Alioum Boukar, le gardien de but titulaire de l’équipe nationale de football du Cameroun, change de club. Il a quitté Samsunspor (Turquie) pour s’installer à Istanbulspor, l’un des clubs phares, avec Galatasaray, d’Istanbul, la principale ville turque. Rencontre avec le meilleur gardien de but du championnat turc.
Sociétaire de Samsunspor depuis cinq saisons, Alioum Boukar est l’un des rares joueurs camerounais, avec le Montpelliérain Bill Tchato, à n’avoir pas essuyé les critiques acerbes de la presse après le naufrage des Lions Indomptables à la Coupe du monde de football 2002. Cité parmi les cinq meilleurs gardiens du monde en juin dernier en Asie, il était sur les tablettes des grands clubs européens. Et c’est presque une surprise de le voir aujourd’hui sous les couleurs de la modeste formation d’Instanbulspor.
Afrik : On vous a annoncé partout à l’intersaison, sauf à Instanbulspor. Qu’est-ce qui a déterminé votre choix pour ce club ?
Alioum Boukar : Plusieurs raisons. La première est bien évidemment financière. C’est le seul club qui me proposait un salaire digne de ma stature. La seconde raison est familiale. A Istanbul, mes enfants peuvent aller à l’école française. Ce n’était pas évident ailleurs. Enfin, je retrouve dans ce club un compatriote (Saidou Alioum, ndlr), originaire de la même région que moi au Cameroun et avec qui je m’entends très bien.
Afrik : Comment se sont passées les transactions avec Instanbulspor ?
Alioum Boukar : Assez simplement. Le président du club m’a saisi avant la Coupe du monde en me disant qu’il comptait sur moi pour la nouvelle saison. Il m’a relancé plusieurs fois après. Il était difficile pour moi de refuser.
Afrik : Quels sont les autres clubs qui vous ont fait des propositions ?
Alioum Boukar : La liste est longue. Officiellement, il y en a trois qui m’ont fait des propositions. Coventry City (Angleterre), Espagnol de Barcelone (Espagne) et l’équipe du fils du colonel Kadhafi, Ittihad de Tripoli (Libye).
Afrik : On dit pourtant que le dirigeant du club libyen offre de confortable salaires à ses recrues…
Alioum Boukar : C’est vrai. Basile Boli, qui démarche pour ce club, m’a parlé d’un salaire annuel d’un million de dollars. Au-delà de l’aspect financier, il y a le défi sportif. D’après mes informations, le championnat libyen n’est pas d’un bon niveau et pour moi, accepter jouer pour ce club, c’était renoncer au challenge sportif.
Afrik : Justement à propos de challenge sportif, comment voyez-vous votre avenir avec les Lions Indomptables ?
Alioum Boukar : Sereinement. J’ai 30 ans. C’est le bel âge pour un gardien de but. Je suis en tout cas prêt à garder les buts camerounais pour longtemps. Mon souhait serait de participer à la Coupe du monde 2006 en Allemagne avec les Lions Indomptables.
Afrik : On dit pourtant que depuis votre retour de la coupe du monde, vous refusez de participer aux stages organisés par Winfried Shaëffer, le sélectionneur national.
Alioum Boukar : C’est totalement faux. Je n’ai reçu aucun fax de la part de la direction administrative de l’équipe nationale me demandant de participer à un stage. Vous savez, je suis un joueur professionnel : il me faut un document officiel m’invitant à rejoindre les Lions. Sinon, comment expliquerais-je mon absence à mes employeurs turcs ?
Afrik : Un mot sur la Coupe du monde 2002. Comment expliquez-vous l’élimination des Lions au premier tour?
Alioum Boukar : Nous avons été confrontés à des problèmes d’organisation et de préparation. Tout est parti de notre séjour à Paris avant notre arrivée en Asie. Les joueurs ont fait une grève de trois jours pour réclamer leurs primes. Pendant ces trois jours, c’était un véritable laisser-aller. Les joueurs sortaient quand ils voulaient. Il n’y avait pas de contrôle. Sur place, en Asie, les voyages entre les villes étaient éreintants. Tout ça a déstabilisé le groupe.