Le 29 novembre prochain, l’on connaitra le nom du nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Ce pourrait être Joseph Antoine Bell puisqu’il a officiellement présenté sa candidature. Face à la presse, dimanche soir à l’hôtel Hilton de Yaoundé, le meilleur gardien africain du siècle a pris le temps d’expliquer le cheminement qui l’a amené à se présenter.
Et même s’il reconnait que la bataille pourrait être rude, le double champion d’Afrique (1984 et 1988) compte sur sa détermination.
« Le grand champion dit-il, c’est celui qui continue à se battre quand tout le monde croit que tout est perdu ».
Interview:
Vous êtes candidat à une élection où vous êtes pratiquement seul contre plusieurs, n’est-ce pas une mission impossible ?
Rien n’est impossible. C’est à ceux qui sont en place à la Fédération camerounaise de football qu’il faudrait demander : pourquoi ils trafiquent le corps électoral ? Pourquoi ils font ça au peuple du Cameroun ? Les gens n’ont pas l’amour de leur pays, ne savent pas qu’ils sont délégués c’est-à-dire des envoyés. Pourquoi vont-ils faire ce qu’ils veulent, et pas ce que souhaitent les Camerounais ? Le football n’est pas une affaire confidentielle. Quand un entraîneur choisi un joueur, ce n’est pas parce que ce joueur lui plait. C’est parce qu’il va réaliser des performances pour le public. Le Cameroun nous appartient, le football, c’est notre héritage. Et si nous ne faisons rien, il repart entre les mains de ceux qui le détruisent.
Comment comptez-vous faire pour convaincre l’électorat ?
Il n’y a pas que ceux qui représentent les corps de métier pour penser au football. Il n’y a pas que les entraîneurs et les footballeurs pour le penser. L’estime est le carburant de l’être humain. Et c’est parce que les autres ont beaucoup d’estime pour moi, que je peux avancer. Et quelle est la plus grande qualité d’un champion ? Je suis sûr que tout le monde dirait le talent. Mais ce n’est pas le talent. C’est la détermination. Le grand champion, c’est celui qui continue à se battre quand tout le monde croit que tout est perdu. Je me présente parce que premièrement, il ne fallait pas donner de prétexte aux fossoyeurs qui diraient, qu’il n’y avait personne d’autre. On voit bien que c’est la voie qui a été concoctée dans les régions où il n’y a qu’une liste unique. Je n’ai pas voulu qu’il n’y ait pas d’autres propositions. Et comme nous sommes tous enfants de la même mère, je vous pose la question : que feriez-vous si votre mère était torturée par votre frère, ruinée parce qu’il lui prendrait sa fortune qui vous appartient à tous, et qu’il aurait un couteau entre les mains ? Vous n’oseriez pas sauver votre mère, parce qu’il aurait un couteau ? Moi, je continue d’espérer que nous avons le même sang : celui de notre mère. Et que mon frère qui la tient avec un couteau entre les mains, aura un sursaut pour penser qu’il s’agit de notre mère. Je compte sur ce sursaut de mes frères, pour dire que nous n’allons pas envoyer au monde entier l’image ridicule d’un pays où après une administration provisoire, on retrouve les gens qui administraient avant. Ça n’existe pas. Partout dans le monde, quand il y a une administration provisoire, ceux qui géraient se cachent. Parce que l’administration provisoire est le constat de l’échec. La normalisation, c’est la Fifa qui l’a imposée et nous l’avons acceptée. On ne peut pas après la normalisation, retrouver les anormaux. Je suis sûr de ne pas mieux comprendre le français que le professeur Joseph Owona. Donc, il serait lui-même le premier à être en désaccord avec le fait qu’il ait passé dix-huit mois à la Fécafoot pour qu’on retrouve à la fin ceux qui étaient là avant lui.
Il y a peu de temps vous disiez que vous ne serez pas candidat dans les conditions que vous avez toujours décriées. Est-ce qu’aujourd’hui il y a lieu de penser que ces conditions ont changé ?
Les mauvaises pratiques que j’ai toujours décriées sont malheureusement les mêmes. Mais pourquoi suis-je candidat ? Parce que je ne prétends pas agir pour moi tout seul. Je suis un type qui sait écouter. Et beaucoup de gens qui ne sont pas forcément dans l’électorat souhaitent que les choses changent. Je suis candidat. Laissons-les faire leur travail, et m’exclure s’ils veulent. Ils savent très bien ce qui va arriver s’ils ne retiennent pas ma candidature. Les matchs de football avec un seul adversaire, ça n’existe pas. Notre mère, c’est le Cameroun. Et le football du Cameroun en est l’héritage qu’un enfant mal intentionné veut absolument dilapider. Et ce dernier torture sa mère en envoyant au monde entier, l’image d’un pays habité par des êtres inintelligents. Nous les autres frères, nous constituons un corps et nous devons défendre notre mère. Le couteau qu’il détient c’est tous les trafics qui font que nous pensons que les électeurs sont déjà acquis à l’anti-cause du Cameroun. Je ne demande pas que les Camerounais me soutiennent, mais qu’ils soutiennent le Cameroun. Le football camerounais se porte-t-il bien ? La réponse, j’imagine que c’est non. C’est pourquoi la Fifa a mis en place un Comité de normalisation. C’est-à-dire qu’on a échoué. Moi, j’incarne des idées. Et c’est elles qu’il faut soutenir. Nous voulons sauver le Cameroun de ce qui est en train de se préparer. Etes-vous prêts à vous laisser voler encore une fois votre patrimoine ? C’est pour vous. Il faut que tout soit organisé. C’est pour notre pays que nous le faisons. Nous avons été le premier pays au monde à avoir remporté les deux trophées mis en compétitions la même année en Afrique. Nous étions l’exemple. Monsieur Hayatou (Issa) serait là qu’il vous l’aurait dit. Il a été élu à la Caf grâce aux résultats du Cameroun. Il le sait, il le dit. Retournons à la victoire.
Par Arthur Wandji