Jean Claude Pagal a débuté sa carrière dans le championnat de France en 1983, puis a évolué à la Roche sur Yon, Saint Etienne, Martigues et l’America de Mexico. Il fait partie de l’équipe mythique des Lions de 1990 qui disputa la coupe du monde en Italie. Entré en cours de jeu contre la Roumanie à la place d’Emmanuel Kundé et contre l’URSS à la place de Cyrile Makanaky, il fut titularisé par le russe Valeri Nepomniachi et disputa en totalité le quart de finale perdu 2-3 contre l’Angleterre.
Son aventure avec les lions prendra fin a la veille du mondial 1994, alors qu’il fut écarté par l’entraîneur français des Lions Indomptables, Henri Michel.
Depuis sa retraite sportive, Jean Claude Pagal est resté très discret. Camfoot l’a rencontré a Créteil à quelques heures du match Cameroun – Sénégal.
Camfoot.com: Qu’est-ce que vous devenez depuis votre retrait de la scène internationale ?
Jean Claude Pagal: J’ai fait des études de sophrologie[*], que je continue du reste. Je me spécialise dans la sophrologie sportive. J’ai commencé à m’occuper de jeunes sportifs, dont des tennismen et des footballeurs. Je m’occupe d’ailleurs de quelques joueurs de l’équipe nationale de football du Cameroun.
Camfoot.com: En l’occurrence ?
Jean Claude Pagal: Je n’ai pas le droit de citer leur nom. Ils pourraient eux-mêmes vous le dire; le domaine dans lequel on évolue requiert une discrétion de tous les instants.
Camfoot.com: Quel est le regard que vous portez sur cette équipe du Cameroun ?
Jean Claude Pagal: Si je disais, le regard d’un grand frère sur ses petits frères, ce serait assez prétentieux. C’est plutôt le regard d’un amoureux de football qui regarde d’autres footballeurs s’exprimer avec peut-être plus encore d’élégance.
Camfoot.com: Quel conseil donneriez vous aux joueurs de cette équipe ?
Jean Claude Pagal: Je leur demanderais d’être plus rigoureux, plus présent. On ne leur demande pas la parenthèse ou l’argumentation, on leur demande tout simplement de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Camfoot.com: Quels sont les souvenirs que vous gardez de votre passage à l’équipe nationale du Cameroun ?
JCPagal : Toute une vie ne peut pas se débiter en dix minutes, en cinq mots; c’est quasiment impossible – Il y a plein de choses au fonds de moi qui ne sont pas mortes qui pourraient rejaillir – c’est pas facile d’en parler.
Camfoot.com: Pourquoi ? Avez-vous encore des remords sur les conditions de votre départ de l’équipe nationale ?
Jean Claude Pagal: Non non , ce n’est pas une question de remords. C’est tout simplement parce que lorsqu’on aime vraiment quelque chose et qu’on se donne à fond, il est difficile de pouvoir l’exprimer aux autres.
Camfoot.com: Vous êtes quand même parti de cette équipe alors que vous étiez encore bien en jambes ?
Jean Claude Pagal: Mais vous savez, il y a des choix à faire dans la vie. Il y a des entraîneurs qui arrivent, qui font des choix et ces choix ne sont pas toujours conformes à la logique. Il faut l’accepter et se dire que ce n’est pas grave, passer outre, recommencer. J’ai donc fait un choix simple en me disant que le mieux c’est d’arrêter. C’était le meilleur chemin à suivre à partir du moment où je n’étais pas en harmonie avec certaines personnes.
Camfoot.com: En voulez-vous à Henri Michel de vous avoir exclu de cette équipe ?
Jean Claude Pagal: Non. C’est un homme. Et Comme dirait le Christ, que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. Hé bien ! Je ne veux pas lui jeter la première pierre parce que je pense avoir fait beaucoup plus de bêtises que lui.
Camfoot.com: Avez-vous gardé le contact avec d’anciens partenaires de l’équipe nationale ?
Jean Claude Pagal: Oui bien sûr. Nous avons quelques matchs que nous livrons ensemble et dernièrement d’ailleurs nous sommes allés au Mexique pour disputer un match de gala pour le jubilé de François Omam Biyik au stade Azteca avec plus de 35 000 spectateurs . C’était un bel hommage.
Camfoot.com: Faites-vous partie de ceux qui pensent qu’il y a un problème de renouvellement des cadres de cette équipe du Cameroun ?
Jean Claude Pagal: Non Non. Il y a des gens qui ont pris la charge de cette équipe. Ils essaient justement d’aider à la reconstruction. Je pense que le vivier camerounais est très important . Maintenant ne laissons pas non plus tous ces jeunes gens qui vont signer en Europe changer de nationalité et ne plus revenir vers leur pays d’origine. C’est la seule crainte que je peux avoir, de perdre certains talents parce que les horizons sont bouchés. Il y a eu un Diego, il n’y en a pas eu dix mille. Il y un Milla , il y a un Eto’o , Y en a pas dix mille. Voilà. Je veux dire qu’il faut éviter de perdre les jeunes talents.
Propos recueillis par Essindi Mangamba à Créteil
* Selon le Larousse : « ensemble de pratique visant à dominer les sensations douloureuses et les malaises psychiques, afin d’atteindre un développement plus harmonieux de la personnalité »