Le président de l’Union nationale des éducateurs et cadres techniques de football (Unecatef), faisant partie du staff français qui a fait le déplacement pour coordonner la sélection de l’équipe de Foot Solidaire pour le tournoi de Montaigu, donne son appréciation sur les qualités du jeune footballeur camerounais.
Camfoot.com: Quelle est votre réaction à l’issue de cette première journée de travail ?
Didier Christophe: C’est la première fois pour moi de venir en Afrique noire et spécialement au Cameroun. Je suis vraiment enthousiasmé par ce que j’ai vu. Mais pas surpris, parce qu’on connaît la qualité des jeunes joueurs africains et notamment des jeunes Camerounais. On connaît tout le potentiel de ce pays en matière de football. Ce que j’ai vu me conforte dans ce que je savais étant loin de ce pays. C’est vraiment très enrichissant pour moi, d’avoir vu ce que ces jeunes ont démontré.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de Foot Solidaire pour que vous décidiez de faire le déplacement du Cameroun ?
Foot Solidaire m’a parlé de son action sociale vis-à-vis de jeunes Africains. Après, ce qui nous a paru intéressant, c’est l’assistance technique que nous pouvons lui apporter dans l’organisation de sa sélection. Notamment, celle qui ira au tournoi de Montaigu aux mois de mars et avril.
Qu’est-ce qui fait la spécificité du jeune footballeur camerounais que vous avez regardé ?
J’ai vu tous les profils. Il y a eu de bons défenseurs centraux. J’ai vu des arrières latéraux qui étaient explosifs, bons dans la relance. J’ai vu un milieu de terrain qui avait un gros volume de jeu, des milieux offensifs qui avaient une bonne technique, un jeu orienté vers l’avant, qui avait de la profondeur dans la pénétration. J’ai vu des attaquants qui sont un peu plus félin. D’autres un peu plus puissants. C’est toute cette variété de joueurs qui fait la richesse d’un football national, notamment, celui du Cameroun. En voyant le nombre de joueurs qu’on a regardé et le nombre qu’il y a encore à voir pour la sélection du tournoi de Montaigu, on aurait largement de quoi faire deux ou trois équipes sans problème.
Quel seront vos critères de sélection pour la dernière liste ?
Ce sera la capacité d’adaptation. Il y a des petits détails qui font la différence. On voit des défenseurs centraux qui sont très puissants sur l’homme et dans des duels. Il y aura aussi le critère du défenseur central qui se déplace, se repositionne, sent les coups, et arrive à se replacer en marche arrière pour avoir le ballon dans le sens du jeu. Il y a des milieux de terrain qui reçoivent le ballon dos à l’adversaire, prennent l’information avant, jettent un coup d’œil pour savoir si autour d’eux il y a du monde. Vous avez des attaquants qui sont bons, dos au jeu, et capables de se remettre dans le sens du jeu, capables d’anticiper les relances de leurs défenseurs centraux, des arrières latéraux dans l’espace libre, vers le poteau de corner, par exemple. Tous ces petits détails seront intéressants à voir. Des attaquants qui, en position de frappe tente leur chance et tire aux buts, comme on a pu le voir dans la dernière phase de jeu.
Vous ne faites pas allusion aux gardiens de buts. Rien n’a retenu votre attention à ce niveau ?
J’ai vu des gardiens de buts très bons sur leur ligne, avec deux ou trois arrêts réflexes. J’en ai vu qui jouaient haut lorsque l’équipe était dans la moitié du terrain adverse, qui sortaient vers l’avant, pour gérer la profondeur des attaques adverses. Ils n’ont pas été très sollicités dans le jeu aérien. La relance des gardiens de buts a été moins bonne que ce qu’on est en droit d’attendre. Leurs ballons montent très haut et mettent du temps à redescendre dans les pieds du défenseur. Dès lors, plus le ballon met du temps en haut, plus l’attaquant a le temps de venir mettre la pression. A cet âge, si on savait tout, ça ne servirait à rien de faire la formation. Il y a, croyez-moi, du gros potentiel au Cameroun.
Propos recueillis par Antoine Tella à Yaoundé