Le jeune portier des Lions Indomptables, Fabrice Ondoa Ebogo (19 ans), a déjà le regard rivé sur la 30ème phase finale de coupe d’Afrique des nations. Serein et déterminé après les encouragements de son idole, Thomas Nkono au terme du match contre la Côte d’Ivoire comptant pour les éliminatoires du tournoi, le gardien de but de 19 ans voit le Cameroun vainqueur de la Can Guinéenne. Dans un entretien accordé à notre rédaction, cet ancien pensionnaire de la fondation Samuel Eto’o, en vacance dans son fief de New-Bell à Douala, s’est appesanti entre-autre sur ses débuts avec l’équipe de football fanion du Cameroun, l’accident de Brice Nlate Ekongolo, son compagnon d’enfance. Il conclut en évoquant son favori à cette Can. Entretien…
Camfoot.com: Comment vous sentez-vous à quelques jours de votre première phase finale de coupe d’Afrique des nations ?
Fabrice Ondoua: Je me sens bien. Je suis confiant. Il faut déstresser au maximum tout en restant concentré. C’est pourquoi je recherche la famille. C’est le plus grand tournoi que j’aurais joué jusqu’ici. C’est pourquoi je souhaite l’aborder avec le plus de sérieux. Je travaille très souvent à 100%. J’espère que la Can serait à 1000%.
Qu’aimeriez-vous produire sur le plan personnel en Guinée-Equatoriale ?
Il est vrai que le football est un sport collectif, mon challenge est de reproduire les performances, que j’ai eu à démontrer aux camerounais pendant les qualifications de la compétition. Les fans des Lions m’encouragent et me soutiennent. Je souhaite donner le meilleur de moi afin de renouveler cette confiance.
Votre première sélection avec les Lions Indomptables se fait contre la RDC lors de la campagne qualificative pour la Can 2015. Avez-vous imaginé au préalable que le sélectionneur pourrait vous accorder sa confiance ?
Non, je ne savais pas. Car je venais de terminer un match contre l’Afrique du Sud comptant pour les éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations juniors (le Cameroun s’est fait éliminer Ndlr). J’étais capitaine de cette sélection. La liste est sortie quand je me trouvais encore en Afrique du Sud. A mon Arrivée dans la tanière, je me suis entraîné tranquillement. A la veille du match (RDC – CMR) le coach m’appelle et me dit : depuis que tu es arrivé tu te comportes bien et tes performances sont encourageantes. Il est possible qu’on mette notre confiance en toi. Il doit falloir assumer cette grande responsabilité. C’est à cet instant que j’ai compris que je pourrais être aligné le jour du match.
Comment vous êtes-vous senti après cette nouvelle ?
La pression est montée. J’ai tout de suite fait recours à mon papa Samuel (Eto’o). Je lui ai dit : Papa, il est possible que l’entraîneur me fasse confiance demain et j’ai la pression. Il m’a dit : non fiston. Si demain l’entraîneur te fait effectivement confiance et te donne cette responsabilité, il faudrait l’assumer. J’ai créé cette fondation (Samuel Eto’o) pour qu’on ait des joueurs de ton talent, de ta dimension qui représenteront notre pays. Ne te mets pas de pression. Sois honoré et fier de tes prestations.
Vous l’avez été.
Qu’est-ce qui vous a mis en confiance le jour du match ?
C’est le groupe. Je vois l’harmonie, la famille. Et puis, je suis avec Nico (Nicolas Nkoulou) et Steph (Stéphane Mbia), qui me disent : c’est ta défense. Tu es patron de ta défense. C’est pareil qu’en club. C’est comme avec tes amis. C’est toi qui dois nous diriger. C’est ton travail. Nous mettons notre confiance en toi. Tu as notre bénédiction et notre courage. Nous te laissons le bateau. C’est à toi de nous conduire. Commandes, tes goals. Commandes, ton stade. Nous savons que tu as les moyens de le faire. Il ne faut pas être frustré. Ressors ta frustration.
Vous réalisez une ascension fulgurante avec les équipes nationales du Cameroun, vous avez parcouru l’équipe nationale cadette, junior et fanion du Cameroun en un temps éclair. Avec du recul, quelle différence faites-vous entre ces sélections ?
Chez les cadets, j’ai eu une grande chance d’avoir une famille et des amis qui me considèrent comme un leader. Il en est de même avec les juniors où j’ai eu la responsabilité d’être capitaine. Il est vrai que le niveau change entre ces différentes sélections, mais je ne fais personnellement pas une véritable différence. J’ai toujours la chance d’avoir une équipe harmonieuse ou règne la familiarité. Je pense que c’est ce qui fait notre force aujourd’hui.
Brice Nlate Ekongolo, un de vos coéquipiers chez les cadets et les juniors hier et aujourd’hui en équipe fanion est victime d’un accident de la circulation et ne prendra pas part à la Can. Comment avez-vous accueilli la nouvelle de son accident ?
Attristé. J’étais vraiment choqué et bouleversé. Avant qu’il n’arrive au pays pour les congés, on s’est parlé au téléphone et il m’a dit : mon gars sois prudent. Tu sais qu’on a une Can à jouer et que ça a toujours été notre rêve.
J’ai joué avec lui chez les cadets. Bien avant, on a botté les boîtes ensemble quand on était gamin. Car nous sommes voisins au quartier. Nous avons partagé beaucoup de choses en commun. Nous avons intégré l’équipe cadette, ensuite les juniors et maintenant on se retrouve à l’équipe première. Ça a toujours été notre rêve. Je lui dis toujours : mon gars, même si tu es le grand défenseur de Marseille et lui il me dit : même si tu es le grand gardien de Barcelone tu dois toujours me crier dessus. Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais bouleversé. Je n’ai pas pensé à la Can qu’il doit perdre. Je pense que la vie humaine ne peut être comparée à la Coupe d’Afrique. C’est un détail. Et je dis que ça ne sert à rien que les gens pensent qu’il a eu la malchance pour la Can. Nous ne devons pas regarder la Can. Nous devons plutôt regarder son future, son état de santé et s’interroger s’il pourrait encore jouer. Face à ceci, je ne peux que me mettre en prière avec sa famille : sa maman, ses frères… que je connais bien et essayer du mieux que possible à les réconforter afin qu’ils comprennent que Dieu doit les aider et il doit retrouver les stades comme je le souhaite vivement.
Avez-vous pu lui parler depuis lors?
Non pas encore. Vous savez avec les opérations… J’ai parlé avec son manager. Je lui ai dit : que les appels et les messages d’encouragements sont bien beaux, mais qu’il n’est pas encore temps qu’on commence à lui demander d’être fort. Car ça attriste d’avantage. Il est préférable de l’éloigner du téléphone pour l’instant. Quand la situation doit se stabiliser d’ici une semaine, qu’on commence à l’appeler pour s’enquérir de son état de santé.
La première interview que vous nous aviez accordée, vous nous avez dit que Thomas Nkono est votre idole. Pouvez-vous dire aujourd’hui que vous êtes sur ses traces ?
Dire qu’on suit les traces de Thomas Nkono est difficile au regard de ce qu’il a fait. Je pense tout de même qu’à travers ses bénédictions j’y parviendrai. Après le match contre la Côte d’Ivoire, il m’a appelé et m’a dit : « Tu as fait honneur à ton idole. » Cette phrase m’a énormément marquée. Que Thomas Nkono me dise ça je pense que c’était mon plus grand match. S’il l’a dit, je pense qu’il trouve que je pourrais suivre ses traces. Il demeure mon idole et reste l’insurpassable Thomas Nkono.
Entretien mené par James Kapnang à Douala