Merci d’avoir été aussi nombreux à soumettre vos questions pour l’avant centre des Lions Indomptables Patrick MBoma. L’équipe de Camfoot.com a interviewé un Patrick MBoma serein, en bonne forme morale bien que blessé, et qui a beaucoup de choses à dire…
Le dimanche 21 avril 2002
Camfoot : Les Camerounais et les Camfooteux veulent savoir comment va votre santé ?
P.Mboma : C’est arrivé il y a deux semaines à Arsenal. Je me suis bloqué la cheville pendant une semaine entière et comme je n’avais pas de douleur, j’ai joué et je me suis entraîné avec. Je me suis retrouvé à trop tirer sur le talon d’Achille qui s’est enflammé.
C. : Donc, cela n’a rien à voir avec ce que vous avez eu au Mali ?
P.M. : Non, non. Rien à voir.
C. : Et psychologiquement, comment vivez-vous cette année au cours de laquelle vous avez été blessé à plusieurs reprises ?
P.M.: Psychologiquement ça va, car en football on dit toujours que ce n’était pas le moment. Mais jusque là le moment n’est pas trop grave. J’espère seulement que je serai épargné pour le mois de juin. Je suis ennuyé car j’aimerais jouer et marquer des buts mais en dehors de cela, je me dis que le meilleur est à venir alors ce n’est pas trop inquiétant.
C. :Et que pensez-vous des deux résultats nuls que l’équipe nationale vient de faire ?
P.M. : Le premier est très probant mais le second l’est moins. Maintenant, on ne peut pas gagner tous les matchs, je crois simplement qu’en continuant à ne pas perdre, on engrange de la confiance et que l’important est de confirmer cette invincibilité qui ne peut que nous emmener loin.
C. : Les supporters se demandent pourquoi avez-vous toujours des débuts de match assez lents – contre le Sénégal, contre l’Argentine, vous avez mis près de vingt minutes à rentrer dans le match ?
P.M. ; Je ne saurai pas dire d’où ça vient mais je sais que cela n’est pas vraiment un problème de concentration parce que nous avons fait un grand pas en avant à ce niveau là. On sait s’amuser mais aussi se concentrer quand il le faut et ce n’est pas le problème majeur. Je pense que si nous n’avions pas fait un gros effort sur la concentration, on aurait pris au moins un but en Coupe d’Afrique.
C.: Par exemple, l’Irlande commence ses matchs à 100 à l’heure…
P.M.: C’est vrai… En Coupe du monde, c’est certain que l’on ne peut pas s’amuser à donner les vingt premières minutes à nos adversaires à chaque match !
C. : Ne pensez-vous pas que cela est aussi dû au fait que le Cameroun joue toujours avec le même système de jeu, et que nos adversaires nous ont étudiés ?
P.M.: Vous savez, le problème de notre système de jeu est de savoir s’il faut continuer à le perfectionner ou s’il faut le changer de sorte à ne pas être trop facilement lu par nos adversaires.
C. : Il faudrait peut-être envisager une alternative, comme un changement en cours de match par exemple ?
P.M : Oui c’est vrai mais je suis confiant car nous maîtrisons bien notre système, nous ne sommes pas parfaits mais c’est comme cela que nous avançons !
C.: Avant les grands matchs, avez-vous l’habitude de les jouer dans la tête ?
P.M.: Non, je dirais que l’on est plus facilement transcendé lorsqu’on défend les couleurs de son pays. Mon expérience montre que je suis beaucoup plus performant avec les Lions qu’en Club. J’essaie juste de faire le vide et d’aborder les grands rendez-vous comme si c’était des rendez-vous moyens parce que j’ai une certaine habitude et que je peux gérer ça avec plus de tranquillité.
C. : Ayant déjà évolué au Japon, que pouvez dire sur l’adaptation climatique des Lions, car il y fait très chaud paraît-il?
P.M. : Oui, très chaud et très humide. On peut donc s’attendre à des températures très élevées qui risquent de nous créer des problèmes. Mais le climat créera beaucoup plus de problèmes aux Allemands ou aux Irlandais qu’aux Camerounais. Donc dans notre cas, c’est un léger avantage.
C.: Changeons de sujet… Les internautes se demandent quels rapports est-ce que vous avez gardé avec le Cameroun d’où vous êtes parti très jeune ?
P.M.: J’ai la chance de pouvoir aller régulièrement au Cameroun, pendant mes grandes vacances; et ma carrière m’a donné la possibilité d’y aller plus souvent. La plupart de ma famille y est toujours, elle est basée sur Douala. J’ai mes frères et mes sœurs en France, mais le Cameroun reste mon choix numéro 1 quand j’ai quelques jours de vacances.
C.: Vous avez accepté de chanter dans les chœurs de Life for Love United, au coté de Youssou N’Dour et Pascal Obispo ainsi que de nombreux joueurs de football, quel message souhaitez-vous faire passer à la jeunesse africaine concernant le SIDA ?
P.M. : Mon message n’a rien de nouveau ni d’exceptionnel. Il y a là un véritable fléau qui nous empêche de vivre nos rapports humains de la manière la plus naturelle possible. Il faut redoubler de vigilance et se protéger et ne pas oublier que cela peut arriver à n’importe qui. Les jeunes ont tendance à penser que cela n’arrive qu’aux autres, et c’est là le problème.
C.: Pour revenir au Mondial, quel est votre pronostic mis à part ce que vous avez déjà dit qui est de faire mieux que les quarts ?
P.M. : Je dirais que l’équipe que l’on a est capable de battre n’importe qui, à n’importe quel moment. Cela nous permet donc d’espérer aller jusqu’au bout. Nous avons montré au niveau africain de quoi nous étions capables mais pour monter d’un palier, notre équipe devra jouer avec toutes les qualités, toute la confiance, la sérénité, et avec beaucoup de chance. Ce sont des facteurs difficiles à maîtriser avant de jouer et donc il est délicat d’affirmer que nous allons gagner la Coupe du Monde ou même de se poser en favoris. Je sais que l’on a un bon revenu de facteurs et que si l’on arrive à passer le premier tour haut la main, notre confiance va décupler et cela pourrait nous emmener à réaliser beaucoup d’exploits. Moi, je fais partie de ceux qui rêvent d’arriver jusqu’au 30 juin mais je ne me permettrais pas de m’avancer comme favori de cette compétition.
C. : Et ce, malgré le banc qui n’est pas souvent utilisé, parce que l’on ne sait pas de quoi ils sont capables ?
P.M. : C’est vrai, c’est vrai. Je sais qu’on a des gens de qualité sur le banc, même s’ils n’ont pas pu vraiment le démontrer jusque là.
Camfoot : Patrick, merci d’avoir pris le temps de répondre aux nombreuses questions des supporters des Lions. Nous espérons que vous serez fin prêt pour le grand rendez-vous !