A quelques jours du début du 50eme championnat national de première division, le président As Matelots de Douala se dit prêt à faire son baptême de feu dans la cour des grands. Il parle de la préparation, des ambitions pour la nouvelle saison et des rapports entre les clubs et la Fecafoot.
Camfoot.com : A quelques jours du lancement du championnat national Elite One, votre équipe est-elle prête ?
Benjamin Djoumessi :Je crois sans faire violence au coach que nous avons atteint un niveau de préparation satisfaisante qui nous permet de démarrer le championnat dans une semaine.
Camfoot.com : Est-ce pourquoi vous multipliez les matches amicaux ?
Benjamin Djoumessi :C’est justement pour roder notre équipe, intégrer les nouveaux dans l’ancien groupe pour leur permettre d’acquérir les habitudes du club.
Camfoot.com : Y a t-il une raison qui explique que vous ayez préféré les joueurs qui viennent de deuxième division aux joueurs confirmés ?
Benjamin Djoumessi :Disons que c’est un choix de l’encadrement général. Nous avons privilégié la formation au recrutement tout azimut. Nous préférons jouer avec les enfants que nous formons depuis des années que de courir prendre des gars qui viendront nous apporter des difficultés sur le plan comportemental. Nous jouons avec la relève.
Camfoot.com : Quelles sont les ambitions de As Matelots pour cette première saison dans l’élite ?
Benjamin Djoumessi :Notre ambition c’est de maîtriser la première division.
Camfoot.com : C’est-à-dire ?
Benjamin Djoumessi :Maîtriser la première division c’est tout dire, en maîtrisant la première division on veut d’abord y rester c’est-à-dire ne pas être parmi les 3 derniers qui descendent. Maîtriser la première division veut aussi dire qu’on peut être 1er, 2ème ou 3ème. Nous voulons également jouer la finale de la coupe du Cameroun.
Camfoot.com : Que représente pour votre équipe le fait de jouer le match d’ouverture du 50 eme championnat national de première division ?
Benjamin Djoumessi :Cela représente une marque de confiance, une récompense du travail fait dans le football par mon groupe et moi, depuis notre création. Le staff technique et moi nous sommes restés avec un même objectif. Nous partons de rien pour arriver en première division. Je crois que le président Iya Mohammed, à qui j’adresse mes remerciements, et son bureau exécutif ont cru bon de récompenser ne serait-ce que moralement et de manière chronologique deux clubs qui viennent d’accéder en première division. En terme comptable, vous constatez que Danay FC de Yagoua était en tête avec 29 points suivi de As Matelots avec 27 points et la Panthère avec 26 points. Il était normal puisqu’il a voulu faire confiance aux nouveaux promus qu’il ne prenne que le premier et le deuxième.
Camfoot.com : Il plane quand même un doute sur le lieu de ce match puisque le stade de la Réunification de Bepanda ne sera pas prêt avant le 27 septembre, date de la rencontre contre Danay ?
Benjamin Djoumessi :Nous avons ce problème, celui du stade de la réunification. Je crois comme vous dites que le stade ne sera pas prêt avant le match. Le public de Douala attend ce match. Nous avons investi pas mal en multipliant les gadgets pour rendre notre match d’ouverture assez populaire. Si le match ne se déroule pas à Douala, ce sera assez dommage pour nous. Avec la précarité des populations, je ne vois pas nos supporters payer le transport pour aller à Yaoundé pour un match d’ouverture, mais si les contraintes sont telles qu’on va délocaliser ce match, nous accepterons volontiers en attendant de voir ce que la Fédération va faire par rapport à çà.
Camfoot.com : Comment percevez vous les reformes qui ont cours en ce moment à la Fecafoot, avec notamment le cahier de charge imposé aux clubs ?
Benjamin Djoumessi :C’est une très bonne chose parce que il faut que le football avance dans ce pays. C’est en poursuivant cette reforme que le football va mieux se porter. Il faut que le football soit une entreprise avec les charges et des recettes. C’est vrai que la pilule est amer au départ mais l’organisation en lui-même est une très bonne chose, malheureusement est-ce que les parties vont respecter leurs engagements ? c’est ça tout le problème, parce que pendant qu’on parle de cahier de charge, il y a des télévisions qui veulent venir filmer les matches; mais on se rend compte que sur le plan administratif ça cloche. Il y a un maillon de la chaîne qui ne tourne pas rond et la conséquence c’est que la chaîne va se gripper; c’est là notre inquiétude.
Nous voyons GTV qui vient ramener les spectateurs au stade pour payer le spectacle, la FIFA a exigé 14 clubs pour que le spectacle soit de haute facture, on attend que l’administration aménage les stades pour encourager la fédération dans ce professionnalisation qui lutte contre la pauvreté.
Camfoot.com : Est-ce que As Matelots a les moyens de remplir ce cahier de charge ? En d’autres termes, d’où proviennent les moyens de As Matelots ?
Benjamin Djoumessi : Je travaille depuis 26 ans, et il y a également l’apport de mon bureau exécutif. Les gens ne comprennent pas, alors que c’est un problème très facile. Imaginez vous que si j’ai 20 membres et que chaque membre ne donne que 3 millions, vous imaginez ce que cela donne ? Au Cameroun, les gens ne regardent qu’une seule personne en ce disant, celui-là va prendre les moyens où?
Si vous êtes 20 et que vous vous dites que c’est une entreprise solide et qu’on se dit que chacun donne 3 millions par année, cela ferait 60 millions. En plus, si le contrat de GTV abouti et que chaque équipe a au départ 20 millions, cela fait 80 millions en plus des 8 millions que donne MTN. Avec cela, nous pouvons gérer une saison.
Camfoot.com : En tant que dirigeant de club, comment percevez vous tout le bruit autour du contrat qui lie GTV à la Fecafoot, avec notamment les protestations du ministre de la communication ?
Benjamin Djoumessi :Nous sommes simplement désolés. Nous ne comprenons pas comment un investisseur peut arriver dans un pays comme le Cameroun pour injecter de l’argent dans le circuit économique et qu’on lui dise que ce n’est pas possible. Je suis très surpris.
S’il y a des dossiers administratifs à faire et qu’ils n’ont pas fait, je crois qu’on doit les sommer à le faire dans un délai pour être en règle avec la législation Camerounaise, mais leur dire qu’ils sont dans l’illégalité et qu’ils doivent rentrer, c’est comme si on ne veut pas que le football se développe, les gens sont contre le professionnalisme et c’est dommage pour les jeunes joueurs que nous encadrons.
Camfoot.com : Vendredi prochain il y a élection au sein de l’ACPD. Est-ce qu’une aventure à la tête de cette association des clubs vous tente ?
Benjamin Djoumessi :Pour le moment non. J’ai déjà un poste de président de As Matelots, cela me suffit largement. Mes ambitions, c’est de pouvoir faire avancer mon équipe. C’est le plus important en ce moment.
Camfoot.com : Pour vous quel est le rôle que devrait jouer l’ACPD ?
Benjamin Djoumessi :L’ACPD est une courroie de transmission entre les acteurs du football et la fédération camerounaise de football. Cela ne doit pas créer une guerre entre les deux structures comme pensent certaines personnes. L’ACPD doit comprendre les problèmes de la Fédération et cette dernière doit comprendre les clubs à travers l’association.
Camfoot.com : Sous quel signe placez vous la saison qui démarre le 27 septembre prochain ?
Benjamin Djoumessi :Je place particulièrement cette saison sous le signe de la bonne évolution du professionnalisme, et de l’entente entre la fédération et les clubs.
Entretien mené par Guy Nsigué à Douala