Champion du Monde en titre, meilleur gardien du monde pour de nombreux observateurs, Gianluigi Buffon a participé à remettre la Juventus au sommet du foot Italien en qualifiant la vieille Dame pour la Ligue des Champions un an après le purgatoire de la série B. Pour Camfoot.com, il fait une analyse sans concession du football actuel et revient sur ses souvenirs de fan des Lions Indomptables et plus particulièrement d’un de ses célèbres gardiens Thomas Nkono.
Quel message avez-vous voulu transmettre en prénommant votre fils Thomas ?
Thomas est le nom de baptême d’une de mes idoles de football. C’est également un prénom que ma compagne affectionne particulièrement et qui moi ne me laisse pas indifférent. C’est donc la conjugaison de tous ces facteurs qui m’a orienté dans le choix du prénom de mon fils.
Le sélectionneur national Donadoni, a déclaré à la naissance du petit Buffon: «nous aurons un portier pour les années à venir » pensez-vous que le sort du petit Thomas Louis Buffon soit déjà tracé?
Mon épouse Alena et moi, nous sommes convaincus que Thomas devrait choisir librement ce qu’il envisage faire dans la vie. Nous l’accompagnerons et lui donneront des conseils si cela s’avère nécessaire. Nous voudrions être des parents certes présents dans la vie de notre fils, mais en aucun cas envahissants. Nous serons heureux d’être ses parents indépendamment de ce qu’il voudra faire de sa vie.
Revenons au football. Thomas N’kono est il le meilleur portier africain de tous les temps ?
Il est certainement un des grands portiers africains.
Vous êtes très admiré au Cameroun, avec la naissance de Louis Thomas Buffon, les camerounais ont le sentiment que maintenant le lien est de plus en plus fort. . Vous devenez un d’entre eux …
Je suis très heureux d’être admiré par les fans du Cameroun. C’est merveilleux de voir que, comme N’Kono est mon idole, moi en retour je jouis d’une très grande popularité dans son pays natal
Les lions indomptables ont été finalistes à la dernière coupe d’Afrique des nations. Quelles similitudes faites vous entre l’équipe de ces dernières années et celle de 90 ?
Au cours de Italia’90, les lions indomptables étaient l’expression d’un football basé sur une grande force physique, mais peu d’attention était porté sur les aspects tactiques. Aujourd’hui les choses ont changé. Vingt ans après, le football africain a développé une plus grande attention sur tous les aspects du jeu. En dépit de ces carences soulignées plus haut mon coeur reste fidèle au Cameroun de 1990, qui à mon avis a été la meilleure expression du football africain avec des interprètes comme Milla, Omam Biyick et Kunde …
Peut-on faire des comparaisons entre l’équipe nationale italienne et l’équipe nationale du Cameroun ?
Les deux formations sont très différentes de par la mentalité et le système de jeu. L’Italie est une équipe qui fonde sa base sur la tactique, tactique qui est le reflet de son championnat. À cela il faut ajouter l’apport technique de ses joueurs les plus representatifs. Les lions indomptables, par contre restent une équipe qui fait du physique et des individualités un des ses points forts.
La prochaine Coupe du monde se jouera en Afrique du Sud. Pensez-vous que les équipes africaines sont prêtes pour remporter le trophée mondial ?
Je ne suis pas sûr que les équipes africaines soient déjà prêtes pour remporter une coupe du monde. Elles seront certainement des morceaux durs à croquer, mais de là à prétendre gagner la coupe du monde me semble prématuré.
Les footballeurs africains qui évoluent dans les grands clubs européens n’ont en général pas le même impact en équipe nationale. Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?
Je ne pourrais répondre à cette question, ne possedant pas d’éléments nécessaires qui me permettent de juger les prestations individuelles des uns et des autres selon qu’ils soient en national ou en club.
Comment peut-on expliquer le fait que l’Afrique soit le continent dont les talents explosent le moins au niveau mondial ?
Je ne crois pas cette affirmation correcte. Par exemple, dans notre équipe nous avons un talent comme Sissoko, un véritable échantillon d’origine malienne. Je peux en citer plein d’autres : Drogba, Diarra, Obinna, Kalou, Eto’o, sont d’autres exemples de joueurs africains qui ont réussi à imposer leur marque dans le football européen.
Les joueurs de couleur sont le plus souvent victimes d’actes racistes dans les stades européens. À votre avis, comment lutter contre le mal ?
Le racisme est un phénomène regrettable et limité à quelques ignorants. Pour lutter contre ce fléau il faut augmenter le niveau d’éducation des individus et accroître la certitude de la sanction pour ceux qui sont impliqués dans les phénomènes de racisme.
Quel regard portez vous sur le footballeur africain ?
Ils sont tous de très grands joueurs avec un potentiel énorme. Concrètement je peux prendre un exemple sur Sissoko que j’observe tous les jours; c’est une véritable force de la nature avec d’énormes possibilités d’amélioration.
Après une année passée dans le purgatoire de la série B, la Juventus de Turin a retrouvé la série A avec la mentalité de toujours…
La mentalité est celle de toujours : gagner. La nouvelle direction a été en mesure de transmettre de nouvelles idées et de nouveaux idéaux, mais sans changer l’ ADN de l’équipe.
Pensez vous qu’un joueur africain soit capable de remporter le ballon d’or ?
Eto’o, Drogba, Adebayor Sissoko, Esssien ont les atouts pour prétendre à une telle consécration.
Interview réalisée par Alain Kana Nguetsop, avec la collaboration de Luca Casassa (press office Juventus de Turin)