Accusé d’avoir orchestré le désordre au sein de l’équipe nationale lors de la dernière Coupe du Monde, l’international camerounais s’explique.
Que se passe-t-il avec Achille Emana depuis la dernière Coupe du Monde ? On ne vous a plus aperçu dans l’équipe nationale…
C’est une question qu’il faut poser à certains responsables.
Après la Coupe du Monde, je suis allé en vacances et après, j’ai repris les entraînements. Et puis, j’ai eu vent de certains noms qui ont été communiqués par rapport au match de l’équipe nationale et mon nom n’y était pas. Je suis resté dans mon coin pour m’occuper de mon travail.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que si vous n’êtes pas sélectionné, c’est parce que vous faisiez partie des fauteurs de troubles à la dernière Coupe du Monde?
Tout ce que je peux demander à ceux qui disent que je suis fauteur de troubles, c’est de venir me le dire en face. L’équipe de France a eu à convoquer ceux qui ont semé le trouble. Aujourd’hui, je sais que je suis suspendu par les « on dit ». Personne ne m’a appelé au téléphone pour me dire quoi que ce soit en face. C’est dommage et je voudrais savoir pourquoi on m’accuse d’être un fauteur de troubles. Je ne sais pas si rester au banc de touche en Coupe du Monde c’est faire du désordre. Il valait mieux que je sois sur le terrain pour être celui qui ne fait pas désordre. Aujourd’hui, je sais une seule chose, c’est que je n’ai pas reçu d’explication par rapport à cela. C’est dommage, parce que je pense qu’on est né pour communiquer. Tout passe par le dialogue et je pense qu’avec certaines personnes au Cameroun, ça ne passe pas et c’est vraiment dommage.
Une nouvelle équipe technique a été mise sur pied après la Coupe du Monde. Est-ce que vous avez eu des contacts avec elle ?
Non, je n’ai eu de contact avec personne. Juste avec certains joueurs du championnat de France, qui restent aujourd’hui mes amis. Mais, je n’ai pris contact avec personne, jusqu’à preuve du contraire. Et comme je vous l’ai dit, je continue à travailler, parce que je sais une seule chose, j’ai mon club qui, l’année dernière, devait monter et je suis parti. Je les ai laissés et on n’a pas pu monter, parce que je suis parti ; j’en suis le capitaine. Je suis obligé de me battre à nouveau cette année pour essayer de voir s’il y a une possibilité de monter en première division. Au jour d’aujourd’hui, je n’ai eu de contact avec personne du tout. Je ne me prends pas la tête. Celui qui veut m’appeler, il le fait. Ils connaissent tous mon numéro de téléphone. Celui qui ne veut pas m’appeler, ça n’engage que lui. Emana est comme on dit, toujours dans son petit coin. Je ne suis pas là pour casser la tête à qui que ce soit.
Quelle est la nature de vos rapports avec Samuel Eto’o ?
Nos rapports restent les mêmes. Je l’ai dit, pour l’instant, et jusqu’à preuve de contraire, je n’ai pas de problème avec lui. Si j’avais un problème avec lui, je m’adresserais directement à lui pour qu’il le sache, et je pense que de son côté, c’est la même chose. Mais, pour l’instant, on n’a pas eu à discuter. On n’a pas eu de soucis. Comme je l’ai dit, je suis dans mon coin, mais que celui qui veut m’appelle pour m’expliquer pourquoi j’ai été suspendu. Un jour ou l’autre, on va devoir se voir, et en tant que capitaine, je vais devoir lui demander ce qui s’est passé, parce que je ne comprends toujours pas, que ce soit Alex (Song, ndlr), Carlos (Kameni, ndlr) ou moi, on a été mis à l’écart en disant que nous sommes des fauteurs de troubles. C’est sur quelle base ? En tant que membre de l’équipe nationale du Cameroun, je demanderai des comptes si on veut bien me les donner. Pour l’instant, Samuel Eto’o et moi restons toujours, à la base, des joueurs de l’équipe nationale du Cameroun et je n’ai pas de souci avec lui.
Est-ce qu’il y a eu désordre dans la tanière lors de la dernière Coupe du Monde ?
A ma connaissance, il n’y a pas eu désordre. Il y a juste eu des incompréhensions. Des incompréhensions qui ont fait que tout le monde s’est mis dans la masse. Ça a créé la zizanie, des troubles dans la tête de tout le monde. Et aujourd’hui, certains payent le prix et d’autres pas.
Est-ce à dire que vous restez disposé à jouer avec l’équipe nationale ?
Jusqu’à preuve de contraire, je reste Camerounais. Je ne suis pas Congolais, ni Gabonais, ni Ivoirien. Donc, je suis toujours à la disposition de l’équipe du Cameroun. Ce qui est sûr, je viendrai quand le nouveau sélectionneur fera appel à moi. Ce qui est certain, je saurai à quel porte frapper pour demander ce qui se passe, parce qu’en tant que père de famille responsable, je voudrais qu’on me donne des réponses à certaines de mes questions. Ça ne servira à rien que je vienne jouer avec l’équipe nationale du Cameroun avec la tête pleine de questions. Il faudrait que je sache ce qui se passe.
Quel regard portez-vous sur l’équipe nationale ? Elle joue à Garoua contre la Rdc samedi prochain.
Je souhaite que l’équipe nationale du Cameroun gagne. Tous ceux qui sont appelés à l’équipe nationale sont là pour défendre les couleurs du Cameroun, pour donner de la joie à tous les Camerounais. Je la regarde en souhaitant qu’elle puisse gagner les matchs qui viennent et je leur souhaite un très bon match, même si à Garoua, ce n’est pas toujours facile.
Avez-vous un message pour vos supporters et ceux qui vous réclament en équipe nationale ?
Je leur dis merci pour le soutien. C’est bon pour le moral, parce que sortir de la Coupe du Monde avec zéro point, on a besoin de ce soutien pour retourner en club. Je répondrai présent et montrer ce que je sais faire si on fait appel à moi pour leur donner ce sourire comme j’ai toujours eu à le faire. Pas seulement à mes supporters, mais aussi au peuple camerounais. Qu’ils essayent d’aider mes nouveaux confrères qui sont là pour que tout se passe bien. Mais, qu’ils ne se prennent pas la tête.
Est-ce que vous avez la montre de Samuel Eto’o ?
Non, non.
Il paraît que du côté de l’Espagne, on ne vous appelle plus Lion Indomptable …
On m’appelle chat dompté. Vous voyez la différence.
Propos recueillis par Bouba Ngomna sur la Rts et Retranscrits par Achille Chountsa