C’est en 1997 qu’Idriss Carlos Kameni entre au centre de formation de la Kadji sport academy à Douala. L’année d’après, il se retrouve au centre de formation du Havre (France) avant de gravir une marche et de se retrouver en équipe senior où il évolue jusqu’en 2004. Depuis deux ans, l’international Camerounais évolue à l’Espanyol de Barcelone où il est l’une des chevilles ouvrières de son club.
De retour au Cameroun depuis le 4 juin où il est en vacance, Idriss Carlos Kameni profite pour livrer des amicaux avec ses amis et rendre visite à sa famille. Le 10 juin dernier, il a fait un don des équipements sportifs à un centre de formation de football à Douala. Le gardien des Lions indomptables revient sur la saison écoulée avec son club, l’Espanyol de Barcelone, fait des révélations (extrait : « Je suis courtisé par plusieurs clubs anglais et espagnols ») et aborde d’autres sujets d’actualité.
Camfoot.com : Etes-vous satisfait de votre saison ?
Idriss Carlos Kameni : Bien sûr ! Nous sommes restés en première division, nous gagnons la Coupe du Roi d’Espagne avec en prime une qualification pour la Coupe de l’Uefa. Je ne peux qu’être content de ce palmarès.
Camfoot.com : Nous sommes à l’inter-saison, peut-on savoir si Carlos fera-t-il Kameni : Tout est envisageable. Je vous ai dit que je me sens bien à l’Espanyol. Je bosse dans très bonnes conditions, j’ai les possibilités d’être gardien n°1, car l’important c’est de jouer. Le club est satisfait de mes résultats et je suis aimé.
Camfoot.com : Avant la Coupe d’Afrique des nations en janvier-février 2006 en Égypte, vous étiez titulaire dans votre club. A la fin de la Can, vous êtes relégué au banc de touche. Y avait-il un problème entre vous et le coach ?
Idriss Carlos Kameni : C’est souvent des détails qu’on peut négliger. Je ne peux pas dire que mon départ pour la Can y est pour quelque chose puisque les résultats du club n’étaient pas du tout positifs. A un moment donné, le coach a clairement dit qu’un joueur en fin de contrat qui ne veut pas proroger son contrat sera relégué au banc de touche. C’est une mode de pression qui existe partout. Quand j’étais titulaire, je ne suis jamais allé le voir pour lui demander pourquoi je suis titulaire et maintenant que je suis au banc, je ne vais pas non plus lui demander pourquoi je ne suis pas titularisé. Tout ce que je fais, c’est de bosser pour mériter sa confiance. Je n’ai pas de problème d’homme avec mon coach.
Camfoot.com : Certaines sources disent qu’après votre retour de la Can, vous avez été relégué au banc de touche pour un problème d’indiscipline…
Idriss Carlos Kameni : Je crois que c’est un problème d’information. En ce qui me concerne, je n’ai jamais été indiscipliné. Si toute la saison dernière, j’étais sage et brillant, pourquoi c’est cette année que je vais faire quelque chose qui ne me ressemble pas ? Ça n’a jamais été un problème d’indiscipline, c’est un problème de choix de l’entraîneur et que j’ai toujours respecté.
Camfoot.com : Dans ce cas, comment comprendre que le coach vous titularise lors de la finale de la Coupe du Roi d’Espagne et après, il vous remet au banc de touche ?
Idriss Carlos Kameni : (Rires). Ça prouve que je n’ai jamais eu de problème avec le coach. Il a trouvé qu’il y a quelqu’un d’autre qui pouvait assurer en championnat. A un moment donné, il a eu besoin de moi en Coupe du Roi et il m’a titularisé.
Camfoot.com : Ici au Cameroun, l’interprétation que l’opinion nationale a fait de ce feuilleton, ce que le coach reconnaissait que vous êtes excellent, mais pour diverses raisons, il vous laisse au banc, mais comme il avait besoin de la Coupe du Roi, il vous titularise…
Idriss Carlos Kameni : (Rires). Cela veut dire que vous comprenez beaucoup de choses. Mais à la fin, pourquoi me titillez-vous alors que vous connaissez déjà la vérité ?
Camfoot.com : L’Espanyol est un club qui vous a fait confiance il y a deux ans alors que vous avez connu quatre années très difficiles en France où on ne vous a jamais donné une chance de vous exprimer…
Idriss Carlos Kameni : Je ne cesserais jamais de remercier l’Espanyol pour la confiance qu’ils m’ont fait. Ma gratitude va particulièrement à Thomas Nkono, l’encadreur des gardiens de buts, qui a pesé de tout son poids dans la balance. J’étais le troisième choix après Rame et Leitizi et il a fallu que Nkono mette sa tête à couper pour que je signe à l’Espanyol. Le défi était clair : si je ratais ma saison, Tommy [Nkono] perdrait son boulot. C’est dans ce contexte électrique que j’ai une excellente saison dès la première année. Et cela grandit davantage Tommy qui a donné beaucoup de titres à l’Espanyol.
Camfoot.com : Vous reconnaissez que Thomas Nkono vous a beaucoup aidé pour votre intégration et votre réussite à l’Espanyol. Si vous partez la saison prochaine dans un autre club, ce ne sera pas une trahison pour votre parrain ?
Idriss Carlos Kameni : Ce ne sera pas une trahison ! Il n’y a pas de trahison dans le foot. Quand un enfant va à l’école, c’est pour aller en classe supérieure et avoir des diplômes. Nkono ne voudrait pas que je reste toujours dans la même classe. Son rêve, ce que j’évolue pour devenir le meilleur gardien du monde un jour dans le plus grand club du monde…
Camfoot.com : Pour vous, quel est le plus grand club du monde ?
Idriss Carlos Kameni : Ils sont nombreux. On a le Barça, Juventus, Arsenal, Chelsea, etc. Aujourd’hui, ça se joue sur un détail.
Camfoot.com : Tout petit, vous rêvez jouer dans quel club ?
Idriss Carlos Kameni : Evidement on ne rêvait que de jouer dans les championnats français notamment à Marseille et Paris où jouait Bernard Lama que j’ai beaucoup admiré. Ceci tout simplement parce qu’au Cameroun, on ne nous montrait que le championnat français. On grandit avec ce qu’on nous a donné.
Camfoot.com : Parlons maintenant des Lions indomptables. En Espagne, vous vous retrouvez souvent le week-end entre Lions pour décompresser ?
Idriss Carlos Kameni : C’est très difficile de se retrouver parce que les horaires ne coïncident pas. Je prends l’exemple de Samuel Eto’o avec qui je suis dans la même ville. Quand Sammy est aux entraînements, je suis à la maison et vice-versa. Quand il joue à Barcelone, mon club joue à l’extérieur. Donc, les programmes sont très serrés et très compliqués. C’est pareil pour les autres Lions que sont Achille Webo, Ngom Kome, etc.
Camfoot.com : Lors du match amical contre la Hollande le 27 mai dernier, vous êtes titularisé. Satisfait ?
Idriss Carlos Kameni : C’est une satisfaction. A titre personnel, ça fait un bon bout de temps que je n’ai pas joué avec la sélection nationale. Je suis un gardien et lorsqu’on me classe sur le terrain, je fais mon job. Collectivement, je suis aussi satisfait malgré le but que nous prenons car au fond, on a une bonne équipe.
Camfoot.com : En ce moment, la coupe du monde se déroule en Allemagne. Qu’est cela vous fait de regarder les matches à la télé alors que vous auriez pu vous retrouver sur le terrain ?
Idriss Carlos Kameni : C’est un sentiment d’amertume et de regret, logiquement. On a du potentiel, malheureusement, on ne se qualifie pas pour le mondial. Aujourd’hui, le foot se joue sur les détails et on ne va pas passer toute la vie à se morfondre pour cela. On va plus plutôt faire une introspection et voir ce qui n’a pas marché.
Camfoot.com : Quelles sont les chances des pays africains qui sont en Coupe du monde ?
Idriss Carlos Kameni : C’est vrai que les nations africaines commencent difficilement la compétition. Mais il faut reconnaître que les pays qui sont au mondial ont mérité, car ils ont travaillé durement. Ce n’est pas en gagnant un ticket de loterie qu’ils se sont retrouvés en Allemagne. Ça veut dire qu’ils ont les mêmes chances que toutes les autres nations.
Camfoot.com : Vous êtes au Cameroun depuis le 4 juin, comment comptez-vous ménager vos vacances ?
Idriss Carlos Kameni : J’ai un mois de vacance. Et comme nous avons fait une longue saison, je vais prendre le temps de me reposer et voir les tournois inter quartiers avec des amis. Je vais profiter pour rendre visite à la famille et me distraire. Mais je vais me maintenir en forme en travaillant. Je suis pour le moment à Douala, je vais continuer à Dschang, Yaoundé, Kribi, etc.
Camfoot.com : On imagine que c’est l’occasion de manger et de faire les choses qui manquent en Europe…
Idriss Carlos Kameni : C’est vrai, mais il ne faut pas tomber dans les folies qui vont vous coûter cher après. Côté gastronomie, j’aime bien les mets de chez nous, je n’ai pas de préférences particulières. Quand je suis au pays, je profite pour jouer au jeu de dame, au ludo, etc. j’aime m’amuser avec les amis et voire les gens s’éclater. Là, j’ai commencé avec un match amical, mes amis et moi contre la Kadji sport academy, le centre qui m’a formé.
Propos recueillis par Eric Roland KONGOU, à Douala
Palmarès
– 98 : champion de France des -15 ans
– 99 : médaillé de bronze à la Coupe d’Afrique Junior au Ghana.
– 99 : participation à la Coupe du monde Junior au Nigeria
– 2000 : médaillé d’or aux Jeux Olympiques à Sidney.
– 2002 : vainqueur coupe d’Afrique des nations au Mali
– 2003 : meilleur gardien au tournoi international de Tunis
– 2003 : finaliste coupe de confédération en France
– 2003 : meilleur gardien africain au Mtn Caf awards
– 2006 : vainqueur de la Coupe du Roi