En poste depuis quatre mois au Rwanda, le technicien parle de sa nouvelle expérience, des Lions et de la Fécafoot.
Que faites-vous au Rwanda en ce moment?
Initialement, j’ai été contacté comme consultant de l’Apr Fc (armée patriotique rwandaise football club) de Kigali, championne du Rwanda, mais les dirigeants du club ont préféré me confier la direction technique. Nous sommes en négociation pour un contrat d’entraîneur. J’espère tout simplement que ces négociations vont aboutir dès mon retour des congés. Car, les responsables du club veulent absolument me garder pour bâtir une équipe à la dimension africaine.
Votre intégration a-t-elle été aisée?
J’ai été précédé au Rwanda par une certaine réputation à travers mes états de service. Et ce n’est pas par hasard que le choix s’est porté sur moi, au détriment de bien d’autres experts africains.
Comment est organisé le championnat rwandais?
Il est très bien organisé, comme tous les championnats du monde assez sérieux. Il y a 14 clubs constitués en une seule poule. Le calendrier, qui intègre les compétitions africaines, est scrupuleusement respecté. Le championnat est rendu à l’avant dernière journée de la phase aller, avec les matches en retard concernant l’Apr Fc et Rayon Sport, qui étaient engagés en coupes africaines.
Avez-vous l’impression que le Rwanda met beaucoup de moyens pour placer son football sur la scène internationale?
Le gouvernement s’implique au niveau du sport en général, et en particulier au niveau du football, qui est le sport roi. Imaginez, le chef de l’Etat assiste souvent à des rencontres de championnat, tout comme aux rencontres des autres disciplines telles que le volley-ball. Leur équipe nationale prépare la Can 2008. Ils sont dans le même groupe éliminatoire que le Cameroun.
S’il fallait comparer le football rwandais à celui du Cameroun, que diriez-vous?
Ici au Cameroun, on pense qu’on est arrivé. On pense faire les choses comme les autres, alors que ce n’est pas ça dans la pratique. Or, au Rwanda, ils sont conscients que leur football est en pleine émergence. Ils ont envoyé des missions un peu partout en Afrique pour voir comment cela se passe. Leur fédération est bien organisée, avec un conseil d’administration et un bureau exécutif qui gère les affaires quotidiennes. Avant chaque match de première division, il y a une rencontre des juniors de chaque équipe. Cette formule n’a jamais existé pas chez nous. On pense déjà à la relève au Rwanda. Et la Fécafoot devrait se rapprocher de la Fédération rwandaise de football pour s’informer.
Les Lions Indomptables sont sans entraîneur principal. Vous, en tant qu’ancien collaborateur du ministre Mbarga Mboa à l’Olympic de Mvolyé, avez-vous songé à remplacer Artur Jorge?
(Rires)On n’en a pas parlé. Mais, je pense que l’équipe existe avec un encadrement technique. Même si c’est un entraîneur principal qui manque. S’il y avait une compétition aujourd’hui, je ne pense pas que les Lions n’auraient pas d’entraîneur. Jules Nyongha est là. Même si c’est en tant qu’intérimaire, il pourra s’occuper de la gestion de toutes les compétitions qui peuvent se dérouler, en attendant. Tout le regret que je peux avoir est que l’on ne songe pas le plus tôt possible à trouver un nouvel entraîneur. Les Lions Indomptables ne devraient plus souffrir autant d’une vacance à la tête de leur encadrement technique.
La Fécafoot est à nouveau la recherche d’un directeur général et déjà des candidats se signalent. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est tout simplement regrettable. Nous créons des problèmes et n’arrivons pas à trouver des solutions. A quoi cela a servi d’aller chercher un expatrié qui n’avait même pas le profil de l’emploi, alors que plusieurs Camerounais peuvent accomplir cette tâche à des coûts plus raisonnables? Cela est une insulte pour les Camerounais, comme je l’ai dit en son temps, en ce qui concerne les entraîneurs. Car, les locaux, mis dans de meilleures conditions de travail, produiraient de très bons résultats. Il est temps que la Fécafoot le comprenne: il faut intégrer les anciennes gloires comme le président de la Fifa (Fédération internationale de football association) le fait avec des gens tels Roger Milla, Joseph-Antoine Bell ou Abedi Pélé, qui travaillent dans des commissions spécialisées.
Quant aux candidats, ce n’est pas parce qu’on a joué au football qu’on a le profil de l’emploi. J’ai l’impression que les candidats que je connais sont des aventuriers. Il faut faire très attention. Quand on va dans cette direction, c’est le football qu’on veut perdre. Le football aux footballeurs, mais, il faut un minimum de discernement.
Recueillis par Justin Blaise Akono