Le chef de l’encadrement technique des nouvelles Stars de Douala, Bonaventure Djonkep scrute les maux du football camerounais. Dans un entretien qu’il nous accorde, il revient sur le match nul de New Stars à Limbe contre Njalla Quan, 2 – 2. Il a également esquissé une comparaison entre les footballeurs des années 1980 – 1990 et ceux qui évoluent actuellement. Son constat, l’absence de talent ! Entretien…
Qu’est ce qui vous a fait défaut à Limbe dimanche contre Njalla Quan (Njalla Quan – New Stars 2 – 2)?
Je suis très embêté de revenir sur ce match. Nous avons marqué un but, on s’est fait rattraper au score sur une erreur de placement. Ensuite, nous avons raté un penalty. Malgré tout on a réussi à marquer le deuxième but. Sur une erreur individuelle, on s’est fait une fois de plus rattraper au score. C’est dommage et embêtant. Cependant, nous allons travailler d’avantage notre défense qui a été frileuse par rapport aux deux derniers matchs, au cours desquels nous n’avions concédé aucun but. Nous sommes contraints de travailler d’avantage d’autant plus que les choses se resserrent. Et, il nous faut travailler doublement pour sortir de cette zone qui nous tenace (depuis le début de la phase retour du championnat ndlr).
Avez-vous la crainte de descendre en Elite two la saison prochaine ?
Descendre, descendre ! Il est vrai que nous ne sommes pas bien classés, mais notre objectif premier est de maintenir l’équipe en Elite one et nous travaillons conséquemment. Nous ferions tout pour maintenir le club.
Sur quoi était basée la séance de ce lundi ?
C’était une séance de décrassage pour les personnes qui n’ont pas joué dimanche et une séance intense pour celles qui ont joué, afin qu’elles rattrapent les deux jours passés sans exercices. Vous savez que quand on prépare un match, samedi on ne s’entraine presque pas et dimanche certains jouent en championnat, tant dis que les autres ne jouent pas. Il faut toujours essayer de rattraper les deux jours perdus.
Vous avez participé au petit match qui a ponctué la séance de ce lundi. Qu’est ce que ça vous fait de rechausser les crampons ?
C’est d’abord pour ma santé que je le fais. Vous savez qu’à mon âge, on a besoin des efforts physiques, on a besoin de travailler. Avec la succession des matchs, on n’a pas l’occasion de jouer au deux zéro (petite partie de football pour l’entretien de l’organisme et les besoins de santé ndlr). Quand j’ai l’occasion de courir, je le fais toujours pour ma santé. En plus, ça me fait toujours plaisir de jouer avec mes enfants, de travailler avec eux. Car je suis né footballeur et je le resterai jusqu’à ma mort.
Vous dites que vous êtes nés footballeur, vous étiez d’ailleurs un footballeur exceptionnel. Parlez-vous souvent de vos prouesses à vos joueurs ?
Ils étaient trop jeunes. Certains ne gardent aucun souvenir de cette époque. Cependant, d’autres m’ont vu jouer étant trop jeunes, dont on a du mal à les situer. Quelques uns ont entendu parler de moi dans les commentaires. A ceux qui évoluent à mon poste (Ailier, aujourd’hui appelé milieu de couloir ndlr), je leur donne des petites cartouches qui leur permettent de tirer leur épingle du jeu. Vous êtes sans ignorer qu’il est toujours bien de discuter de ce qu’on a eu à faire. Même si je n’aime pas parler de moi, je suis très souvent obligé de lever le ton en disant si, si… C’est ce qui fait notre fierté aujourd’hui.
Quand vous observez les joueurs de la génération actuelle et ceux de votre époque (1980 – 1990) qu’elle différence établissez-vous entre les deux générations?
Les joueurs de ma génération étaient talentueux. Ils jouaient pour s’amuser. Aujourd’hui, le football est devenu un métier et tout le monde a tendance à s’y lancer, même les personnes qui n’ont pas de talent. Par contre, hier c’était le talent pur et ce n’est pas forcément le cas de nos jours. Plusieurs se mettent au foot actuellement pour se faire de l’argent et d’autres n’aiment pas la chose. Il est toujours très embêtant de travailler avec des personnes qui n’ont pas l’amour de ce qu’ils font et sont là pour d’autres objectifs. Nous sommes obligés de composer avec toutes ces personnes pour former une équipe. Mais, il faut noter qu’il est toujours très gênant de travailler avec des enfants qui ne se donnent pas à fond.
On retrouve à New Stars ces joueurs sans talent qui ne recherchent que de l’argent ?
Ils existent dans toutes les équipes. Plusieurs joueurs se lancent dans le foot parce qu’ils veulent se faire de l’argent. Le talent pur n’existe plus beaucoup. On ne retrouve plus des véritables passionnés de football, des talents pur, c’est-à-dire des fins techniciens tel que : les Jean Louis Mama, les Rogers Milla… Nous avons du mal à trouver des joueurs pareils de nos jours. Je constate aussi que, les buteurs se font de plus en plus rares et c’est dommage pour l’avenir de notre football !
Que préconiseriez-vous pour qu’on déniche de véritables talents dans nos équipes de football ?
Il faut piocher dans les centres de formations. Pour que ceci soit possible, il doit falloir former d’avantage. A mon époque, on jouait dans la rue. De nos jours, c’est dans les centres de formations qu’il faut aller fabriquer les footballeurs. Mais, quand on moule les enfants dans des centres de formations, c’est dommage car ce n’est pas le talent pur qui émerge. Cas cela ne tienne, le salut du football camerounais passera par des centres des centres de formations. Ce que je décrie, néanmoins, c’est qu’il n’y ait pas de formateurs chevronnés dans nos centres de formations. Normalement, si on tient à relever le football camerounais, il faille qu’on mette des cadres formés dans nos écoles de football. A l’époque ou nous étions à l’école de football brasseries avec les Sadi, Wansy, Youdom, nous avons formé de très bons footballeurs. A Kadji (KSA ndlr), nous avons trouvé les Kaham… qui ont formé de grands footballeurs. Tel n’est plus le cas aujourd’hui, d’où l’absence de bons footballeurs. On gagnera en allant recruter dans des centres de formations. Avant, il faudrait y placer des formateurs de haut rang.
Entretien mené par James Kapnang