Avant de retourner au Cameroun avec les derniers membres de la délégation encore présents à Leipzig, le directeur administratif du comité provisoire, maintenant dissout par décision ministérielle a bien voulu revenir sur l’éviction du coach Winnie Schäfer et les problèmes de l’équipe nationale.
Camfoot.com: Winfried Schaeffer a été apparemment démis de ses fonctions par un coup de fil du ministre des Sports Etamè Massoma : Qui a-t-il appelé précisément? Comment cela s’est-il passé?
Emmanuel Engogomo: Je l’ai appris dans les vestiaires, comme tous les autres. Je n’ai pas cherché à savoir puisque quand nous sommes en délégation, nous savons les canaux par lesquels l’information peut passer; et ces canaux étaient assez crédibles; nous savions que c’était de source digne de foi. Nous avons pris la nouvelle au sérieux! Quand nous venons ici, je ne suis pas l’interlocuteur du ministre. Il y a un chef de délégation, en l,occurence le président de la fédération. Ce sont les personnes par lesquelles ce genre d’information doit passer. Et tel a été le cas. On ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’ils aient bluffé à ce sujet ! Je n’avais donc rien à dire au coach à ce sujet là.
Camfoot.com: À la fin du match précédent contre Soudan, il y avait déjà des rumeurs de limogeage du coach. Cette annonce était donc prévisible?
Emmanuel Engogomo: Quand une équipe ne donne pas de résultats, vous vous attendez à quoi? Le coach, normalement, est souvent celui qui est visé en premier lieu. Lorsque la personne a de l’amour propre, normalement elle devrait comprendre qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Donc puisque cela a tardé à être fait, il a fallu qu’on en arrive là. C’est dommage, mais c’était tout à fait prévisible; surtout que les problèmes de cette équipe, on le sait, partent du coach. Il est hors de question qu’on imagine un seul instant qu’ils viennent d’ailleurs. Tout part du coach!
Camfoot.com: Le lendemain du match, le journal allemand « Bild » reprenait pourtant les propos de Schäfer en conférence de presse, qui parlait de discussions entre joueurs et dirigeants portant sur une prime de 150 000 dollars. Y avait-il vraiment menace de retrait de l’équipe à deux heures du match?
Emmanuel Engogomo: Je crois que là n’est pas le problème. Le problème est ailleurs. Vous avez vu comment l’équipe a joué hier? c’est à l’image de tous les matchs précédents depuis le début des éliminatoires Caf/Fifa. On a une équipe sans âme. Les joueurs eux-mêmes le reconnaissent. Les seules vertus qui faisaient leur force, la défense et la discipline font défaut en ce moment. L’équipe du Cameroun n’a pas de spécialité en coup franc, corners, balles aériennes… quelle est leur force actuellement? Les joueurs eux-mêmes sont conscients de ce qu’ils ont. C’est une équipe sans atout actuellement. Ces atouts peuvent être apportés par qui? Certainement pas par le directeur administratif. Lorsque je mets tout en oeuvre pour que les joueurs soient présents au rendez-vous et arrivent à temps et dans de bonnes conditions, moi je crois que c’est tout à notre actif.
Nous avons fait notre travail et ce, jusqu’au bout. Il est vrai que dans notre travail, l’entraîneur ne nous a pas facilité la tâche. La liste des joueurs par exemple, pour un match qui doit se jouer le 17 novembre, nous a été communiqué le 8 novembre. Or la Fifa exige de le faire 14 jours minimum avant la date du match. On est où? A qui la faute? Ce n’est pas à moi de constituer la liste, quand le coach ne la donne pas à temps. Il faut laisser Mr Schäfer assumer ses responsabilités jusqu’au bout. Dites-vous que chaque fois que j’ai besoin d’une séance de travail avec lui, je dois claquer une bagatelle de 100 000 fcfa de téléphone (150 euros) chaque fois. L’entraîneur n’étant pas au pays, ne comprenant pas le français et parlant un anglais approximatif, on est toujours obligé de tirer en long et en large pour se faire comprendre. Quand il faut que ce monsieur vienne au Cameroun pour une séance de travail, c’est une gageure. Dernièrement quand il est venu à Yaoundé, on a eu une séance de travail et il était question d’en avoir une deuxième. Il est rentré sans crier gare. A qui la faute?
Camfoot.com: Aujourd’hui le Cameroun est sans entraîneur. La recherche est en cours. Qui le désignera ?
Emmanuel Engogomo: Le responsable en matière de Sports au Cameroun est le Ministre de la Jeunesse et des Sports. Pour faire son travail, il s’appuie sur son organe technique qu’est la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot). Moi je me dis, voilà les deux instances capables de répondre à cette question. En ce qui me concerne, je suis un cadre de notre administration. Je ne choisis pas mes collaborateurs. Je travaille avec ceux que ma hiérarchie veut bien me confier.
Camfoot.com: Pour ce rassemblement, on avait convoqué Modeste Mbami qui n’est pas venu pour les raisons que l’on connait. Administrativement, y a-t-il quelque chose de prévu pour ce joueur qui a décliné la sélection?
Emmanuel Engogomo: Quand un joueur refuse de répondre à une convocation, normalement il doit être sanctionné. Pour le cas d’espèce, nous n’avons pas voulu épiloguer dessus. J’ai voulu d’abord que nous nous réunissions. L’équipe nationale est une famille et ce problème n’est que la pointe visible de l’iceberg. On apporte des solutions pour résoudre efficacement ce problème. On aurait pu le suspendre ou le sanctionner financièrement; mais cela n’aurait pas résolu le problème.
Il faut des mesures efficaces. On a besoin de l’entraîneur et des coéquipiers de Modeste Mbami pour trouver une solution efficace. Mais vous avez vu l’ambiance qui a prévalu pendant ce séjour en Allemagne où l’entraîneur ne se montre pas coopératif. De l’autre côté on sent une rupture de confiance entre ses joueurs et lui. Nous nous sommes dits qu’il fallait reporter la réflexion sur cette question un peu plus tard. Mais les mesures ne tarderont pas à tomber.
Propos recueillis à Leipzig par Jean-Pierre ESSO, [jpesso@camfoot.com->mailto:
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