« Dans la Loi 4 qui traite des équipements de sport, il est demandé aux officiels de la rencontre qui sont les arbitres de veiller à ce que les équipements soient conformes à cette loi avant d’admettre les joueurs sur le terrain. Il revenait d’abord aux officiels d’accepter ou non que le Cameroun joue avec l’équipement à problème. Ils l’ont fait et les organisateurs de la compétition étaient également là. Ensuite, quand on regarde l’article 30 du Code disciplinaire de la Fifa, il est clairement prescrit, s’agissant du retrait de points à une équipe, qu’ » un club peut voir réduit le nombre des points obtenus dans le championnat en cours « . Et dans le cas actuel, nous étions en pleine Coupe d’Afrique des nations de football… »
Quelle est votre réaction après la décision de la Fifa de retirer 6 points au Cameroun pour les prochaines éliminatoires cumulées Can/Cm 2006 assorties d’une sanction financière ?
Cette sanction de la Fifa me met dans tous mes états dans la mesure où je m’étais opposé au port de ces maillots. Cependant, je me pose des questions sur les fondements juridiques qui ont amené la Fifa à prendre cette sanction qui est très lourde et qui n’est pas prévue dans le Code disciplinaire de la Fifa dans lequel sont prescrites toutes les sanctions qu’on peut infliger aux membres de la Fifa, officiels, associations nationales… en cas d’infraction. Donc, c’est là que je me pose encore des questions. Dans la Loi 4 qui traite des équipements de sport, il est demandé aux officiels de la rencontre qui sont les arbitres de veiller à ce que les équipements soient conformes à cette loi avant d’admettre les joueurs sur le terrain. Il revenait d’abord aux officiels d’accepter ou non que le Cameroun joue avec l’équipement à problème. Ils l’ont fait et les organisateurs de la compétition étaient également là. Ensuite, quand on regarde l’article 30 du Code disciplinaire de la Fifa, il est clairement prescrit, s’agissant du retrait de points à une équipe, qu’ » un club peut voir réduit le nombre des points obtenus dans le championnat en cours « . Et dans le cas actuel, nous étions en pleine Coupe d’Afrique des nations de football. Et s’il y avait à retirer des points à notre équipe nationale, cela aurait dû être dans le cas de la Can. Je ne vois pas comment on part de la Can pour retirer des points à une équipe dans une compétition qui n’a même pas encore débuté. C’est tout cela qu’il faut chercher à comprendre.
Et sur le plan de l’environnement de cette sanction…
Sur le plan de l’environnement de cette sanction et les paramètres qui sont tout autour de cette affaire, s’il est établi que les règlements n’ont pas été appliqués, je n’hésiterai pas à dire que le Cameroun est peut-être victime d’autres conflits d’intérêts. Mais pour l’heure, nous avons interjeté appel parce que nous avons trois jours pour manifester notre intention de faire appel. Nous attendons maintenant que la Fifa nous communique les motivations de sa commission de discipline. Dès que nous les aurons reçues, nous aurons six jours pour présenter notre dossier de défense.
A la lecture des Lois du jeu que vous connaissez très bien, vous vous attendiez à une telle sanction ?
Même si on ne l’avait pas fait pendant la Can, je m’attendais, personnellement, à des sanctions. Parce que les lois du jeu sont ce qu’elles sont. Mais elles ne demandent qu’à être appliquées. Si l’organisateur de la compétition a autorisé le Cameroun à jouer vêtu de ses maillots, je crois que c’est de là que tout est parti. Tout le comité exécutif de la Caf était en Tunisie. Que pensait ce comité à ce sujet ? Donc, comme je vous l’ai dit, je m’attendais certainement à une sanction. Mais là, elle est un peu lourde par rapport à l’infraction. Il faut reconnaître quelque part aussi qu’il y a un dysfonctionnement dans les rapports entre la fédération, l’équipementier, les sponsors et les autres.
Est-ce que le secrétaire général que vous êtes n’a pas vu les maillots avant l’entrée en compétition des Lions indomptables ?
Non. Ce n’est que sur place, en Tunisie, qu’on nous a montré ces maillots. Et quand on nous les présentés, j’ai quand même émis de réserves. Et l’équipementier a été formel en disant qu’il n’avait que ces maillots. C’était après la réunion technique de la rencontre face à l’Algérie, la première pour le Cameroun lors de cette Can. Et le représentant de Puma avait poursuivi qu’il serait difficile, pour lui, d’obtenir à ce moment-là, d’autres maillots. J’aurais appris que l’équipementier aurait présenté ces maillots à la Fifa et à la Caf qui n’auraient, selon ce dernier, formulé aucune réserve. C’est donc tout cela qui me fait dire qu’il y a dysfonctionnement entre tous ces organes.
En ce qui concerne le contrat liant la Fécafoot à Puma, est-ce que l’équipementier peut vous imposer des maillots ?
Je ne pense pas que l’équipementier doit nous imposer des maillots. L’équipementier a certainement ses raisons commerciales. Pour nous, il est question que les équipements soient conformes à la réglementation. Si chez tous les autres équipementiers, dans toutes les autres fédérations, il y a des équipements qui changent tout le temps, on essaie de faire chaque fois des nouveautés, la Fédération camerounaise de football fait de même.
Est-ce que la Fécafoot et le Minjes avaient donné leur accord pour le port des maillots querellés?
Aujourd’hui, la priorité est d’essayer de faire lever cette sanction. C’est un problème qui est très délicat et très sensible. Il faut éviter qu’on soit distrait à essayer d’établir les responsabilités. C’est un problème sensible, tous les Camerounais sont touchés par cette sanction de la Fifa qui, je le répète, n’est pas très juste. Lorsqu’une infraction est commise, il y a des sanctions qui sont prévues pour chacune d’entre elles. L’infraction, telle que nous avons été frappés, n’existe pas dans le Code disciplinaire de la Fifa. L’urgent pour nous aujourd’hui c’est de voir dans quelle mesure nous pouvons faire en sorte que la Fifa revienne sur sa décision, avant de voir plus tard qu’est ce qui s’est passé. Par la suite, il faudrait pouvoir tirer les leçons de ce problème. Parce qu’il y a un véritable problème au niveau de la gestion de l’équipe nationale. Et tout le monde le sait. Mais pour l’heure, si nous rentrons dans cette querelle, nous risquons d’oublier le plus important, à savoir : la révision de la sanction de la Fifa.
Du Minjes ou de la Fecafoot, de qui relève la gestion de l’équipe nationale de football ?
Mais la question que vous posez-là, vous connaissez vous même la réponse ! Chaque fois, on fait comme si c’était nouveau. L’équipe nationale est régie par le décret de 1972 qui organise l’équipe nationale et dans lequel il est formellement dit que toutes les équipes nationales appartiennent à l’Etat. A ce titre, le rôle de la fédération est limité dans les interventions qu’elle peut mener sur cette équipe nationale. Ce sont les réalités locales que nous vivons tous les jours sur le terrain. Mais nous, au niveau de la fédération, nous ne pouvons pas faire autrement. Nous n’avons pas la possibilité de rentrer dans une rébellion pour revendiquer nos droits juridiques.
Propos recueillis par Bertille M. Bikoun