Parfait inconnu, il y a quelques mois, Jean II Makoun, 20 ans, est rentré par la grande porte dans l’histoire de la Ligue 1 française. Le jeune Lillois, bourreau du champion de France en titre, l’Olympique lyonnais , en match inaugural de la nouvelle saison, est le tout premier buteur de l’édition 2003-2004 de la Ligue 1. Rencontre avec un jeune Lion Indomptable qui monte, qui monte…
Afrik : Avant le but contre Lyon, en match d’ouverture de la saison 2003-2004, très peu d’amateurs de football tant camerounais qu’internationaux avaient entendu parler de vous. Qui est Jean Makoun ?
Jean II Makoun : Je suis né le 29 mai 1983 à Yaoundé au Cameroun. J’ai été repéré par des agents lors du championnat d’Afrique des nations des moins 17 ans en Guinée en 1999. Après plusieurs essais en France, j’ai été retenu par Lille Olympique Sporting Club (Losc) en 2000. J’ai passé une saison avec l’équipe réserve et l’année dernière, Claude Puel (entraîneur du Losc, ndlr) m’a intégré dans l’équipe première. J’ai joué une dizaine des matches et j’ai signé mon premier contrat professionnel à l’inter saison avec le club pour trois saisons. Si tout va bien, je suis Lillois jusqu’en 2006.
Afrik : Avant votre venue à Grimonprez Jooris, quel a été votre cursus sportif au Cameroun ?
Jean II Makoun : J’ai fait toutes mes gammes à Yaoundé, un centre de formation pour jeunes footballeurs, Jeunesse Stars. Modeste Mbami (Paris Saint Germain, ligue 1 France), Emile Mbamba (Vitess Arhnem, ligue 1 Pays-Bas), Achille Emana (Toulouse, ligue 1 France) pour ne citer que ceux là, ont été mes coéquipiers dans Jeunesse Stars. Par la suite, j’ai joué avec les cadets de Minuh de Yaoundé et en 1997, j’ai fait le grand saut en intégrant l’effectif de Cotonsport Fc de Garoua, qui venait de remporter le championnat d’élite.
Afrik : Comment s’est faite votre intégration au sein du Losc ?
Jean II Makoun : Je dois d’abord préciser que je ne connaissais pas du tout le Losc avant ma venue en France. C’est mon agent, qui m’a présenté aux dirigeants du club. Comme tout jeune qui arrive dans un nouveau club, j’ai dû faire des essais qui se sont avérés concluants. C’est comme cela que j’ai signé un premier contrat comme espoir.
Afrik : Malgré ce contrat, vous avez bien failli n’est plus revenir à Lille…
Jean II Makoun : C’est exact. Après la signature du contrat, je devais rentrer au Cameroun pour obtenir un visa long séjour pour la France. Mais curieusement à Yaoundé, les autorités consulaires françaises ont rejeté mon dossier. Contre mon gré, je suis resté un an à ne rien faire au Cameroun. Fort heureusement pour moi, les dirigeants lillois ne se sont pas découragés. Ils m’ont accordé toute leur confiance. Pendant que j’étais au Cameroun, ils n’ont pas cessé de m’appeler, de me donner des conseils. C’est grâce à eux que j’ai tenu le coup.
Afrik : L’arrivée de Claude Puel à la tête du staff technique du Losc a été une chance pour vous…
Jean II Makoun : Effectivement. C’est lui qui m’a permis de mettre le pied à l’étrier. A peine arrivé, il m’a emmèné en stage d’avant-saison. C’est à l’issue de ce dernier, qu’il a décidé de me garder dans le groupe.
Afrik : Quelle est votre position sur le terrain ?
Jean II Makoun : Je joue devant la défense. C’est une position à cheval entre le milieu du terrain et la défense (milieu de terrain défensif, ndlr).
Afrik : Vous devez être une exception sportive car ce sont plutôt de gros gabarits qui sont d’ordinaire à ce poste là…
Jean II Makoun : C’est vrai que je n’ai pas le physique de l’emploi (1m72 pour 65 kg, ndlr) mais j’ai les qualités essentielles pour jouer à ce poste là. Je suis vif, agressif, techniquement bon et j’ai une bonne détente.
Afrik : Vous ne jouiez pas au même poste quand vous étiez dans Cotonsport FC de Garoua ?
Jean II Makoun : Au Cameroun, je jouais arrière central. C’est en France que j’ai changé de poste. En fait, lors des matches avec le Losc, je quittais régulièrement mon poste d’arrière central pour jouer au milieu voire en attaque. L’entraîneur a donc décidé de me faire jouer au milieu du terrain.
Afrik : Vous avez tout juste 20 ans, donc encore beaucoup à apprendre encore. Dans quel domaine pensez-vous être le plus perfectible ?
Jean II Makoun : Je dois muscler mon jeu, travailler physiquement. Autrement, l’entraîneur ne cesse de me rappeler que je dois apprendre à gérer un match. Repartir mes efforts par rapport aux temps forts et aux temps faibles.
Afrik : Racontez nous un peu ce but que vous avez inscrit face à Lyon, lors du match inaugural de la saison 2003-2004…
Jean II Makoun : Face à Lyon, nous avons joué un coup de pied arrêté qui a été renvoyé par la défense, heureusement le ballon est revenu sur de mes coéquipiers (Benoît Cheyrou, ndlr), qui a tout de suite centrer au premier poteau. J’ai jailli devant Gregory Coupet et de l’extérieur du pied droit, j’ai dévié le ballon qui a terminé sa course au fond des filets.
Afrik : Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis ce but face à Lyon ?
Jean II Makoun : Le regard des autres. On me reconnaît dans la rue, les supporters et les coéquipiers ont plus de considération pour moi. Et personnellement, c’est but m’a revigoré. Il m’a donné beaucoup de force et d’espoir.
Afrik : Vous faites un début de saison canon. Vous avez marqué le premier but de la Ligue 1 française. Considérez-vous votre titularisation au sein de l’effectif du Losc comme acquise ?
Jean II Makoun : Non. J’essaie de faire simplement mon travail, de gagner en régularité. Titulaire ou pas, le plus important c’est l’équipe.
Afrik : Avez-vous été contacté par Winfried Schäffer, l’entraîneur des Lions Indomptables ?
Jean II Makoun : Pas pour le moment. Mais par contre, j’ai été contacté par le staff technique de l’équipe nationale espoirs.
Afrik : Est-ce que vous vous êtes donné un échéancier pour intégrer l’équipe nationale seniors ?
Jean II Makoun : Mon échéancier s’appelle travail. Le travail et encore le travail.
Baba Wamé