Patrick Mboma repond à coeur ouvert aux questions de nos confrères de Cameroon-Tribune. Il aborde des sujets tels que son arrivée en Lybie, l’intégration des jeunes en sélection, le cauchemar asiatique et les prochaines échéances des Lions.
Pourquoi es-tu allé en Libye ? Est-ce pour préparer une retraite dorée ?
Tout d’abord, merci de me consacrer une place dans votre journal. J’avais encore une année de contrat en Italie. Grâce à quelques contacts bien établis, j’avais également la possibilité d’évoluer dans les principaux championnats européens. Mais j’avoue que j’ai opéré avant tout un choix financier. Après les sacrifices consentis depuis le début de ma carrière, j’ai pensé qu’il était temps de consolider mon futur. Il est vrai que mon avenir est plus ou moins déjà assuré. Mais, on n’est jamais assez prudent.
Quelle est la durée de ton contrat en Libye ?
Mon contrat est de deux ans avec pour objectif de remporter la Ligue des Champions africaine. Si mon club Al Ittihad » ou « Elethad est toujours qualifié, je reste jusqu’en décembre 2003. En cas d’élimination, je peux quitter Tripoli en juin 2003. Une deuxième année en Italie est même incluse dans le contrat.
Comment as-tu été accueilli ? Décris -nous tes premiers jours dans ton club.
J’ai été bien accueilli par le public libyen, par la communauté camerounaise – eh oui!- et par mes coéquipiers. La presse s’est réjouie de ma venue en m’indiquant que les retombées médiatiques seraient énormes, même hors du pays. Dès mon arrivée, je me suis tout de suite mis au travail en cherchant à stimuler des coéquipiers qui, à certaines exceptions près, ne sont pas de grands bosseurs.
A quelle phase se situe actuellement le championnat libyen et quel rang occupe ton club au classement ?
Nous sommes rendus à la sixième journée. Mais mon équipe a disputé cinq journées seulement. Nous avons une rencontre en retard. Mon club est en tête avec 13 points et avec une petite longueur d’avance sur le second, Al Nasr, que nous affrontons pour le match en retard. Nous possédons actuellement la meilleure attaque. J’ai, pour ma part, disputé les trois dernier matchs en inscrivant deux buts. Ceci pour deux raisons. La première est que je modifie mon jeu de sorte à ne plus pouvoir me focaliser sur la cible. Je recule assez souvent au milieu du terrain. La deuxième raison réside sur l’égoïsme exacerbé de mes partenaires.
On a cru que tu allais raccrocher après la coupe du monde. Qu’en est- il exactement ?
Pourquoi avoir pensé à ma retraite ? Les Camerounais ont toujours voulu tout décider ou prédire. Je dois beaucoup au public de mon pays. Je ne quitterai pas l’équipe nationale de mon propre chef sans avoir au préalable informé l’opinion camerounaise. Je partirai des Lions si je ne me sens plus à la hauteur de la tâche et si je constitue un fardeau.
Pourquoi n’as-tu pas répondu présent au dernier regroupement des Lions ?
Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec le coach principal qui m’a fait savoir qu’il comptait toujours sur moi. Il avait dans un premier temps prévu un stage sans les « joueurs majeurs ». Il m’avait demandé à ce moment-là de lui communiquer les coordonnées de mon club. N’ayant pas souligné l’urgence, j’ai pris tout mon temps pour les lui faire parvenir. Depuis, grâce à l’appui d’un ami, Roger NONO qui réside au Cameroun, j’ai rectifié le tir. J’attends donc impatiemment le prochain regroupement.
Que penses -tu du retrait d’Etame Mayer et de Kalla Nkongo de l’équipe nationale ?
Je déplore le choix de mes amis. Cependant, même si je ne me suis pas entretenu avec eux, je respecte leur décision. Je les connais intelligents et assez matures. Je sais qu’ils ont réfléchi longtemps au préalable. Toutefois, même si je pense que l’équipe n’est la propriété de personne et que nul n’est indispensable, j’ai espoir qu’ils puissent revenir sur leur décision.
En tant que l’un des doyens de l’équipe nationale, peux-tu nous dire ce qui a détérioré l’esprit de cette sélection ?
Si un grain de sable est venu détériorer le groupe, je peux tout de suite vous affirmer que la faute ne revient pas aux joueurs. Je ne souhaite cependant pas entrer dans la polémique sachant que l’heure est à la reconstruction. Le retour au calme me semble de rigueur. Je reste optimiste quant à l’évolution et à l’avenir de notre football, tant que l’équipe sera bien encadrée .
Que penses-tu de l’intégration des nouveaux joueurs à l’instar de Itandji, Atouba etc …?
J’ai toujours été favorable à l’intégration de nouveaux talents. L’apport de sang frais ne peut être qu’une bonne émulation. Cela dit, Itandji n’est pas encore certain de son choix et Atouba est un joueur qui cherche la confirmation.
Après la Libye, que compte faire Patrick Mboma ?
Je viens à peine de poser mes valises. Je pense tout d’abord rendre des services à mon actuel employeur. Ensuite, nombreuses sont les destinations qui pourraient me convenir, comme un retour au Japon. Mais mon attention est focalisée sur la Coupe des Confédérations à cause de la revanche à prendre. Je suis aussi préoccupé par la CAN 2004 que le Cameroun cherchera à remporter une troisième fois consécutive afin d’inscrire son nom en lettres d’or dans les archives du football africain. Je rêve de cet exploit.
Je tiens enfin à signaler que le danger au Cameroun est de croire qu’une excellente équipe est infaillible et de ne pas pardonner les échecs du passé quand bien même ceux-ci auraient une justification extra sportive. En outre, il faut apprendre la patience. Seul le travail sur le long terme est payant. Je pense que reconduire Schaffer n’est pas une mauvaise chose en soi. Accordons seulement aux bâtisseurs que sont les coachs notre soutien inconditionnel.
Suzanne NGO NLEPNA