La présidente du Conseil d’administration de Canon de Yaoundé rassure que ses joueurs auront leurs salaires. Mais, en même temps, elles se défend sur les accusations portées contre elle et accusent ceux qui mettent de l’énergie pour détruire le club.
Les joueurs ne s’entraînent pas revendiquant les salaires. De quoi est-il question ?
Je vous revoie auprès de ces joueurs et plus précisément auprès de la Ligue de football professionnel, parce que ce n’est pas moi qui paye de ma poche les salaires des joueurs. C’est une responsabilité de la Ligue de football professionnel, qui devrait virer cet argent aux clubs. Et jusqu’aujourd’hui aucun franc n’a été viré à un club. Ce n’est pas l’affaire de Canon. Mais, selon des informations que nous venons d’avoir de la Ligue, les clubs vont recevoir de l’argent pour les salaires des joueurs au début de la semaine prochaine. Des apprentis sorciers, qui sont à la solde de certaines personnes, veulent détruire le Canon. Je préfère répondre des actes qui sont les miens. Madame Eko n’est pas responsable des salaires des joueurs de Canon. Je m’attendais à ce que vous me parliez d’une prime de match gagnée. J’ai été ferme là-dessus. Il est inadmissible que sur neuf matchs, qu’on perde huit et qu’on réclame une prime de match gagné. C’est honteux pour des jeunes qui se disent joueurs de Canon. Ceux qui instrumentalisent les joueurs de cette façon ne rendent pas service à Canon. Ce n’est pas à moi qu’on ne rend pas service. S’ils veulent aller là-où ils veulent amener cette équipe, ce n’est pas à madame Eko qu’ils rendent ce service. C’est au Canon qu’ils prétendent aimer qu’ils rendent ce mauvais service.
Comment n’avez-vous pas cherché à régler ce problème de salaire des joueurs avant d’attendre la Ligue ?
Je crois que je ne suis pas la seule passionnée du Canon. A l’heure où je vous parle, j’ai reçu 500 000 FCFA de la Ligue depuis le début du championnat. Pour les neuf matchs, je supporte seule tous les déplacements et les primes d’entraînements de Canon sportif de Yaoundé, sans l’aide d’aucun administrateur. Quand vous connaissez ce que coûte l’organisation d’un match, allez faire les calculs et voir à quel niveau de dépenses j’en suis. Pour ce qui est des primes d’entraînements, je ne dois qu’une semaine de primes d’entraînements, puisqu’elles se payent par semaine, que je devais. Et cela a été payé mercredi. Nous sommes tous passionnés du Canon. Il ne faut pas aller se montrer passionné à la télé ou sur un stade quand Canon a gagné. Il faut participer à la vie quotidienne du club. C’est de ça qu’il s’agit de participer à la vie quotidienne de cette équipe et j’insiste là-dessus.
Votre vice-président a démissionné par exemple. Si vous êtes la seule à tenir cette équipe, parce d’autres personnes ont décidé de se mettre de côté, est-ce que vous n’envisagez pas une voie de dialogue ?
Il n’a jamais démissionné, parce que je n’ai jamais reçu la démission de maître Ebah. C’est vous qui me l’apprenez.
Il a parlé des résolutions de ce Conseil d’administration non respectées …
Il faudrait que des gens aient été avant de se retirer. Dernièrement, il y a eu un Conseil d’administration dont M. Ebah était le rapporteur. Il était chargé de se rapprocher des sages pour un apaisement. S’il ne l’a pas fait, ce n’est pas ma faute. Je ne peux pas tout faire.
Vous n’allez pas laisser la famille du Canon éternellement divisée …
Dans le même ordre d’idée, dans mon communiqué, il était clair que depuis deux ans, je n’ai que trois administrateurs qui ont cotisé, qui se sont acquittés de leurs obligations. Quand un administrateur passe deux ans sans acheter sa carte ni s’acquitter de son obligation de cotisation d’un million cinq cent mille francs pour la vie du club, que peut-on attendre de cet administrateur ?
Etes-vous prêtes à les accueillir pour le dialogue ?
Pas plus tard que dimanche dernier – et je peux vous renvoyer vers le chef Bélibi qui a reçu l’équipe à Douala – et je peux vous prendre un exemple. Il y a de cela deux semaines, le chef de Nkolmesseng est venu me rencontrer. J’ai dit que je n’avais aucun problème avec qui que ce soit. Le Canon est une famille et je n’ai pas dit que je n’étais pas prête à ce qu’on s’asseye autour d’une table. Et je suis même allée au point de leur demander de me donner le nom de celui qu’ils estiment qu’il peut présider aux destinées de Canon. Ça dure déjà un mois que j’attends ce nom. J’ai été clair dans mon communiqué, qu’on trouve un directeur général, un directeur général-adjoint et un comptable, soit ceux qui vont gérer l’équipe au quotidien.
Apparemment, ils attendent que cela soit fait au cours d’une assemblée générale …
D’après le communiqué final du Conseil d’administration, c’est clair, nous allons convoquer une assemblée qui ne saurait tarder. Pour l’instant, je ne suis pas en mesure de vous donner cette date. Pas que nous ne la connaissons pas. Nous sommes au regret de constater, lorsqu’il a fallu effectuer des travaux sur le stade de Nkol-Ewoué pour nous rendre compte que ce stade n’appartient pas au Canon. On menace de poignarder un joueur de Canon qui va s’y entraîner. Je ne veux pas être responsable de ce qui peut arriver à un enfant du Canon actuel dont j’ai la charge. Dès lors que des gens sont habités par un esprit négatif, c’est pour nuire à cette équipe. On va dire que des gens sont allés enterrer des chats pour que Canon perde, ce n’est pas à moi qu’ils rendent ce service. Je me serais attendu à ce que Canon soit en tête du championnat et je puis vous le rassurer, s’ils avaient œuvré pour que Canon gagne tous ses matchs, je leur aurais dit au revoir normalement. Ce n’est pas en faisant sombrer le Canon qu’on prouve qu’on aime cette équipe. Peut-être que ces gens font tout cela pour d’autres intérêts, plus personnels que ceux du Canon. Ce n’est pas après une finale de Coupe du Cameroun qu’on devrait se diviser. Peut-être que certains ruminent encore mal le fait qu’ils n’étaient pas de la délégation des dirigeants ayant eu l’honneur de serrer la main du chef de l’Etat lors de la finale. Ce n’est pas pour cela qu’ils doivent faire vivre ce genre de stress à ces enfants que nous sommes chargés d’encadrer. En tant que parent d’enfant, ce n’est pas normal. Il faut se comporter en responsable. Nous avons pu insérer des joueuses de Canon filles dans la vie active. Cette année, nous avons le projet de le faire pour les joueurs. Si ma tête ne plaît pas à certaines personnes, qu’ils sachent aussi que j’ai le droit de voir que la tête de certains ne me plaise pas aussi. Ce n’est pas pour autant que je vais faire en pâtir l’équipe.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé