Le promoteur de Foot Solidaire fait le point du stage de détection et de sélection en prélude au tournoi de Montaigu en France.
Camfoot.com: Rendu au terme de la campagne de sélection des joueurs pour Foot Solidaire Afrique, peut-on faire le point en ce moment ?
Jean-Claude Mbvoumin: Cette opération, dois-je dire, est un succès. Je tiens à féliciter les encadreurs camerounais, qui ont vraiment démontré un professionnalisme au niveau du football jeunes. Tout le monde a été présent. Même les parents ont joué le jeu. Je suis vraiment très surpris de ce que j’ai vu pendant tout ce temps. Souvent on crie : il n’y a pas de football jeune au Cameroun. On se rend compte que, lorsque des gens veulent faire des choses sérieuses, ils y arrivent. Pour moi, le bilan est très positif tant sur le plan sportif, organisationnel, humain, la motivation des enfants. C’est un succès.
Que prévoit la suite de votre programme ?
C’est d’aller préparer le stage des gamins en France, du 17 au 28 mars, préparatoire au Tournoi de Montaigu. Dans l’immédiat, il va falloir publier la liste des 15 à 16 joueurs qui vont être retenus dans l’équipe. La tâche ne sera pas aisée, avec toute la qualité des joueurs qu’il y a. Ensuite et surtout, organiser les promoteurs des centres de formation et d’académies. On va essayer de se rencontrer pour discuter des problèmes du football jeune, parce que, ce que nous avons fait est un appel du pied. Les gens doivent comprendre qu’il ne s’agit plus de venir faire des coups et un an après il n’y a plus rien. Nous allons voir comment organiser les choses de façon permanente.
Tout va-t-il se passer sans pression pour arrêter la liste définitive ?
On n’a pas intérêt à ce qu’il y ait des tripatouillages. L’objectif de Foot Solidaire est de montrer que les centres de formation et académies de football au Cameroun ont un bon niveau. Dès lors que nous allons représenter le continent africain en Europe, si on est complaisant, on passe à côté de l’objectif. Nous voulons montrer au monde entier qu’il y a de la qualité en Afrique, pas seulement au Brésil. On se rend compte que les jeunes Brésiliens sont plus quottés que les Africains. Nous voulons montrer qu’on peut aussi avoir de la qualité en Afrique et montrer qu’on sait organiser les choses. Nous devons démontrer le savoir-faire africain.
Comment allez-vous procéder pour maîtriser l’effectif que vous allez amener pour que des joueurs ne se volatilisent pas à Montaigu ?
C’est la deuxième fois que nous allons à Montaigu. Cette question est prise très au sérieux par Foot Solidaire. C’est la pédagogie. Il faut expliquer aux parents, aux jeunes footballeurs que Montaigu n’est pas une fin en soi, qu’ils ont toute une longue carrière devant eux. L’exemple de l’année dernière avec les joueurs de Jeunesse sportive de Ngoulmekong prouve que les jeunes comprennent. Tous ceux-là étaient revenus et ont progressé. On les voit dans plusieurs catégories d’équipes nationales. C’est pour ça qu’il faut sélectionner de vrais footballeurs, parce que celui qui est conscient de sa carrière ne peut pas aller l’abimer en se sauvant. Il faut prendre de bons joueurs qui savent qu’ils ont de l’avenir et à partir de là on peut expliquer aux jeunes que lorsque la porte est ouverte, il ne sert à rien de sortir par la fenêtre. Nous allons prendre d’autres mesures que nous n’allons pas dévoiler ici. Mais, nous prenons vraiment le temps d’expliquer aux parents qu’il est important qu’ils respectent notre travail pour ne pas pénaliser d’autres jeunes Camerounais pour le futur. Qu’ils pensent à d’autres Camerounais qui pourront aussi bénéficier de cette voie, pour montrer leur talent afin d’aider leur pays et leurs familles.
Vous souhaitiez rencontrer les responsables du football camerounais dès votre arrivée. Comment se passe votre collaboration avec la fédération camerounaise de football ?
J’ai commencé à rencontrer quelques dirigeants de la Fécafoot et ça se passe plutôt bien. On discute. Et je vais également rencontrer les plus hautes autorités de ce pays dans les jours à venir. Pour le moment, ça se passe bien. Ils veulent aussi que nous leur montrons de quoi nous sommes capables. Ils veulent aussi certaines garanties. On a un beau projet, mais il faudrait que les instances publiques sachent ce qu’on veut faire, qu’on leur montre que notre projet est solide, que nous ne sommes pas là en aventuriers. Nous n’avons pas peur de la contradiction, que des gens nous opposent des objections. Nous allons continuer à expliquer notre projet. Et je pense que les gens n’ont pas une idée négative de ce que nous voulons faire. Sinon, nous n’aurions pas organisé toute cette campagne de sélection. C’est aussi une perche qu’on nous tend et je pense qu’avec la Fécafoot et le ministère des Sports, nous allons démontrer ce que nous sommes venus proposer ; on ne peut pas le faire tout seul et nous avons besoin de tout le monde.
Propos recueillis par A.T. à Yaoundé