L’un des représentants de la région de l’Ouest à l’assemblée générale de la fédération camerounaise de football et en même temps président de la ligue départementale de football dans le département de la Menoua, Etienne Tamo nous parle des transactions financières qui ont abouti à la distraction d’une somme de 25 millions destinée à la construction du siège de la ligue de football de l’Ouest.
Aussi, il évoque le problème de leadership au sein de ladite ligue, ainsi que les grands chantiers qui attendent le président Joseph Feutcheu dans les jours à venir.
Camfoot.com : Depuis quelque mois, l’Ouest fait les choux gras de la presse locale et internationale avec cette affaire de 25 millions de francs débloqués par la Fécafoot pour la construction d’un siège. Vous qui avez suivi cette histoire depuis sa genèse, qu’est-ce que les Camerounais peuvent retenir au lendemain de la suspension provisoire de trois membres de l’assemblée générale ?
Etienne Tamo : La situation de la ligue régionale de football de l’Ouest c’est qu’il n’y a pas de siège, il n’y a non plus d’argent. Après enquête, il ressort que Serge (Alain Tsémo, Ndlr) n’a jamais déchargé 25 millions à Yaoundé. Notre leader (Charles Emedec, Ndlr), parce qu’il est encore là, puisqu’il n’est pas encore radié, était venu à Yaoundé et voulait prendre cela en espèce et on avait même déjà fait un chèque pour lui donner. Après il y a l’agent comptable Ebanda qui a dit qu’on ne peut pas virer de l’argent dans chaque compte et à l’Ouest on donne en espèce. Ça a fait tiquer le trésorier et heureusement le président Iya était à Yaoundé. Ils sont allés le rencontrer et le président Iya a même demandé de le lui donner. C’est encore le trésorier qui a dit au président que ce n’était pas possible. Le président Iya voyait que comme c’est quand même Charles Emedec ça devait aller dans de bonnes mains. Jusque là Ebanda était hésitant. Quand on a demandé au vice-président Charles Emedec de donner le numéro du compte, il s’est énervé et est parti. Trois heures de temps après, il est revenu donner un numéro de compte dans lequel on a viré l’argent. Il ressort qu’il avait appelé Serge pour qu’il lui communique ce numéro de compte qu’il avait ouvert avec le trésorier adjoint alors que le trésorier Kome était là mais ne pouvait pas accepter cette transaction. Ils sont passés par Roger Kamwa qui est là et qui reconnaît qu’on lui a fait des chèques pour aller à la banque prendre de l’argent et donner au président Emedec.
Camfoot.com : Comment tout cet argent a alors été dépensé quand bien même Charles Emedec dit n’avoir eu que 14 millions de francs ?
Etienne Tamo : Quand le président Serge Tsémo était à l’hôpital, Roger Kamwa a pris un million pour aller donner à Charles Emedec. Il y a Monkam Sylvestre, son frère (Emedec, Ndlr) qui est à Douala, qui a pris 1million 45 mille pour les tontines. Le trésorier sortant, Justin Feuzeu, a eu 40 mille de cet argent et tout cela sur des papiers de décharge que Serge Tsémo a donné. Toutes les dépenses vont à 26 millions 726 mille. Donc Serge Tsémo a même donné plus de 25 millions et nous avons aujourd’hui des First trust, des exchanges avec lesquels il lui envoyait de l’argent. Moi-même j’ai vu tout cela parce qu’avant je niais et je doutais. C’est quand ç a déclenché que le président Tsémo a sorti les documents et il est même en train de venir ici où il va donner une conférence de presse de confrontation afin que nulle n’en ignore. A ce niveau qu’on ne vous trompe pas, l’argent a été distrait. Maintenant, au lieu de trouver des issues, on accuse les uns et les autres, ce qui n’est pas bien. A ce jour, le siège de la ligue de football de l’Ouest n’existe pas.
Camfoot.com : Peut-on envisager des poursuites judiciaires dans ce dossier du moment où les mises en cause se rejettent les responsabilités ?
Etienne Tamo : S’il arrivait même que l’argent soit remis, ça les met toujours en cause parce que l’argent a été distrait. Maintenant, ils ont l’obligation de remettre de l’argent ou de mettre un siège en place. S’ils ne le font pas, ils seront poursuivis judiciairement. D’ailleurs en 2006 l’assemblée générale a demandé qu’on porte plainte et c’est le président Iya qui a tempéré, jusqu’au moment où on a commencé à l’appeler voleur, malhonnête. Des membres lui ont dit, du moment où vous vous plaignez qu’on vous appelle voleur où est le siège de la ligue de l’Ouest ? L’argent est où et qu’est ce que vous en avez fait du moment où vous ne poursuivez pas ceux qui l’ont pris ? C’est de là que le problème est parti.
Camfoot.com : Le président Emedec parle d’un terrain qui a été acheté et vous êtes même cité dedans comme témoin. Qu’en est-il exactement ?
Etienne Tamo : Je n’ai jamais été témoin de l’achat d’un terrain. Je sais que le président Emedec a demandé une avance de dix mois sur ses indemnités. Et il avait dit que si on a peur qu’il touche à cet argent, qu’on donne à son « fils Tamo » pour qu’il aille verser chez le notaire pour la mutation du terrain. Voilà de quoi il est question mais quand vous allez vers le notaire il vous dit qu’on était passé une fois le voir pour le terrain et plus il n’a plus vu personne. Le propriétaire même du terrain dit que si quelqu’un passe par là il va le découper en pièces. Quand vous voyez le titre foncier qui a été présenté au comité, ce n’est plus le même titre foncier avec lequel on a pris de l’argent à Yaoundé. Ce qui fait qu’il y a problème et ce que je dis est vérifié. Des gens ne peuvent pas poser des actes, en vouloir aux autres sous prétexte qu’on tire des ficelles dans l’ombre. C’est le président Iya qui sait qui il coopte pour être vice-président de la Fécafoot. Pour le moment à l’Ouest il y a Samuel Wembe, Seidou Njoya et moi. Seidou est hors jeu parce qu’il est à la ligue de football professionnelle. Donc s’il faut que le président choisisse, c’est entre Wembe et moi. Je ne vous le cache pas, je demanderai qu’on choisisse Samuel Wembe parce qu’il est mon grand frère. J’ai encore du chemin à faire. Il (Emedec, Ndlr) estime que ce qui s’est passé là c’est parce qu’on voulait le remplacer à Yaoundé or il n’en est pas question.
Camfoot.com : S’il est vraiment innocent dans cette affaire, pourquoi prendre ses indemnités pour faire la mutation d’un terrain ?
Etienne Tamo : C’est même ce que le premier vice-président lui a posé comme question au comité exécutif dernièrement parce qu’il estimait qu’il veut résoudre ce problème en tant que leader de l’Ouest. Il lui a demandé comment est-ce qu’il peut assumer de l’argent qu’il n’a pas pris. Aujourd’hui vous aussi vous posez la même question. Quelqu’un ne peut pas s’engager à construire un immeuble de 25 millions alors qu’il ne sait pas ce qu’il a fait.
Camfoot.com : Est-ce que le fait de coopter Joseph Feutcheu à la tête de la ligue régionale de football de l’Ouest comme premier vice-président signifie, comme certains le disent, qu’un nouveau leadership est en train d’être préparé?
Etienne Tamo : Non, je ne le pense pas. Le leader ne se crée pas, ne se fabrique pas. On s’impose comme leader et je vais vous poser une question. Ça fait trois mandats comme nous sommes ici. Quand vous voyez les manœuvres, en fait qui était leader de l’Ouest ? C’était de l’opportunisme. Je prenais les devants, je suis ambitieux, j’ai la vision, ce sais ce que je veux, je sais ce que fais, et ça fait que monsieur Emedec ne pouvais rien faire sans demander mon avis parce qu’il savait que j’étais attentif à tout ce qu’on faisait. Le leadership c’est aussi savoir parler aux gens parce que si tu ne sais pas communiquer tu ne peux pas être leader. Monsieur Feutcheu c’est un mécène du moment où il met beaucoup d’argent dans le football. Vous ne pouvez pas dire qu’il faut écarter des gens comme celui là du football. Maintenant il est question qu’il montre de quoi il est capable parce qu’il ne suffit pas de gueuler. Aujourd’hui, on lui a donné la possibilité de démontrer ce qu’il a à faire.
Camfoot.com : Peut-on rêver actuellement que le football à l’Ouest pourra renaître de ses cendres quand on sait que cette ligue avait par le passé une demi-dizaine d’équipe en division d’élite ?
Etienne Tamo : Le rêve est permis. Dorénavant, le conseil régional va veiller sur le bureau directeur. Ça veut dire que nous devons être tous responsables de ce qui arrive parce qu’il faut suivre. On a également dit au nouveau bureau directeur qu’il n’a pas droit à l’erreur. Pendant même le mandat, si quelqu’un pose un acte, on se réuni et le met de côté. L’objectif cette année c’est qu’au moins une équipe de la ligue de l’Ouest, forte et qui gagne sur le terrain et non par favoritisme, accède en Mtn Elite Two pour prouver que la ligue respire. Désormais, ce sont les meilleurs qui iront défendre les couleurs de la région.
Propos recueillis par Blaise Nwafo