Depuis sa retraite de Châteauroux, François Omam Biyick, l’homme à la tête d’or nous ouvre son univers intime.
Les Camerounais n’ont pas eu de nouvelles de vous depuis fort longtemps. Alors qu’est devenu François Omam Biyick ?
Depuis 1999, j’ai arrêté ma carrière. Et aujourd’hui, je vis à Châteauroux, puisque c’est mon dernier club professionnel. J’ai trouvé la région agréable pour moi et ma famille et je m’y suis installé. Je passe en ce moment des diplômes d’entraîneur et je m’occupe en même temps des jeunes dans un club voisin de Châteauroux.
De joueur vous êtes devenu encadreur. Comment s’est opérée la transition ?
Tout naturellement. Après avoir arrêté le foot, j’ai passé deux ans sans rien faire. Sans regarder de matches de foot, même à la télévision, pour décompresser. Après je suis revenu naturellement au foot qui m’a donné beaucoup de choses. Et j’aimerais partager ce que j’ai acquis avec les jeunes. Pour le moment, tout se passe bien. Je fais mon bout de chemin et j’espère trouver ce dont j’ai besoin.
Et ce serait quoi ?
Mon ambition est de pouvoir intégrer un club professionnel en France, d’y faire mes preuves avant de rentrer au Cameroun.
On attendait beaucoup de François Omam Biyick et en 1999 vous avez tout arrêté. Ne pensez-vous pas avoir mis un terme trop tôt à votre carrière ?
J’étais saturé de voyages, j’étais saturé de football et j’étais surtout saturé de blessures. J’ai traîné une blessure au genou depuis 1993. Le corps a beaucoup supporté et il fallait que je le soulage un peu. Et j’ai décidé sur un coup de tête de tout arrêter malgré les conséquences qui pouvaient en découler. Mais c’était un choix. En douze ans comme professionnel et quinze ans en tant qu’international, j’ai assez donné et je voulais connaître autre chose.
Aujourd’hui quand vous repensez à votre parcours et notamment celui avec les Lions indomptables, quels souvenirs, quels enseignements en gardez-vous ?
Je n’ai que de bons souvenirs. C’est vrai qu’on a connu des hauts et des bas, mais ça fait partie du métier. Quand on a été fidèle à la sélection pendant quinze ans , gagné une coupe d’Afrique et joué trois coupes du monde, je pense que j’ai fait le plein. Je ne garde finalement que de bons souvenirs. Et d’ailleurs, c’est avec joie que je retrouve les joueurs avec lesquels j’ai cheminé.
Et maintenant, quel regard portez-vous sur la sélection nationale ?
J’ai plus l’œil d’un technicien maintenant. Je suis passé de l’autre côté. Je ne regarde plus uniquement la victoire, mais davantage les aspects qui peuvent amener l’équipe à progresser, même si je ne donne pas mon avis aux entraîneurs. Mais parfois, il m’arrive de parler avec certains joueurs.
Au-delà du football et de l’endroit où vous vous trouvez, quelle est votre vision du Cameroun ?
Je suis fier d’être Camerounais. Quand on voit ce qui se passe dans certains pays africains, je pense que nous sommes dans un pays où chacun sait se mettre à sa place. Quelle que soit la difficulté, chaque Camerounais travaille pour maintenir le bien être du pays. Et j’espère qu’il en sera toujours ainsi.
Quel effet cela vous fait-il de passer du statut de star adulée à celui de citoyen ordinaire ?
J’ai toujours été un citoyen ordinaire. C’est autrui qui m’a mis au devant de la scène. J’ai défendu mon pays comme un vaillant soldat. Aujourd’hui je me retrouve à la retraite fier de passer sans être aperçu. Cela était plus difficile avant. Aujourd’hui je mène une existence paisible avec ma petite famille.
François Omam Biyick dans son intimité. Qu’est-ce qu’il faut savoir ?
Que je me suis marié à la même femme depuis quinze ans. Qu’elle m’a fait trois jolis garçons, qui tapent aussi au ballon. Il y a un qui a 14 ans et joue en fédéral avec Châteauroux. Celui qui a 7 ans joue aussi. Le dernier a quatre ans. Je suis comblé. Je n’espérais pas mieux. Tout le monde se porte bien et tant mieux pour moi.
A propos, que représente la famille pour vous?
Je pense que sans la famille, je n’aurais pas eu la carrière que j’ai effectuée. Parce qu’il y a eu des moments où rien n’allait et le soutien des proches est important. Mon épouse a toujours été à mes côtés dans les moments difficiles. Aujourd’hui encore, elle est toujours à mes côtés. Elle est extraordinaire.
Sans faire insulte à votre valeur individuelle, votre image est pourtant liée à celle de votre frère Kana. Que devient-il ?
André vit à Paris où il mène une existence tranquille. J’espère que l’on parlera encore des frères Biyick, il y a mon neveu Jean Armel qui est footballeur aussi. J’espère qu’avec mes fils ils auront l’honneur de porter les couleurs du Cameroun etmaintenir le flambeau.
En dehors du football, quels sont vos autres centres d’intérêt ?
J’ai passé beaucoup de temps dans les hôtels en voyage. Actuellement, je ne pense qu’à mes enfants, à ma famille. Je passe beaucoup de temps avec eux, je les accompagne au foot, à l’école, au cinéma. Je pourrais dire que mon univers actuel c’est ma famille.
Et le meilleur souvenir de François Omam Biyick en tant que Lion Indomptable ?
Je pourrais le résumer en une chose : mes quinze ans de fidélité à l’équipe nationale. Au cours de cette période j’ai tout connu. Le quart de finale en coupe du monde 90 et ma première sélection en Zambie où nous avons pris une casquette, tout cela reste gravé dans mon esprit.
Simon Pierre ETOUNDI