Le milieu international camerounais Jean II Makoun a été le héros lyonnais du match contre le Real Madrid, avec à la clé un but fantastique qui pourrait valoir de l’or dans quinze jours. Il a accepté nous faire revivre sa performance lyonnaise et d’évoquer les résultats mitigés des Lions Indomptables en Angola.
Ce but magnifique marqué contre le Real Madrid, est-ce une nouvelle page de la saison de Makoun ?
Non, je ne le pense pas. C’est un moment positif de la saison. Mais il y en a eu et il y en aura d’autres. Une saison c’est une continuité avec des hauts et des bas.
Il y a si peu, vous étiez sifflé et chahuté à Gerland, cela vous a-t-il perturbé ?
(Ferme) Pas le moins du monde. Il en faut beaucoup plus pour me perturber. En tant que professionnel, je sais que je peux traverser des moments compliqués. Dans ce genre de situation, on fait le dos rond, on travaille et l’on revient plus fort.
Vous n’avez pas eu de geste revanchard après le but, comme ont tendance à la faire certains joueurs contestés…
(Il coupe) Je n’ai jamais eu une envie de vengeance. Je n’ai pas ce genre de haine. Il n’y a pas de raison de culpabiliser. Je n’ai pas été performant peut-être sur certains matches, mais il faut reconnaître que l’ensemble de l’équipe a souffert ces derniers temps. Cela, les vrais supporters le comprennent. Et puis, moi je veux que l’on me juge sur l’ensemble d’une saison.
Vous aviez l’occasion de plier le match en marquant un ou deux buts supplémentaires, Lyon ne va-t-il pas le regretter dans quinze jours?
On ne connaît pas le scénario du match retour, mais il est évident que nous regrettons les occasions manquées à Gerland. Nous en avons parlé entre nous après le match. Mais ce qui est fait est fait. Nous irons à Madrid avec l’envie de défendre notre acquis.
Si Lyon sort le Real Madrid de la Ligue des champions, il va être regardé d’une autre façon par les rescapés du prochain tour, des ténors pour la plupart ?
(Etonné) Mais nous sommes déjà regardés différemment ! Croyez-moi, les Européens nous respectent. Personne ne nous prend à la légère.
Peut-on affirmer que le match contre le Real Madrid est un match référence pour Lyon en Ligue des champions ?
(Hésitant). Cela a été un match plein, cohérent, solide. Mais nous en avons disputé quelques autres de ce calibre. Pour moi, notre succès à Liverpool a été un plus bel exploit. Après avoir été menés au score, nous sommes revenus et avons fini par l’emporter. Contre la Fiorentina, ce ne fut pas mal non plus.
Et en Ligue 1, quel match retenez-vous ?
Le match de folie contre Marseille (5-5) m’a marqué. Nous avons été ballottés, mais nous avions fini par revenir au courage et au mental. Je dirais la même chose du match contre Toulouse (2-1) à Gerland.
Parlons un peu des Lions Indomptables : on ne vous pas beaucoup entendu depuis la fin de la CAN Orange ?
D’abord si l’on ne m’a pas entendu, c’est que personne ne m’a sollicité. C’est vrai que je ne cours pas les micros. Je suis plutôt du genre discret. Mais rassurez-vous, je ne me cache pas. C’est vrai que nous n’avons pas réalisé une grande CAN, mais ce n’est pas faute d’avoir essayer. Nous avons joué par séquences et n’avons jamais été dans la continuité. Contre la Zambie et la Tunisie, nous sommes passés au courage. Pour le reste, nous avons perdu le fil et notre jeu s’est effrité. Et, je l’avoue, je n’ai pas une explication pertinente à vous donner.
Comment jugez-vous votre performance personnelle ?
J’ai essayé de faire mon taf, du mieux possible.
Parlons franchement, les Lions Indomptables avaient-ils les moyens de proposer autre chose ?
Evidemment ! Je ne doute pas un instant du potentiel du groupe. Nous avons des talents, de l’expérience et du mental. Je suis convaincu que nous ferons de belles choses en Coupe du monde.
Une équipe vous a-t-elle particulièrement impressionné en Angola ?
J’ai été séduit par le volume de jeu proposé par l’Algérie, notamment lors de sa victoire face à la Côte d’Ivoire. Je pense qu’elle va monter en puissance. J’ai également aimé la fluidité du jeu de la Zambie et apprécié le comportement de l’équipe du Malawi, pourtant éliminée au premier tour.
Le 3 mars vous jouez l’Italie en amical à Monaco. C’est un avant-goût de Mondial ?
Oui, on peut le dire. Nous aurons la chance d’affronter l’une des meilleures formations de la planète. Ce sont des matches agréables à jouer et une formidable occasion de nous étalonner.
Terminons sur une note d’optimisme. En mars 1990 à Alger, les Lions Indomptables avaient complètement raté leur CAN avant de disputer un quart de finale de Coupe du monde en juillet à Rome. Vous signez pour un scénario identique ?
(Eclat de rire). Et comment ! Je signe les yeux fermés pour que l’histoire se répète.
Propos recueillis par Fayçal Chehat