La défaite des lions indomptables devant les Pharaons d’Égypte n’a pas cessé de faire les vagues dans la capitale camerounaise. Le DTN, le français Robert Corfou dans un entretien vérité donne les raisons de l’échec. Pour lui, le coach allemand des lions en est le principal responsable.
Camfoot.com: Quelle lecture du jeu faites-vous du dernier match des lions contre l’Égypte?
Robert Corfou: Le choix de l’organisation du jeu pour un match capital par le coach est assez navrant. Je trouve que mettre trois joueurs au milieu de terrain avec ceux qui ne sont pas en place au niveau de leur position et totalement à l’abandon et aligner trois attaquants de pointe sans les joueurs de couloirs est surprenant. Les arrières latéraux n’ont pas beaucoup donné par rapport à leur qualité qu’on connaît. Pour ce qui est de notre ami Modeste Mbami, Schäfer doit se renseigner un tout petit peu de la manière dont il est utilisé au PSG, pareil pour Song Bahanack. C’est dommage que Schäfer ne travaille pas en collaboration avec la Direction Technique Nationale, d’autant plus que j’ai eu l’honneur d’entraîner cette équipe des lions indomptables où j’ai remis de l’ordre dans la maison. Je suis au Cameroun pour travailler et non pour rester à la fédération même si je me sens bien là-bas. Dans tout le monde entier, le DTN doit partager les joies et les problèmes de toutes les sélections nationales. J’ai obtenu tous mes diplômes d’entraîneur, je ne pense pas que c’est parce qu’on a été un grand joueur qu’on sera forcement un grand entraîneur. En football, tout change et l’on ne travaille plus seul ; on travaille en collaboration. Malheureusement Winfried Schäfer ne m’a rien apporté pour que je transmette aux entraîneurs de première division et même de deuxième division voir à l’ensemble du football camerounais.
« La vérité c’est qu’ils ne veulent pas me voir autour de l’équipe nationale parce que je suis trop honnête et propre. »
Camfoot.com: Pourquoi le DTN que vous êtes ne travaille pas en collégialité avec l’entraîneur national ?
Robert Corfou: Jamais il n’a eu l’idée de venir me voir et pourtant j’ai toujours demandé à le rencontrer. La vérité c’est qu’ils ne veulent pas me voir autour de l’équipe nationale parce que je suis trop honnête et propre. Ce que je veux, c’est la rigueur, la discipline et surtout mettre les joueurs devant leur responsabilité, pour qu’ils soient conscients qu’ils ne viennent pas en sélection en touriste, mais pour quelque chose de très important.
Camfoot.com: Parlant de discipline, on constate qu’elle a quelque peu foutu le camp dans cette équipe nationale ?
Robert Corfou: Oui parce qu’il y a beaucoup de monde qui tourne au tour. Quand on est entraîneur on fait son boulot et les dirigeants font le leur ; donc à chacun ses responsabilités. Je trouve qu’il y a beaucoup d’incompétence. C’est anormal que lors des matchs de l’équipe nationale, le ministre de la jeunesse et des sports ou la fédération laisse le DTN que je suis au pays. Les filles partent demain à la CAN en Afrique du Sud et dans la délégation il y a des gens qui n’ont rien à y faire mais je suis au pays. Pourtant je pouvais aller superviser nos adversaires comme je l’ai fait au Nigeria lors des 8ème jeux africains et les résultats étaient perceptibles
Camfoot.com: Selon vous, que faut-il faire pour remettre de l’ordre au sein des lions ?
Robert Corfou: Il faut un discours individuel entre l’entraîneur et chaque joueur et ensuite avoir un discours collectif avec tout le groupe, comme nous le faisions avec Manga Onguené, Thomas Nkono et Youdom. Chacun avait une responsabilité, les joueurs étaient constamment frappés d’amendes parce qu’ils venaient en retard, parce qu’ils portaient des casquettes, les téléphones portables étaient supprimés et ils savaient que c’est comme cela que ça se passe dans leur club et tout cela c’est facile de mettre en place.
Camfoot.com: Comment expliquer que les joueurs camerounais brillent dans leur club mais une fois en sélection ils sont totalement transparents, le cas de Modeste Mbami par exemple ?
Robert Corfou: Il faut déjà savoir à quel poste il joue en club, dans quel environnement. Il faut absolument discuter avec le joueur et rencontrer si possible son entraîneur au lieu de vilipender le joueur.
« Le Cameroun a encore toutes ses chances… Et pour cela, il faut resserrer les boulons en se retrouvant autour d’une table avec les responsables et voir si Schäfer doit rester ou pas… »
Camfoot.com: Pour vous qu’elles sont les chances du Cameroun dans ces éliminatoires couplée CAN / Coupe du monde 2006 ?
Robert Corfou: Le Cameroun a encore toutes ses chances, le premier c’est la Côte d’Ivoire. Maintenant il faut tout gagner même à Abidjan. Et pour cela, il faut resserrer les boulons en se retrouvant autour d’une table avec les responsables et voir si Schäfer doit rester ou pas. Sachant qu’il y a encore des gens capables de redresser la barre. Il faut que le président de la Fédération et le ministre des Sports prennent conscience qu’il y a des gens qui sont venus au pays pour travailler.
Camfoot.com: Schäfer continue de rester dans son Allemagne natale alors qu’on lui loue une résidence à 800 mille francs Cfa le mois au quartier Bastos.
Moi j’en rigole et puis ça m’énerve. Il est en train de se pavaner alors qu’entre deux regroupements de l’équipe nationale en Europe il serait utile à la DTN où il peut apporter ses idées, même si je reconnais qu’elles sont tordues.
Camfoot.com: Et si on vous proposait le poste de Schäfer ?
Robert Corfou: Je suis prêt remplacer Schäfer. Je suis à la disposition du pays. J’ai entraîné déjà cette équipe pendant près de trois mois, où nous avons croisé le Togo et la Zambie. Nous avons réussi à réorganiser l’équipe, maintenant si on nous demande de reprendre on aura le temps de travailler entre les matchs… Seulement, il faut que l’environnement change.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé, nsigue@camfoot.com