« Lorsqu’on regarde l’équipe que nous avions à la Can 2006, la prestation de cette équipe, par rapport aux autres comme la Côte d’Ivoire et l’Angola, je pense que le Cameroun avait de loin dominé cette Can là même si à la limite nous avons été éliminés. Je pense qu’à cette Coupe du Monde, nous aurions pu non seulement imposer notre jeu, mais faire valoir notre expérience accumulée après quatre participations à une coupe du monde… »
Vous venez d’organiser deux stages de remise à niveau pour détecter de nouveaux talents dans l’équipe nationale. Pouvez-vous tirer les leçons de ces deux regroupements ?
Jules Nyongha : Je pense que nous avons réalisé l’objectif souhaité parce que le stage a eu lieu. Nous avons rassemblé 21 joueurs professionnels n’ayant jamais été appelés à l’équipe nationale ; mais qui évoluent dans des championnats non médiatisés et dont nous n’avons pas souvent l’occasion de voir ou même de superviser. C’était une occasion de voir ce qu’ils sont capables de produire. D’aucuns diront que si ces footballeurs sont dans des championnats non médiatisés, cela veut dire qu’ils ne sont pas de bons joueurs. Je dirai que ce n’est pas vrai puisque des pays comme la Chine, la Pologne sont en coupe du monde mais le Cameroun n’y est pas.
Pour les amateurs, nous avons fait appel à la collaboration de 16 entraîneurs de clubs qui nous ont aidé à confectionner la liste des 30. Nous sommes allés même un peu plus loin en scrutant les 17 feuilles du championnat. Nous y avons dépouillé l’ensemble des joueurs qui ont été désignés comme meilleurs joueurs de la journée. C’est dans cette liste que nous avons sorti la liste des 30. Ce qui reflétait quand même l’esprit des équipes du championnat. Ce stage s’est bien déroulé et à la fin, c’est la satisfaction puisque nous sommes en mesure de dire que nous avons tel potentiel à tel poste, tel nombre de joueur capable ou on d’intégrer l’équipe nationale. Le plus important étant de savoir qui est où et qui fait quoi.
L’équipe nationale nécessite en ce moment un toilettage car les effectifs sont vieillissants. Peut-on compter sur ces nouveaux talents pour assurer la relève ?
J.N. : Je pense que le problème de relève à l’équipe nationale tient sur la performance. Aujourd’hui, ceux qui sont en poste continuent d’être performants. Il faut justifier leur remplacement par le fait qu’il y a d’autres qui produisent plus que ceux qui sont là en ce moment. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé ces deux stages. Vous vous souvenez qu’on avait déjà fait un premier regroupement de 30 joueurs à Paris. Au cours de celui-ci, nous avons détecté des talents comme Bikey , Ateba, Mbia Stéphane… Certains ont même joué à la Can 2006. C’est en tout cas un processus qui doit se poursuivre progressivement. Il ne s’agit pas d’une opération kamikaze où il faut enlever 10 pour remettre 10 autres. Les échéances viennent au fur et à mesure. D’ici 2008, un certain nombre partira, idem pour 2010.
La Coupe du Monde se déroule sans les Lions Indomptables du Cameroun. Quels constats faites-vous sur la participation des cinq représentants africains rendu au stade des huitièmes de finales ?
J.N : Je pense que certaines de ces équipes d’une manière générale ont fourni un football de qualité. Leurs adversaires, en dehors du score fleuve encaissé par le Togo, les autres se sont bien comportées d’une façon assez honorable. Même en perdant des matches, c’est resté dans les limites raisonnables. Lorsque l’on voit le résultat que le Togo a produit après sa première rencontre, on se dit que ce n’était pas une si mauvaise équipe que ça. Il y a peut être un problème d’impréparation parce qu’on ne sait pas à quelle compétition on va.
Quelles sont les chances du Ghana face au monstre brésilien?
J.N : Le Ghana a montré que sa qualification n’était pas volée. J’ose croire que face au Brésil, il fera quelque chose même si le Brésil reste l’équipe favorite. Les choses ne seront pas faciles car en football, tout peut arriver. Il faut que le Brésil tienne compte du fait que le Ghana est une très bonne équipe.
Y’a-t-il des pions côté ghanéen qui peuvent se rivaliser avec des joueurs comme Ronaldhino ?
J.N : Je pense que tout le monde sait aujourd’hui que le Brésil, même en ayant les meilleurs milieux de terrain et meilleurs attaquants, reste quand même fragile en défense. Avec un peu d’opportunité, un peu d’agressivité, l’équipe ghanéenne, qui est très physique pourrait créer des problèmes au Brésil. Chacune de ces équipes devra jouer sur son point fort ; le Ghana de part sa robustesse et le Brésil par sa finesse du jeu.
Au regard de la prestation des quatre équipes africaines, croyez-vous que le Cameroun aurait pu faire mieux ?
J.N : Lorsqu’on regarde l’équipe que nous avions à la Can 2006, la prestation de cette équipe, par rapport aux autres comme la Côte d’Ivoire et l’Angola, je pense que le Cameroun avait de loin dominé cette Can là même si à la limite nous avons été éliminés. Je pense qu’à cette Coupe du Monde, nous aurions pu non seulement imposer notre jeu, mais faire valoir notre expérience accumulée après quatre participations à une coupe du monde. Nous en sommes sortis pétris d’expérience tant dans la préparation, que sur comment aborder la compétition. Choses que les autres n’avaient pas.
Nous sommes rendus à trois mois du début des éliminatoires de la prochaine coupe d’Afrique. Le Cameroun n’est pas encore fixé sur un calendrier de rencontres amicales… En existe-t-il un ?
J.N : La préparation a démarré depuis longtemps. Avec notamment cette rencontre contre la Hollande, qui était une prestation tout à l’honneur du Cameroun même si nous avons perdu 0 contre1. Nous avons commencé la préparation par ces rencontres et nous allons poursuivre en mi-août avec un regroupement ponctué d’un match amical avec comme objectif, de travailler certains points faibles. La dernière phase est le regroupement que nous aurons en fin août et qui nous conduira en début septembre avec un match amical contre le Rwanda.
Un mot sur la guère qui s’observe depuis quelques temps entre le Minsep et la Fécafoot.
J.N : En tant que technicien du football, il va de soit que s’il existe un problème entre la tutelle et la fédération, que cela puisse avoir quelques répercussions sur l’organisation de l’équipe nationale. Je souhaite pour ma part, que les deux parties trouvent un terrain d’entente avant que les choses ne commencent.
Propos recueillis par Floriane Payo, Dikalo