meilleurs joueurs fois seize entraîneurs, vous voyez ce que ça fait. Ensuite on va essayer de classer ceux qui reviennent le plus souvent, automatiquement je pense que ça devrait être les meilleurs. On retiendra environ trente-cinq à quarante pour faire un stage pour les amateurs aussi.
Camfoot.com: Là encore, ne court-on pas le risque de voir ces entraîneurs n’inscrirent que les joueurs évoluant dans leur équipe ?
Jules Frédéric Nyongha : Là il y’a moins de risque parce qu’il ne mettra pas vingt de ses joueurs. C’est mieux encore que de leur demandé de donner cinq noms; parce que, cinq noms ils donneront automatiquement cinq de leurs joueurs. Mais à vingt noms, il va de soit qu’ils seront obligés d’aller chercher ailleurs, et nous allons également dépouiller les feuilles de matchs depuis la première journée du championnat pour savoir ceux des joueurs qui ont été désignés comme meilleurs. Nous souhaitons également que les journalistes sportifs participent au dépouillement.
Camfoot.com: Pourquoi c’est vous qui gérez le cas des joueurs amateurs et non l’entraîneur de l’équipe nationale A’ ?
Jules Frédéric Nyongha : Parce qu’il n’est pas dit que les A’ appartiennent aux amateurs et les A aux professionnels. C’est une équipe nationale, elle est ouverte aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels. Si les amateurs que nous allons regarder avec précisément le concours de ces entraîneurs des A’ et autres sélections, parce qu’ils sont là pour travailler avec moi. Si ces amateurs peuvent saisir leur chance, ce serait l’essentiel.
Camfoot.com: Si on revenait sur le cas de ces joueurs professionnels, en ce moment, combien vous ont contacté ?
Jules Frédéric Nyongha : Pour l’instant, ils sont quinze qui nous ont contacté. Et dès que la liste atteindra un nombre permettant de programmer l’entraînement, on va les convoquer rapidement à ce stage.
Camfoot.com: Les éliminatoires de la prochaine coupe d’Afrique des nations débutent en septembre, vous qui travaillez avec le ministre, est-ce que la préparation de cette échéance est déjà à l’ordre du jour ?
Jules Frédéric Nyongha : La préparation est à l’ordre du jour, le match que nous venons de livrer au Pays-Bas rentre dans le cadre de cette préparation. C’est également dans ce but que nous lançons ces stages. Nous allons encore avoir un autre regroupement en août, certainement en Europe avec à la clé un match amical que nous sommes entrain de trouver, ceci avant l’échéance du 3 septembre.
Camfoot.com: Vous assurez l’intérim sur le banc de touche des lions, et on dit vouloir recruter un autre entraîneur. N’êtes-vous pas frustré par cette situation?
Jules Frédéric Nyongha : Si on confie cette équipe à un blanc, un noir, un jaune ou un rouge, l’essentiel c’est que l’équipe soit confiée à quelqu’un qui pourrait la conduire et combler les espoirs du peuple Camerounais; qu’il en fasse une bonne équipe, qu’il soit noir ou blanc. Je dis qu’il y’a des gens qui peuvent le faire au Cameroun, je ne parle pas de Nyongha. On peut aussi trouver des gens ailleurs, mais l’important c’est que l’équipe soit mise entre les mains de quelqu’un de compétent.
Camfoot.com: Que répondez-vous à ceux qui évoquent les problèmes de complexe pour justifier le fait que nos entraîneurs locaux ne peuvent plus conduire notre équipe nationale, parce que nos joueurs sont désormais des vedettes mondiales ?
Jules Frédéric Nyongha : Je ne sais pas ce qui se passe avec les autres, mais je prendrai mon exemple pour dire que je n’ai jamais eu ce genre de problème. Vous pouvez demander aux joueurs qui sont là aujourd’hui si Nyongha a été tendre avec leurs caprices. Je suis juste et très strict avec eux, ils le savent. Personnellement je ne soufre pas de ce complexe.
Propos recueillis par Guy Nsigué