Entraîneur de football et consultant en la matière, il donne son appréciation sur l’équipe du Cameroun qui affronte la Lybie ce dimanche à Yaoundé. En même temps, il explique les clés du jeu pour arriver à une victoire en faveur des Lions Indomptables.
Quelle appréciation faites-vous des 25 joueurs qui ont été convoqués par Volker Finke en vue du match de dimanche prochain contre la Lybie à Yaoundé ?
C’est un groupe assez équilibré par poste. Vous remarquerez que la majorité des postes sont doublés. Au niveau des gardiens où il y en a trois. Au numéro 6, ils se retrouvent à trois. Cela veut dire qu’il faut encourager l’émulation. Vous avez vu, l’entraîneur a battu le rappel des troupes et il a renforcé l’attaque, étant conscient que les Lions n’ont pas marqué de but sur les trois derniers matchs. Globalement, il a fait ses choix et nous attendons le match de dimanche pour pouvoir lier ses choix au résultat et dégager les leçons qui s’imposent après ce premier tour.
D’aucuns ont estimé que l’entraîneur a ressuscité des vieux joueurs. Qu’en dites-vous ?
Le transfert de génération n’est pas souvent facile à opérer et surtout, les ruptures totales ne sont pas conseillées dans toutes les organisations sportives. Il faut toujours des anciens qui peuvent passer le témoin aux jeunes et qui peuvent vraiment leur donner des conseils. Je pense que, qu’on appelle Webo, Kameni est une bonne chose. En dehors du rôle qu’ils peuvent jouer sur le terrain, ils ont également une autre mission dans les vestiaires que l’entraîneur connaît. L’entraîneur connaît leur état d’esprit et peut les avoir convoqués par rapport à cela, par rapport à leur capacité à mobiliser, à mobiliser, à semer la joie dans le vestiaire. Je ne partage pas l’opinion qui veut qu’on accable ces joueurs-là. Roger Milla nous l’a prouvé. On peut jouer et donner un rendement à plus de 40 ans. Dino Zoff, le gardien italien, nous l’a aussi prouvé. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va réinventer l’eau chaude par rapport aux convocations des joueurs. Lancez un coup d’œil dans d’autres sélections africaines. Vous avez Michael Essien qui revient dans la sélection du Ghana. En Zambie aussi Vous avez Edzouma Kolo. Ce sont tous des vieux de la vieille. Hervé Reynard a tenu, même s’il sera absent, à ce qu’il soit toujours dans l’entourage de l’équipe, pour pouvoir galvaniser ses coéquipiers. Je crois qu’il faut respecter les choix de l’entraîneur et l’attendre sur le terrain des résultats.
Quelles sont les chances du Cameroun pour ce match de dimanche contre la Lybie ?
Le Cameroun évolue déjà à domicile ; ce qui est un avantage très sérieux. Il y a également le fait que tous les joueurs, en dehors d’un cas signalé comme Moukandjo, sont en bonne santé. La pelouse est en bon état, si l’on s’en tient aux propos du directeur des stades. Et ce qui est sûr, il y aura un public solidaire derrière sa sélection nationale. On fait également confiance aux arbitres ivoiriens qui vont diriger ce match. Je crois que ce sont des éléments qui vont constituer des atouts pour les Lions. Maintenant, au niveau de la valeur intrinsèque, on a des joueurs de rang international, qui évoluent dans de grands clubs. Ce qui est contraire à la Lybie, même si elle a une bonne base collective, parce qu’ils sont ensemble depuis près de trois ans déjà. La loi du domicile aidant, les Lions vont s’imposer pour laver l’affront de la défaite du match aller et accéder au tour des barrages la tête haute.
Qu’est-ce que, selon vous, les Lions doivent éviter de faire dans ce match ?
Ce que les Lions ne doivent pas faire, c’est d’attendre les Libyens, puisqu’ils savent que l’adversaire a l’obligation des trois points et qu’ils vont directement se jeter dans la bataille, ils ne doivent pas les attendre pour espérer jouer sur les contre. Les Lions doivent faire un contre-pressing, prendre les Libyens exactement au pressing qu’ils vont exercer. Essayer d’être dominateurs dans les duels et garder le ballon le maximum de temps possible, pour jouer un jeu posé, en attaque placée, parce qu’il n’y a pas trop de pression. Ce qui est sûr, les Libyens vont se découvrir. Si les Lions attendent les Libyens, ils vont se faire piéger. On sait que ces maghrébins savent souvent utiliser des subterfuges pour obtenir la victoire lorsque l’adversaire joue assis sans les inquiéter suffisamment. Ils constituent une base haute où les défenseurs centraux commencent à jouer à partir de la médiane pour vous absorber et trouver la faille pour marquer leur but et atteindre leur objectif.
Comment les Lions doivent alors aborder ce match ?
Ils doivent être sereins, calmes et jouer de manière posée, faire parler le talent, se faire plaisir dans les transmissions de balle, faire plaisir au public afin qu’il soit davantage derrière cette équipe nationale, essayer de marquer les premiers pour décrisper davantage l’atmosphère, pour rendre le public de plus en plus joyeux pour se réconcilier définitivement avec lui. Comme vous le savez, le match aller du dernier tour des barrages va se jouer à Yaoundé et il ne faut pas donner une mauvaise impression au public en n’offrant pas un jeu alléchant, conquérant, en ne mettant pas en place un projet de jeu novateur qui démontre que la sérénité est définitivement revenue dans la tanière des Lions Indomptables.
En supposant que vous connaissez un peu l’équipe de la Lybie, comment la trouvez-vous ?
C’est une jeune équipe avec des joueurs d’expérience ont joué les éliminatoires de la Can 2012 et qui ont participé à cette compétition dont, la majorité constitue le groupe. Cette équipe a un sélectionneur libyen, qui avait été l’adjoint du Brésilien Marcos Paqueti. La défense est pratiquement la même, avec un gardien d’expérience, Samir Abder, qui est le doyen de l’équipe. La ligne défensive n’a véritablement pas changé. Dans leur axe central on a Ali Falama Chibany. Il y a beaucoup de jeunes, Ahmed Oumar, Ahmed Marouane, Jamed Mahamat, Hamed Zouvet, l’un des buteurs du match aller. C’est une équipe qui a une très bonne base collective dont les joueurs proviennent d’Ahl Ali et Ahl Hitihad de Tripoli. Ce sont des joueurs qui viennent jouer sans complexe, parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas attendus. Ils vont jouer étant totalement décontractés et ce genre d’équipe fait souvent très mal, parce qu’elle est libérée et peut faire parler la jeunesse et le talent.
Quand on regarde les attaquants camerounais et en tenant compte que Volker Finke peut en aligner trois, quelle serait, selon vous, la meilleure formule ?
Il y a un fait constant. Les Lions ont joué trois matchs sans marquer le moindre but. Si Choupo-Moting, Achille Webo et Samuel Eto’o sont en forme, je crois que c’est la meilleure triplette d’attaque pour le moment, sachant que les jeunes comme Jacques Zoua, Jean-Marie Dongou et autres peuvent entrer à tout moment pour terminer le travail que les aînés auront commencé. Au milieu de terrain je vois une autre triplette assez expérimentée dans le cas où ils sont en forme. Il y a Jean II Makoun qui sait très bien adresser les dernières passes, Alexandre Song et Joël Matip, avec une forme éblouissante. Je crois que c’est une bonne triplette, qui peut constituer une bonne sécurité sur le plan défensif et qui peut également exploser en offensive pour se projeter vers l’avant. Je vois une ligne défensive traditionnelle, Assou Ekotto, Jean Armel Kana Biyik, Nicolas Nkoulou et Benoît Angbwa. Puis Charles Itanje dans les buts. Voilà une esquisse, qui n’est pas forcément celle qui va évoluer, mais qui ne sera pas non plus éloigné du Onze entrant du Cameroun face à la Lybie dimanche.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé