C’est de justesse qu’il n’a pas « chômé » en ce début de saison. Après avoir encadré l’équipe de Sable de Batié en championnat comme en coupe d’Afrique des clubs, revoici Étienne Sockeng sur la voie de la coupe de la Caf, avec Bamboutos de Mbouda cette fois-ci. Une équipe et une compétition auxquelles il n’est d’ailleurs pas étranger. En dépit du fait qu’il ait pris les « Mangwa boys » assez tardivement, il compte lui donner une autre dynamique. Et, le premier déclic est attendu ce dimanche, avec ce match que ses poulains livrent face au Mouloudia club d’Oran. Nous l’avons rencontré au sortir des entraînements de son équipe à Mbouda…
Camfoot.com: C’est à une séance intense que vous avez soumis vos poulains ce mardi matin ?
Etienne Sockeng : Oui! Elle a sa raison d’être. Parce que, comme nous l’avons fait là, nous allons nous entraîner dans les aéroports pendant deux journées. Il a fallu faire ce travail pour nous permettre de rester en jambes jusqu’à vendredi.
Camfoot.com: Vous vous êtes attelé sur quoi concrètement ?
Etienne Sockeng : Notre style de jeu reste la conservation collective du ballon. La prudence en défense. L’élaboration du jeu au milieu de terrain, et puis la recherche des solutions vers l’attaque.
Camfoot.com: A la fin de cette séance d’entraînement, comment vous trouvez le moral de vos poulains alors ?
Etienne Sockeng : C’est un moral bon enfant. Car, vous avez vu avec quelle hargne les enfants ont travaillé. Vous avez vu qu’ils avaient du baume au cœur. Nous sommes sereins pour le match que nous avons à Oran. Nous allons nous mettre en route. Nous déplorons juste l’itinéraire du voyage, qui est très long. Donc, vous comprenez que nous avons 48 heures de voyage assez harassant. Mais, nous comptons sur la volonté. Parce que, cette équipe est bâtie sur la volonté. Nous pensons que le plus important, c’est d’arriver ; avoir le temps de souffler un peu, faire notre séance de reconnaissance et, le reste va se jouer sur le terrain.
Camfoot.com: Une idée sur ce football algérien ?
Etienne Sockeng : Nous savons que c’est le football maghrébin. Et à ce niveau, ça va un peu très vite, la conservation collective du ballon, la vivacité… Mais, Mouloudia reste pour nous un inconnu. Aux 16èmes de finales, ils ont joué contre une équipe marocaine d’à côté. Donc, c’est une équipe que nous ne maîtrisons pas. Mais, nous prendrons les 45 premières minutes pour observer et, nous pourrons réagir. Ensuite, nous jouons sur du synthétique. Nous allons faire notre séance de reconnaissance du stade pour nous adapter sur ce terrain-là. Et puis, nous n’avons pas peur. Nous avons la possibilité de faire beaucoup de choses dans cette compétition.
« Nous sommes convaincus que nous pouvons aller loin, parce que en coupe de la Caf, nous avons déjà l’expérience.»
Camfoot.com: Vous partez sur une base, celle d’une défaite en championnat. Est-ce que cela pourrait causer un quelconque malaise sur le moral des gars ?
Etienne Sockeng : Nous ne le pensons pas. Vous savez, dans le football, aujourd’hui on gagne, demain on perd. Il faut juste utiliser les défaites d’aujourd’hui pour préparer les victoires de demain. Nous avons donc perdu à domicile dimanche dernier (0-2 contre Sable de Batié, Ndlr). Et, perdre un match n’est pas une fatalité.
Et puis, vous savez également que nous venions d’arriver à la tête de cette équipe. Elle a eu une phase de préparation un peu très timide, avec président ou pas de président. Ça devenait assez compliqué dans la tête. Quand la sérénité est revenue, nous avons pris l’équipe un peu tardivement. Il n’y avait plus de temps de préparation. Nous sommes obligés de faire les deux : la préparation et jouer les matches. Donc, ça peut arriver. Nous allons imprimer une autre façon de faire. Nous sommes sûrs que ça va marcher. Parce que, cette équipe a encore les joueurs que nous avions il y a plus d’un an. Donc, nous comptons énormément sur eux, et nous pensons qu’ils sont capables de faire l’affaire.
Camfoot.com: C’est vrai vous avez pris cette équipe tardivement, mais il y a que vous retrouvez une équipe dans laquelle vous avez séjourné aux côtés de l’entraîneur Roger Etémé. Est-ce que l’effectif que vous avez trouvé en place est suffisamment compétitif pour pouvoir jouer les premiers rôles dans ce championnat ?
Etienne Sockeng : Oui, je retrouve cette équipe que j’ai bâtie, il ne faut pas se leurrer. Je l’ai bâtie depuis la D2, même comme à l’époque, j’entraînais l’Unisport de Bafang. C’est pour cela que vous allez retrouver dans cette équipe mes anciens joueurs de Diamant, de l’Union de Douala, de Port FC. C’est pour cela que vous retrouvez Kwekeu, Betchem, etc. Nous pouvons citer comme ça une dizaine. Donc, c’est une équipe que nous avons bâtie. À l’époque, nous avons fait venir Roger Etémé ici pour travailler, pour nous donner un coup de main, parce que j’allais en stage. Après j’ai laissé Etemé sur place je suis parti. Ensuite, il est lui aussi parti. ( Ndlr : Il avait été limogé).
Donc, c’est une équipe que je connais. L’une des forces de cette équipe, c’est qu’elle garde ses joueurs. Des joueurs que nous avons laissés sont encore là. Certains sont partis ; il y a eu juste quelques uns qui sont arrivés. C’est dire que nous n’avons pas un problème d’intégration. Nous pensons que l’équipe reste celle que nous avons laissée. Donc, imprimer une façon de faire, c’est facile. Déjà, nous retrouvons juste nos anciens repères que nous n’avons pas pu entretenir pendant notre absence. Nous ne doutons donc pas un seul instant que ça puisse marcher. Pour nous, c’est encore possible de travailler.
Camfoot.com: Vous n’êtes donc pas arrivé cette saison avec un certain nombre de joueurs ?
Etienne Sockeng : Disons que nous sommes venus avec une demi-douzaine de joueurs, assez compétitifs. Des anciens joueurs de championnat de première division. Les noms ? Ça ne sert à rien puisque, ces joueurs sont arrivés, et ils sont repartis aussitôt faute de moyens. Le bureau en place nous a promis qu’il devait les faire signer. Malheureusement, l’argent tarde à venir. Et les gars ont été impatients et ils sont partis. Donc, nous pensons que d’ici là, peut-être il y aura un peu de moyens. Nous allons colmater les brèches et nous allons voir…
Camfoot.com: L’année dernière, vous étiez en coupe de la Confédération avec Sable de Batié. Cette année, c’est avec Bamboutos de Mbouda. C’est le même engouement et la même stratégie que vous comptez déployer ?
Etienne Sockeng : Vous savez, avec la coupe de la Caf, il faut beaucoup de travail. Cette année-là, nous avons pris beaucoup de temps pour préparer notre équipe. Ensuite, notre président avait recruté beaucoup de joueurs. Cette année, ceux-ci ont été un peu mal organisés, avec la démission du président, l’absence d’un entraîneur à la tête de l’équipe… Donc, les choses ont été très difficiles. Néanmoins, nous sommes arrivés tard, et avons pu qualifier l’équipe pour les 8èmes de finales.
Le plus important pour nous maintenant, c’est de tout faire pour traverser. Si nous traversons, nous aurions le temps de réfléchir encore mûrement par rapport à cette équipe. Et, nous sommes convaincus que nous pouvons aller loin, parce que en coupe de la Caf, nous avons déjà l’expérience. L’année dernière, nous avons géré les matches comme ils venaient. Et, nous sommes allés très loin, dans le dernier quatuor. Nous pensions que le travail avait été fantastique; pourquoi ne pas reprendre la même chose ici. Nous en avons les moyens.
Camfoot.com: Bonne chance à vous…
Etienne Sockeng : Merci.
Entretien avec Kisito NGALAMOU, à Mbouda