Le président de l’association Foot Solidaire Afrique parle de la participation de son équipe au tournoi de Montaigu.
Qu’est-ce qui justifie votre présence au Cameroun en ce moment ?
Je suis venu présenter un projet du Mondial minime de Montaigu. L’idée, c’est de faire une sélection avec l’équipe Foot Solidaire Afrique, qui va participer qui va prendre part au prochain Mondial en France, du 26 mars au 1er avril prochain.
Comment en êtes-vous arrivé à obtenir la qualification de Foot solidaire pour cette compétition ?
Foot solidaire ne représente pas du tout le Cameroun. Si nous sommes là cette année, c’est parce qu’on veut donner un coup de pouce au football des jeunes au Cameroun. En réalité, Foot Solidaire Afrique est composé des joueurs du Maroc, du Mali, du Sénégal, du Nigeria et du Cameroun. Comme le football des jeunes bat un peu de l’aile, avec la participation à ce tournoi, ça peu donner un peu d’air pour redynamiser un peu ce football. J’en profite pour lancer un appel aux autorités sportives, à la Fédération, au ministère des Sports, pour que tous ensemble on puisse lancer ce mouvement. Et le Mondial de Montaigu est intéressant. En plus, je suis porteur d’une bonne nouvelle : à partir de 2014 le Cameroun va revenir à Montaigu. Vous savez que les organisateurs avaient suspendu le Cameroun pendant cinq ans. Mais, je suis allé plaider en leur disant que le football des jeunes ne marche pas et si on suspend le Cameroun, ça va être une double peine. J’ai donc reçu un courrier qui me rassure que dès 2014, le Cameroun y sera à nouveau.
Ne mettez-vous pas aussi votre image en jeu lorsqu’on sait qu’il y a désordre ? Avez-vous des garanties qu’en 2014 le Cameroun sera vraiment prêt ?
Nous ne sommes pas seulement venus avec de bonnes nouvelles. Nous avons aussi un projet qui concerne la relance du football des jeunes. Cette relance qui va permettre qu’en 2014 il y ait déjà une petite structuration sur les académies qui travaillent déjà avec Foot Solidaire. Le travail de la Fédération, qui a déjà beaucoup de choses à faire, sera ainsi facilité. Je ne lorgne pas la Fédération. Je suis ancien international, qui a joué au foot jeune au Cameroun. Je ne vais pas attendre qu’on me dise ce que je peux faire pour mon pays. Je suis venu avec cette idée. Ceux qui l’accepteront seront les bienvenus et si des gens n’acceptent pas, nous continuerons toujours à œuvrer pour les enfants. Mais, je pense qu’on a des gens assez intelligents dans ce pays. Je compte sur tout le monde, la Fédération, le ministère des Sports. Tous ceux qui sont concernés par la jeunesse pour qu’ils nous rejoignent dans ce petit mouvement pour la jeunesse.
Etes-vous satisfait de la première partie de la sélection qui a été faite par l’équipe des techniciens camerounais que vous avez mis en place ?
Je suis surpris de la qualité du football. Je savais que les Camerounais étaient talentueux. Même Didier Christophe, qui est un entraîneur très compétent en la matière en France, qui est l’une des personnes autorisées dans le football français en matière technique est déjà satisfait de ce qu’il voit à Yaoundé. Pourtant, nous ne sommes même pas encore allés à Douala. Nous y serons la semaine prochaine. Dans mes bagages, j’ai apporté un rapport que j’ai réalisé sur le football des jeunes au Cameroun. J’ai mené cette enquête pendant sept mois.
Qu’est-ce qui ne va pas ? Quel est le rôle du football des jeunes dans la société camerounaise ? Quel est le niveau éducatif et social ?
Comment le développer ? Comment éradiquer les maux qui affectent le football des jeunes. Ce rapport sera dévoilé au cours de la table ronde. Je pense qu’il y a des choses à faire, parce que, qu’on le veuille ou non, le Cameroun est un grand pays de football. On a Roger Milla et Samuel Eto’o, qui font que le monde entier nous envie. J’attends vivement d’être reçu à la Fédération, au ministère des Sports.
Quand vous faites venir des entraîneurs européens pour cette dernière phase, cela veut-il dire que vous ne faites pas confiance aux techniciens locaux ?
L’année dernière on a fait confiance à un entraîneur Camerounais. Cette année, nous avons fait appel à un entraîneur français. Foot Solidaire reste une association internationale. On pourra avoir un entraîneur turc l’année prochaine, sait-on jamais. Nous avons un partenariat avec Unecatef, parce qu’au départ ce partenariat concerne aussi la formation des formateurs. Pour nous, ce n’est pas seulement le Mondial de Montaigu qui va se jouer en France. Il y aura d’abord un stade de dix jours en France, avec des séances à la Française. Ils pourront rencontrer aussi d’autres jeunes, aller regarder le match France-Espagne, parce que nous avons été invités déjà. Montaigu est un passage, un objectif. Mais, ce n’est pas le seul.
Que sont devenus les joueurs de l’année dernière ?
Nous sommes satisfaits du bilan. Tous sont rentrés dans leurs pays et dans leurs familles. Aucun ne s’est retrouvé dans la nature. Des enfants comme Abogo sont sélectionnés chez les cadets et il y en a dans l’équipe A’. Ils ont pris de l’assurance. Certains seront peut-être à la prochaine équipe, parce qu’ils étaient très jeunes. J’ai fait appel à Unecatef pour nous aider.
Quel bilan faites-vous de votre combat de défense des droits du jeune footballeur africain ?
Ce n’est pas un combat facile. Ce n’est pas une association que j’ai créée pour gagner un concours de popularité. Ça n’a pas été facile avec certaines instances du football, certaines personnes. Aujourd’hui, on a une crédibilité de plus en plus grandissante. Je suis membre de l’observatoire des Nations Unies pour le sport. La question du jeune footballeur africain est de plus en plus d’actualité. Même certaines instances qui étaient réticentes au départ commencent à nous donner raison, qu’il faut protéger le jeune footballeur africain. Le jeune footballeur africain n’est plus considéré comme une marchandise, mais comme un être humain. Mais, le combat continue. Il faut savoir la raison qui pousse les enfants à partir. Il y a la différence de développement entre l’Europe et l’Afrique. Il y a aussi le manque d’information des familles par rapport aux faux agents. Si on avait de bons championnats de jeunes ici, ce serait mieux. Notre message n’est pas de dire que les enfants ne vont plus en Europe. Au contraire, nous disons qu’ils partent quand ils sont prêts.
Propos recueillis par Antoine Tella à Yaoundé