« Les travaux pour la construction de ce centre à la sortie de Yaoundé en allant vers Douala se poursuivent. Actuellement, les murs des bâtiments administratifs et des dortoirs des joueurs sont déjà élevés. Les terrains sont en train d’être terrassés. Le centre comportera trois terrains de football, des bâtiments administratifs, dortoirs, cuisines… »
Quelles leçons tirez-vous de la première sortie des Lions Indomptables sous l’ère Artur Jorge ?
Il fallait un match pour jauger le niveau des Lions Indomptables. On l’a fait avec le Sénégal pour non seulement permettre au nouvel entraîneur de savoir dans quel environnement il va évoluer, mais aussi pour remettre en confiance les joueurs. La victoire face au Sénégal, bien qu’elle l’ait été sans manière, est bonne pour le moral. Si nous avions perdu, nous serions encore dans le doute. Le coach Artur Jorge a été très impressionné. Dès les entraînements, il a dit qu’il a trouvé une équipe très combative. On a vu chez les joueurs une combativité qu’on ne connaissait pas jusqu’aujourd’hui. Bon, c’est le début, attendons la suite. Les joueurs et l’entraîneur sont encouragés et ont envie de retrouver cet esprit de combativité et de patriotisme des Lions, en vue de bien aborder la deuxième phase des éliminatoires couplées Can/Mondial 2006, en remportant tous nos cinq matches, tout en espérant un faux-pas de la Côte d’Ivoire.
Où en êtes-vous avec les négociations en vue du retour au sein de la sélection de certains joueurs qui en avaient claqué la porte comme Etame, Kalla et Mbami ?
Pour le cas Mbami, il n’y a plus de problème. N’eût été sa blessure, il aurait pris part au match amical Cameroun≠Sénégal. Pour Etamè, j’étais le rencontrer en Angleterre. J’ai aussi vu son coach à Arsenal, il m’a promis qu’il reviendra. A Artur Jorge, Etame a fait la même promesse et nous l’attendons à bras ouverts. Kalla quant à lui m’a dit ainsi qu’à Artur Jorge qu’il va réfléchir et voir s’il reviendra. Nous l’attendons aussi. Je suis sûr que le retour de ces joueurs en sélection nationale rendra celle-ci davantage compacte.
La Fédération vient de décider du retour du championnat de D1 dans son ancienne formule qu’était la poule unique. N’est-ce pas un aveu de l’échec de la formule de deux poules pratiquée la saison dernière ?
Il faut d’abord faire la génèse de l’idée d’un championnat en deux poules. Nous avions fait un constat et étions convaincus qu’il fallait apporter un changement pour rendre le championnat de D1 plus compétitif. L’assemblée générale était d’accord et nous avions dit à l’époque que cette formule était expérimentale. A la fin de la saison, nous avons mis sur pied un comité d’évaluation de ce championnat nouvelle formule, présidé par le Dtn Robert Corfou et composé des représentants de clubs et du Minsep, des entrâineurs et des hommes de médias. Les conclusions de ce comité m’ont donc amené à opter pour le retour à l’ancienne formule du championnat en poule unique. Le bureau exécutif ne trouve aucun inconvénient, nous attendons maintenant l’avis de l’assemblée générale qui décidera du nombre de clubs qui seront relégués en D2 et du nombre de ceux qui vont accéder en D1, dans le but d’avoir un championnat de D1 très attractif. Donc c’est en bon démocrate que je suis, que j’ai accepté de prendre en compte la volonté de la majorité des acteurs qui souhaitent le retour à l’ancienne formule.
Quid de Renaissance de Ngoumou et Cintra de Yaoundé qui soutiennent qu’ils ne sont en D2 qu’à cause de la formule de championnat en deux poules expérimentée en 2004 ?
Avant de s’engager, même de s’affilier pour le championnat de D1 en 2004, ces deux équipes savaient dès le départ que la dernière – neuvième – équipe de chacune des deux poules allait se retrouver en D2. Les dirigeants de ces deux équipes ont librement adhéré à la formule. Nul ne les a contraints à le faire. Je crois qu’il faut que certains dirigeants de clubs fassent preuve de maturité.
On accuse la fédération d’avoir suspendu jusqu’à nouvel avis le gardien de buts Mathurin Kameni tout simplement pour lui régler un compte en faisant plaisir à Cotonsport dont il était sociétaire l’année dernière. Qu’en dites-vous ?
Les gens exagèrent quand ils parlent de règlement de comptes dans cette affaire. Le joueur Kameni a toujours voulu revenir dans Cotonsport. Mais, les dirigeants de ce club ne veulent plus de lui parce qu’ils estiment qu’il les a trahis. En fait, le problème est simple. Au moment où Cotonsport avait largement besoin des services de Kameni, celui-ci est parti sans crier gare. Cotonsport qui, pour la compétition africaine qu’il disputait avait le statut d’équipe nationale, a saisi la Fécafoot pour le cas d’indiscipline du joueur Kameni. A la Fécafoot, après étude de la plainte de Cotonsport, Kameni qui nous avait même appelé pour nous promettre qu’il serait à Accra au Ghana pour le match Hearts of Oak≠Cotonsport a été suspendu jusqu’à nouvel avis car, il ne s’y était pas rendu et Cotonsport avait perdu 0 but contre 3. La sanction de Kameni, prononcé par la Fécafoot sur plainte de Cotonsport, devra servir de leçon à ces joueurs qui signent des contrats et abandonnent leurs clubs en cours de saison ; avec souvent la complicité de certains dirigeants. Nous avons décidé à la fédération de mettre fin aux départs désordonnés des joueurs pour l’étranger.
De nombreux autres griefs sont formulés à l’encontre de la Fécafoot dont vous êtes le président : transferts frauduleux des joueurs pour l’étranger, opacité dans la gestion, manque de visibilité au niveau des retombées du sponsoring, football féminin et football des jeunes qui tardent à décoller… Qu’en dites-vous ?
En dehors du football des jeunes et du football féminin dont je peux reconnaître qu’ils ont encore quelques difficultés à prendre effectivement leur envol, les autres griefs que vous évoquez et que les gens font à notre encontre relèvent purement et simplement de l’imagination ou de l’exagération. Encore que, pour ce qui est du football des jeunes, des efforts sont faits à notre niveau mais, les responsables des centres de formation et autres équipes jeunes ne suivent pas ; ils n’ont qu’une chose en tête, placer les jeunes qu’ils forment à l’étranger, ce qui fait que tout programme élaboré pour le suivi des jeunes est voué à l’échec. Pour ce qui est du football féminin, nous multiplieront les compétitions et autres facteurs en vue d’un décollage effectif.
Maintenant, quand on parle d’opacité dans la gestion et de manque de visibilité au sujet de l’argent des sponsors, c’est archi-faux car, nous avons des finances saines, tous les chiffres sont là. Nos comptes font régulièrement objet de contrôle. Pour cela, le cabinet Price wather House Coopers de renommée internationale, réquisitionné à la demande de la Fifa est là. Les uns et les autres peuvent vérifier. Je pense que s’il y avait des malversations au niveau des finances de la Fécafoot, ce cabinet d’audit les aurait déjà décelés et fait état à une de nos assemblées générales. Par ailleurs, l’Etat même a souvent fait des contrôles à la Fécafoot et a constaté la bonne tenue de nos comptes. Donc, ce sont des accusations formulées par nos adversaires tout simplement pour nous salir et nous faire partir. C’est de bonne guerre !
La Fécafoot a, depuis un peu plus d’un an, annoncé en grandes pompes la construction d’un centre technique de haut niveau. Où en est-elle avec les travaux ?
Les travaux pour la construction de ce centre à la sortie de Yaoundé en allant vers Douala se poursuivent. Actuellement, les murs des bâtiments administratifs et des dortoirs des joueurs sont déjà élevés. Les terrains sont en train d’être terrassés. Le centre comportera trois terrains de football, des bâtiments administratifs, dortoirs, cuisines… Il coûtera pratiquement un milliard de francs cfa. Notre souci majeur après la finition sera de trouver des financements pour l’entretien de ce joyau. Pour la construction, la Fifa a déboursé quelque 200 millions de francs cfa et la Fécafoot le reste, près de 800 millions de francs. Nous avons déjà remis cet argent à la Fifa qui a octroyé le marché de construction à un entrepreneur, trouvé l’architecte et est en train de superviser les travaux.
Puisque vous parlez finances, les comptes de la Fécafoot ont-ils déjà été débloqués dans diverses banques ?
Oui ! Ils ont déjà été débloqués. Mais, dans le cadre de l’affaire de la billetterie de la Coupe du monde 1998 nous opposant à la société française Vip, et pour laquelle nos comptes avaient été bloqués, on a perdu énormément de l’argent. On a remboursé 500 millions de francs cfa, les frais de justice, les honoraires des avocats en Suisse et en France et au Cameroun nous ont coûté très cher, près de 200 millions de francs cfa. Les gens nous ont vraiment causé du tort. Certaines personnes qui prétendent aujourd’hui vouloir revenir aux affaires à la Fécafoot nous ont causé énormément des torts.
A la veille de l’assemblée générale extraordinaire élective de la Fécafoot annoncée pour mardi 15 février à Yaoundé, quels sont vos états de service à la tête de cette structure que vous avez la charge de gérer depuis 1998 ? Et, que promettez-vous si vous êtes réélu à votre poste de président pour les quatre prochaines années ?
A mon arrivée à la tête de la Fécafoot, j’avais présenté un certain nombre d’objectifs à atteindre : restauration de la crédibilité de la fédération, la mise en place d’une administration saine, modernisation de la gestion de la fédération avec un compte d’exploitation et présentation d’un bilan ; tout ceci contrôlé par un cabinet de renommée internationale – Price wather House Cppêrs – comme l’exige la Fifa. En plus de cela, il fallait aussi accroître les ressources de la fédération en cherchant des sponsors, améliorer les rapports avec la tutelle, faire rayonner les Lions sur le plan continental – deux Can remportés – et mondial. Voilà en gros ce qu’étaient mes objectifs et je crois les avoir atteint à au moins 90 %. Donc, pour ce qui nous concerne, notre bilan est positif. Pour les quatre prochaines années si je suis reconduit à la présidence de la Fécafoot, je vais œuvrer pour la poursuite des objectifs suscités, et mettre un point d’honneur sur le problème d’infrastructures, le football des jeunes, les statuts, les cahiers de charges pour clubs, dirigeants, joueurs, entraîneurs et autres parties prenantes. Tout ceci, pour amener les uns et les autres à savoir à quoi s’en tenir car, pour le moment je n’ai pas l’impression que chacun joue son rôle. La fédération sera très regardante sur ces divers sujets.
On parle de plus en plus de l’institution iminente du poste de directeur général à la Fécafoot ?
Effectivement, nous l’instituerons. C’est parmi les mesures préconisées par la tutelle. Nous avons accepté cela. Nous recruterons donc un directeur général salarié pour épargner aux dirigeants élus que nous sommes la gestion. Je pense que ce sera une bonne chose, beaucoup de fédérations fonctionnent comme cela. Le directeur général assurera l’administration quotidienne. Le poste de secrétaire général sera supprimé et remplacé par celui de directeur général.
Où en est-on avec les résolutions de la tripartite Fifa-Fécafoot-Minjes (Minsep) du 5 novembre 2004 à Zurich au sujet des textes de la Fécafoot ?
Il n’y a pas de problème. La Fifa nous a demandé d’attendre qu’elle nous envoie une clause concernant le Tribunal arbitral des sports (Tas). C’est une clause qu’elle enverra à toutes les fédérations pour que chacune d’elle l’intègre dans ses statuts. Pour nous, le travail est terminé et nous n’attendons que ça. Dès que ce sera fait, nous convoquerons une assemblée générale extraordinaire en vue de l’adoption des textes.
On parle de plus en plus d’un possible consensus entre Nguini Effa et vous pour la formation de la prochaine équipe dirigeante de la Fécafoot. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai pas connaissance de ce consensus. Toutefois, à sa demande, il est venu, on s’est rencontré à Paris, il m’a fait part de son souci, de ses inquiétudes sur l’avenir de notre football. Je partage d’ailleurs ses inquiétudes et, on devait se revoir car, séance tenante, je ne pouvais rien lui dire sur un certain nombre de choses qu’il m’avait proposées, sans consulter mon groupe. Je lui ai même demandé de venir expliquer ses idées et intentions devant certains de mes collaborateurs. J’attends toujours. Mais, ce n’était pas la première fois qu’on se rencontrait. Il m’avait déjà fait part d’un certain nombre de choses qu’il n’avait pas par la suite respecté. C’est donc pour cela que je voudrais que nos contacts se fassent désormais devant des témoins. Il faut le dire, Nguini Effa et moi partageons ensemble de nombreux points de vue et, au vu de nos entretiens, il y a une possibilité de collaboration entre nous. Mais, sachez que c’est une affaire de groupe, ce n’est pas à moi seul de décider. Nous l’attendons.
Vous êtes Dg de la Sodecoton, administrateur dans plusieurs sociétés au Cameroun et à l’étranger, personnalité politique ressource du Rdpc et président de la Fécafoot. Comment vous en sortez-vous ?
Je m’en sors très facilement. Car, je ne suis pas un exécutant. A ce niveau de responsabilité, ce n’est pas à moi de faire le travail quotidien. J’ai pour mission essentielle d’organiser, de recevoir l’information, déléguer et attendre que les personnes à qui j’ai délégué des fonctions me rendent compte. Puis, j’analyse, tranche, prend des décisions et veille à leur application. Il ne me revient pas de veiller sur les détails. J’ai des collaborateurs pour cela. A la Sodecoton, nous sommes quelque 2000 personnes ; il y a des directeurs, des hauts responsables… C’est idem à la Fécafoot et dans d’autres sociétés où je suis administrateur. Tout c’est de savoir comment organiser et avec autorité. Bref, la clé c’est l’organisation et, depuis bientôt 20 à 22 ans, j’essaye de bien organiser et cela me réussit avec bonheur.
Entretien mené par Honoré FOIMOUKOM