Le nouveau sélectionneur du Cameroun et son premier adjoint, François Omam Biyik, étaient face à la presse ce vendredi soir au Yaoundé Hilton. Le technicien basque très détendu n’a éludé aucune question malgré son français tinté d’espagnol. Camfoot vous propose l’intégralité des propos des deux techniciens dans les médias nationaux et internationaux.
Question : Comment vous vous sentez au moment où vous signez un contrat avec une équipe qui a rencontré beaucoup de problèmes pendant la coupe du monde, comment appréhendez-vous la tâche qui vous attend ?
Javier Clemente: Merci beaucoup pour tout, je parle français juste un peu, j’ai surtout parlé français quand j’entrainais l’Olympique de Marseille. Mais pour notre premier contact je vais parler en espagnol et François Omam Biyik va traduire, et pour le futur j’espère bien parler français avec tous les journalistes. (Il continue néanmoins en français) Le président de la fédération m’a demandé si je peux entrainer le Cameroun, j’ai tout de suite accepté parce que c’est différent et je voulais aussi découvrir l’Afrique que je ne connais pas. Le football africain a beaucoup évolué et le Cameroun rivalise avec les autres grands pays du football dans le monde.
Question : Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter l’offre de la Fecafoot de venir entrainer le Cameroun ?
Javier Clemente: C’est très important d’entrainer une équipe nationale, c’est d’autant plus important d’entrainer une équipe comme le Cameroun, comme j’ai dit qui rivalise avec les plus grands pays du football. C’est vrai que lors de la coupe du monde en Afrique du Sud, le Cameroun ne s’est pas bien comporté, la Cote d’Ivoire aussi, la France, même le pays organisateur ne s’est pas bien comporté. Vous savez, c’est un phénomène normal, en football il y a des hauts et des bas. Le président m’a dit qu’il souhaite que le Cameroun retrouve sa place dans l’échiquier mondial, j’ai accepté. Je crois que ce qu’il y a à faire c’est le travail, le travail et rien que le travail.
Question : Vous venez d’être recruté et vous arrivez à quelques jours d’un match, comment allez-vous aborder ce match quand on sait que vous n’avez pas sélectionné de joueurs ?
Javier Clemente: C’est très difficile votre question. Je connais bien les joueurs camerounais, mais ce n’est pas moi qui ai fait la liste, c’est François, Songo’o et la fédération. Et pour moi il n’y a pas de problème, mardi prochain à Maurice je vais travailler avec les 23 joueurs pendant 4 jours et samedi nous jouons le match officiel. Je vais aligner les 11 meilleurs pour gagner l’Ile Maurice, et pour le prochain match en octobre à Yaoundé, je vais peut-être avoir les joueurs différents ou alors je vais changer un ou deux joueurs. Mais si l’équipe joue très bien je ne vais pas changer l’équipe.
Question : Vous avez eu des démêlés avec Samuel Eto’o, même si vous avez démenti. Comment allez-vous gérer le cas Eto’o ?
Javier Clemente: Samuel Eto’o a joué 8 ou 9 ans en Espagne, on n’a jamais eu de problème. J’ai de très bonnes relations avec Samuel même, si je n’ai jamais travaillé avec lui. Il a joué au Real de Madrid, à Mallorca et à Barcelone et je n’ai jamais entrainé ces trois clubs. J’ai entrainé l’équipe nationale d’Espagne et d’autres clubs, mais ma relation a vec Eto’o est correcte. Pour moi pour le moment au niveau mondial, Eto’o est parmi les meilleurs joueurs du monde et même le meilleur.
Question : Je ne sais pas ce que vous êtes venu faire au Cameroun, quand je regarde votre parcours depuis 2001 vous avez été chassé dans 7 clubs. Étant un entraineur looser est-ce que vous pouvez ramener le Cameroun au podium, parce que le dernier club en date que vous avez envoyé en deuxième division c’est le Real Valladolid ?
Javier Clemente: Je suis entraineur, si l’équipe n’est pas bonne on ne peut pas gagner. Si les joueurs sont bons, il n’y a pas de raison qu’on ne gagne pas. Mais si l’équipe est faible, c’est clair qu’on ne gagnera pas, je ne suis pas Dieu.
Question : Je souhaite que l’entraineur réponde en espagnol et que François Omam Biyik traduise parce que je ne comprends pas le charabia qu’il parle depuis le début. Après la coupe du monde, il y a certains joueurs qui n’ont plus jamais été appelés en équipe nationale. Il s’agit de Alexandre Song, Idriss Carlos Kameni et Achille Emana, est ce que vous comptez les rappeler en équipe nationale ?
Javier Clemente: Je sais que mon français n’est pas bon, si vous voulez que je parle en espagnol et que François traduise pour moi c’est plus facile, mais je vais continuer en français en vous promettant d’améliorer mon français la prochaine fois. Pour ce qui est de votre question, parlant de Song, Kameni et Emana, je connais la situation, je n’ai pas encore parlé avec les trois joueurs. En Espagne les journalistes ont dit qu’il y avait beaucoup de problèmes dans l’équipe du Cameroun pendant le mondial. Ce que je vais faire c’est parler avec Songo’o, François et le président de la Fecafoot pour savoir ce qui s’est passé, et mardi en Ile MAURICE je vais parler avec les joueurs pour savoir ce qu’ils pensent. Le 30 je vais parler avec Samuel Eto’o, après j’irai à Séville pour parler avec Achille Emana, ensuite j’irai en Angleterre pour parler avec Alexandre Song et je serais à Barcelone pour parler avec Kameni. Si après il n’y a pas de problème, maintenant je vais voir ; si ces joueurs sont meilleurs ils vont retourner dans l’équipe, si je préfère autres joueurs à leur place ils ne seront pas retenus en sélection.
Question : Allez-vous réellement résider au Cameroun ?
Javier Clemente: Tous les joueurs de l’équipe nationale du Cameroun jouent en ce moment en Europe. À partir d’aujourd’hui François va habiller ici au Cameroun pour travailler avec les jeunes et remonter leur niveau. Je vais souvent revenir lorsque nous avons les matches ici, mais je vais aussi revenir pour 10 jours (tous les 2 mois) travailler avec François pour voir comment intégrer les jeunes du championnat camerounais. Mais habiter ici tous les jours ce n’est pas possible, parce que tous les joueurs de l’équipe nationale sont en Europe.
Question : Est-ce que vous allez qualifier le Cameroun pour la prochaine Can ? Êtes-vous à mesure de remporter cette coupe d’Afrique des nations qui se joue tout près de nous ?
Javier Clemente: Le Cameroun peut remporter la coupe d’Afrique, et en ce moment en Afrique il y a au moins 8 pays qui peuvent gagner une coupe d’Afrique. Notre souhait c’est de gagner, c’est pourquoi nous allons travailler pour gagner, mais n’oubliez pas que les autres veulent aussi gagner parce qu’à la fin de la compétition, une seule équipe gagne. Je crois pour ma part que le plus important c’est de bien jouer, de bien travailler, et surtout travailler pour le futur parce que si Eto’o joue bien aujourd’hui, demain il va arrêter. François était un très bon joueur, mais aujourd’hui c’est fini et là il est entraineur. Pour le moment le Cameroun a beaucoup de joueurs qui évoluent au milieu de terrain, très peu de joueurs qui jouent sur le côté en défense et au milieu. Il y a 7 ans beaucoup de jeunes joueurs camerounais de 18 ans arrivaient en Espagne, mais depuis quelque temps plus rien, il faut travailler.
Question : Vous avez dit que vous connaissez la majorité des joueurs camerounais, si vous devez choisir un capitaine pour cette équipe du Cameroun çà sera qui ?
Javier Clemente: En ce moment le capitaine qui a été désigné pas l’ancien sélectionneur c’est Samuel Eto’o, et si je dois choisir le capitaine, je choisirai le même que monsieur Le Guen, c’est-à-dire Samuel. Pourquoi, parce que le capitaine est important pour deux choses. La première pour gérer le vestiaire, l’autre chose, le capitaine c’est sur le terrain avec les arbitres. En coupe du monde les arbitres pour la plus part sont les européens, et pour ces arbitres, Samuel Eto’o qui joue en Europe peut facilement leur parler sans qu’ils ne se fâchent.
Question : On vous a présenté dans la presse comme un homme raciste, je voudrais avoir votre avis sur cette question de racisme ?
Javier Clemente: Je respecte tous les journaux, ils disent que je suis raciste, je crois que ce n’est pas nécessaire de répondre. Vous croyez que si j’étais raciste je signerais pour le Cameroun ? Ce n’est pas possible, je ne suis pas venu ici pour de l’argent, j’ai entrainé l’Espanyol de Barcelone pendant 4 ans avec Thomas Nkono, j’ai entrainé Marseille qui avait 15 joueurs africains, c’est impossible, je ne suis pas raciste.
Par Guy Nsigué à Yaoundé
Questions à François Omam Biyik
Question : Ça va dans tous les sens au Cameroun depuis qu’on vous a nommé, dites nous quel est votre véritable niveau dans l’entrainement ?
Omam Biyik: Pour toi et pour tous les Camerounais qui s’interrogent sur mon niveau d’entrainement, ils les auront dans les prochains jours quand ils me verront à l’entrainement. L’implication que je pourrais apporter à cette sélection. C’est facile de réciter maintenant, mais je crois que c’est sur le terrain qu’il faut voir ma manière de travailler.
Question : Quelle est la situation de Armel kana Biyik le fils de votre frère André Kana Biyik ?
Omam Biyik: En ce qui concerne Jean Armel, à ma connaissance il a été contacté avec ses parents pour rejoindre la sélection. Pour le moment cela ne s’est pas fait. Est ce que ça va continuer, laissons d’abord l’équipe se mettre en place, peut être on aura l’occasion d’en reparler. Mais il faut savoir que pour jouer à l’équipe nationale il faut d’abord avoir l’envie de venir, il faut avoir l’âme d’un Camerounais.
Question : Quand vous étiez là pour le cinquantenaire, vous aviez dit que vous teniez à rentrer dans la tanière. Êtes-vous content aujourd’hui de faire partie de cette équipe nationale ? Il y a eu un réel problème à la coupe du monde pour vous quel est ce problème ?
Omam Biyik: Mon souhait était de rejoindre la sélection, je serais satisfait que si on gagnait des titres. Pour gagner des titres, il faut que les joueurs prennent ce projet en main, parce que c’est eux qui sont sur le terrain. On peut ne pas être des amis dans la vie, mais quand on est en équipe nationale et qu’on a le même objectif on défend les couleurs du pays, c’est ce message que je vais faire entendre à ce groupe qui est talentueux. Ils ne jouent pas pour eux, mais pour leur pays, ils représentent un peuple. On va travailler dessus. Maintenant c’est le football, quand le ballon tombe il peut rebondir à gauche ou à droite.
Par Guy Nsigué à Yaoundé