De passage à Yaoundé au Cameroun, le président de Sport GM, une Société spécialisée dans le management d’entraîneurs basée en Suisse parle du recrutement d’Hugo Broos et des défis immédiats qui l’attendent à la tête de l’encadrement technique des Lions Indomptables, et revient sur le profil de Claude Le Roy qu’il présente comme le « sorcier blanc » dont le Cameroun continue d’avoir besoin. Entretien
Selon vous qu’est-ce qui aurait poussé les dirigeants du football camerounais à recruter Hugo Broos comme sélectionneur des Lions Indomptables du Cameroun ?
Peut-être que la Fécafoot a recherché un entraîneur qui fait partie aujourd’hui de l’école belge des sélectionneurs ; puisque la Belgique est numéro 1 au classement FIFA, elle qui a mis en place des formations de jeu depuis plusieurs années. C’est peut-être pour s’appuyer sur cette expertise-là que la Fécafoot a décidé de recruter Hugo Broos qui est un entraîneur d’expérience. Il a un palmarès élogieux en Belgique où il a entraîné pendant plusieurs années de grands clubs comme Anderlecht, Brugge, Genk. Et durant toutes ces années il a remporté trois championnats, deux Coupes nationales, quatre Super Coupes et participé à la Ligue des champions qui est une compétition d’envergure. Il s’est essayé ensuite à l’international, mais il n’a pas tenu les mêmes palmarès.
Aujourd’hui il est parti pour entraîner les Lions. C’est un choix respectable, parce que ce n’est jamais évident pour une Fédération de sélectionner un entraîneur. C’est une épreuve difficile, avec des contacts auprès d’entraîneurs qui sont pour certains libres et d’autres non ; il y a les discussions sur les prétentions contractuelles qui doivent aussi aboutir. Et donc la Fécafoot a peut-être fait un choix économique, mais en prenant le risque d’avoir un entraîneur qui n’a pas d’expérience en Afrique. C’était un élément important des critères de sélection mis en place par la Fécafoot, mais ce n’est pas élément essentiel non plus. Je le dis parce que des études ont montré que beaucoup d’entraîneurs qui n’avaient pas cette expérience africaine faisaient de bons résultats avec leurs méthodes. Même si ce choix peut surprendre, il y a quand même des explications rationnelles qui montrent que cet entraîneur peut avoir sa chance, surtout que dans le football ce qui compte c’est le résultat sur le terrain. Les résultats diront si ce choix était opportun ou non.
Hugo Broos a-t-il le profil pour entraîner une équipe comme celle du Cameroun, pour sa première expérience en sélection africaine ?
C’est un tacticien qui a fait ses preuves, c’est un leader d’hommes. Il faut noter que dans son Cv, il a un diplôme de coach mental qui pourra sans doute être utile dans cette équipe du Cameroun. Ce sera à lui de faire ses preuves dans un pays où les attentes sont très importantes. Il va falloir faire face à cette pression populaire, pression médiatique, pression des résultats ; bâtir un groupe sans doute recomposé en s’appuyant sur les internationaux, les binationaux, être attentif aux talents locaux qui évoluent dans le championnat etc. A partir de ça, c’est au sélectionneur de proposer un groupe solidaire et performant capable de l’accompagner dans ses missions.
Le public le vomi pourtant depuis l’annonce de sa nomination…
Le public camerounais est un fin-connaisseur du football. Le Cameroun est une grande nation de football qui souhaite reprendre sa place au sommet du continent africain. Le public est exigeant, donc à partir de là le sélectionneur doit travailler à gagner sa confiance avec des résultats immédiats. Il y a des entraîneurs qui ont pu assoir leur renommée internationale à partir du Cameroun. Donc, c’est un bon challenge. Mais il ne faut pas oublier que le Camerounais est aussi un faiseur d’entraîneurs.
On vous sait proche de Claude Le Roy, dites-nous, comment a-t-il accueillie la nouvelle du recrutement d’un entraîneur pour la sélection qu’il visait lui-aussi ?
C’est vrai qu’il n’a pas été ravi. Pour moi Claude Le Roy était le meilleur des candidats. Après un parcours époustouflant à la tête des Diables Rouges du Congo, parti des qualifications de la CAN où il a su hisser l’équipe au Top 5 africain, et intégrer l’équipe dans le Top 50 FIFA, il fallait le faire. Puis, d’un commun accord avec les dirigeants du Congo il a décidé de se retirer. L’idée était de chercher une Fédération ambitieuse, de façon que Claude Le Roy puisse dans les prochaines années, amener une équipe vers des trophées comme il a pu le faire avec le Cameroun, avec le Sultanat d’Oman lors de la Coupe du Golf en 2009. Comme il avait débuté sa carrière au Cameroun, c’était comme une suite logique de terminer ou de compléter sa carrière au Cameroun sachant que ce pays organise la CAN en 2019 avec un objectif clair et précis de la remporter. Et pour gagner cette Coupe d’Afrique 2019, c’est aller le plus loin possible à la CAN 2017 et arriver en demi-finale de la Coupe du monde 2018. Claude Le Roy est en contact avec plusieurs Fédérations, mais sa priorité professionnelle et affective était cet enjeu au Cameroun.
Entretien mené par Arthur Wandji