Deux semaines après le match nul concédé à la RD Congo (1-1) à Garoua en éliminatoires de la CAN 2012, le sélectionneur Javier Clemente est déjà contesté, moins de deux mois après sa nomination. Une situation qui n’étonne pas Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien des Lions Indomptables, aux yeux de qui le football camerounais est en crise depuis de longues années.
Joseph-Antoine Bell, Javier Clemente semble menacé, alors qu’il n’est en poste que depuis deux mois. Le football camerounais serait-il en train de traverser une nouvelle période de turbulences ?
Mais cela fait tellement longtemps qu’il est en crise ! C’est un accès de fièvre supplémentaire. On pensait qu’après la Coupe du monde en Afrique du Sud, des solutions allaient être prises pour envisager l’avenir autrement. Or, il ne s’est rien passé. Le football camerounais n’a pas les bons médecins pour soigner son mal.
En décryptant vos propos, on devine votre hostilité envers la fédération en place (Fecafoot). Et envers son président, Mohamed Iya ?
Après la Coupe du monde, j’avais dit que je ne parlerais plus du foot camerounais, car cela ne sert à rien de parler à des sourds. Dans mon pays, le football est uniquement l’affaire du président de la fédération. En Afrique, le football est souvent une question d’État… Le Cameroun le prouve. Il n’y a aucun projet pour le football camerounais, que ce soit au niveau des jeunes ou de l’équipe nationale. Des gens comme Rigobert Song ou Geremi Njitap viennent d’arrêter leur carrière internationale. Croyez-vous que quelqu’un leur a dit qu’on comptait sur eux pour apporter leur expérience à la sélection ?
Selon vous, la nomination de Clemente était une erreur ?
Après l’échec de Paul Le Guen, je m’attendais à ce que la sélection soit confiée à un homme connaissant parfaitement le football camerounais. Et ils ont nommé Clemente. Je n’ai rien contre lui, mais que savait-il vraiment de cette équipe ? À part Eto’o et peut-être quelques autres, quels joueurs connaissait-il vraiment ? Il ne peut pas avoir de solution pour le Cameroun. Que Laurent Blanc ait été nommé sélectionneur de l’équipe de France, je trouve cela logique, puisqu’il était sensible à la situation des Bleus. Mais Clemente ? Était-il vraiment concerné par les problèmes du Cameroun ? On a parlé de la mauvaise ambiance au sein de la sélection en Afrique du Sud. Mais le problème ne vient-il pas du ressenti qu’avaient les joueurs sur leur encadrement ?
On dit Clemente assis sur un siège éjectable…
Je ne sais pas. On vient lui reprocher de ne pas vivre au Cameroun, de repartir vite en Espagne après les matchs. Mais ce sont des détails. Le problème est plus profond ! Qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas un Camerounais capable de trouver des solutions à nos problèmes ! Mais en Afrique en général, et au Cameroun en particulier, il n’y a que l’immédiateté qui prime ! On veut des résultats tout de suite.
À qui pensez-vous comme nouveau sélectionneur ? À vous, peut-être ?
Non, je ne pense pas à moi (rires). Je parle en tant qu’observateur. Mais j’ai ma petite idée. Que je garde pour moi…
Mais des sélectionneurs étrangers ont réussi au Cameroun ! Lechantre, Le Roy…
Mais on peut prendre le problème à l’envers et dire que c’est grâce au Cameroun qu’ils ont gagné des titres ! Qu’ont-ils gagné ailleurs ? Mais au delà de ça, je regrette une chose. Grâce à ses participations aux Coupes du monde en 1982 et en 1990, en particulier, le Cameroun avait su attirer l’attention sur lui. C’était une sorte de locomotive pour le football africain. Mais il n’en a pas profité. Il y a eu quelques CAN et les JO en 2000, mais depuis, il a été dépassé par des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana…
Par Alexis Billebault