A trois journées de la fin du quarante huitième édition du championnat national, l’ancien Lion indomptable refait l’actualité et dresse le bilan de sa saison à la tête de l’encadrement technique des Kamakaï. Les Lions Indomptables, les compétitions nationales et les coupes africaines des clubs au centre de l’entretien.
Camfoot.com: Union de Douala réalise sa meilleure saison depuis au moins trois ans. Et l’on vous considère comme le chef d’orchestre de ce nouvel élan…
Bonaventure Djonkep : On se fait simplement plaisir en jouant bien au football. L’année passé, nous avons connu une saison un peu timorée parce que nous ne maîtrisions par les joueurs trouvés en place. Passée la phase de rodage, on s’est lancé vers la conquête de la Coupe. Nous l’avons eue. Cette année, après les troubles qui ont suivi notre élimination en coupe d’Afrique, nous nous étions fixés l’objectif de remporter le championnat. Je peux encore dire, si les moyens financiers et matériels suivent, que Union sera mieux représentée en champions league, sinon faire que ce qu’ont fait les Astres cette année.
Camfoot.com: Quelles sont les clés de votre réussite à la tête de cette équipe ?
Bonaventure Djonkep : Nous avons la chance de travailler en synergie avec des techniciens chevronnés qui ont accepté transmettre leur expérience aux jeunes. Je suis l’entraîneur principal, Roger Feutmba assure les fonctions de Directeur sportif. Avec l’appui d’un autre entraîneur de haut niveau, Gérard Mbimi, nous aidons cette équipe à fonctionner et à progresser depuis deux ans. Je peux aujourd’hui affirmer que nous avons gagné notre pari. Le fait de connaître la mentalité des dirigeants administratifs et des supporters pour y avoir évoluer pendant au moins cinq saisons a également joué en ma faveur. Cet ensemble d’éléments a permis à Union de Douala de retrouver son vrai niveau. C’est tant mieux pour tout le monde.
Camfoot.com: Il y a deux ans, Union de Douala a échappé de justesse à la relégation en jouant sa survie en D1 au tournoi interpoules disputé à Douala et Buea. Peut – on dire que la rétrogradation de cinq clubs en deuxième division cette année vous a donné des ailes ?
Bonaventure Djonkep : Nous avons assimilé la leçon. C’est une saison que nous avons mené tambour battant. Union de Douala n’a pas fait piètre figure en coupe de la Caf. Nous avons été éliminés au second tour à cause des manigances de l’arbitre au Nigeria. En coupe du Cameroun, nous sommes tombés aux tirs au but devant un morceau très dur à Akonolinga, sur une aire de jeu qui n’était pas faite pour jouer au football. Nous avions heureusement encore toute notre saison devant nous. Il a donc fallu se concentrer sur le championnat. Aujourd’hui, nous allons participer à la ligue des champions, la plus prestigieuse des compétitions continentales interclubs. Nous avons l’intention d’aller prospecter aux interpoules, le mois prochain. Les joueurs que nous recruterons éventuellement seront associés aux anciens du groupe, qui ont eu la chance de participer à la campagne africaine en début de cette saison.
Camfoot.com: A quel niveau Cotonsport a fait la différence en championnat, par rapport à Union ?
Bonaventure Djonkep : Cela ne me ferait vraiment pas plaisir de rater d’un cheveu un titre tout à fait à notre portée. En début de saison, nous avons connu un retard à l’allumage, freinés par une série de matches nuls. Et pendant ce temps, Cotonsport prenait le large. Union de Douala a par la suite manqué de constance. Nous avons régulièrement connu une évolution en dent de scie, renouant chaque fois avec des contre-performances, après une ou deux victoires d’affilée, justement au moment où nous croyions les choses aller pour le mieux. Une bonne équipe doit briller par sa régularité, pouvoir jouer dix matches sans changer de rythme. Malgré notre inconstance, nous continuerons à mettre la pression sur Cotonsport. L’écart est de trois points après notre nul d’un but partout face à Tonnerre, dimanche, mais il y a encore trois journées à disputer, dont neuf points à prendre. Cotonsport de Garoua n’est pas encore sacré…
Camfoot.com: Le championnat 2007 – 2008 démarre au mois de novembre, indépendamment de la finale de la coupe du Cameroun. Quelle analyse faites-vous de ce chronogramme établi par la Fédération camerounaise de football ?
Bonaventure Djonkep : Cette décision de la Fécafoot est salutaire dans la mesure où elle va permettre aux clubs qualifiés d’être prêts au moment où démarreront les compétitions continentales. Nos équipes, par le passé, ont eu maille à rentrer en coupe africaine en raison du démarrage tardif du championnat camerounais, en février, soit à moins d’un mois du coup d’envoi des coupes d’Afrique des clubs. Le souci des responsables fédéraux, des dirigeants et de joueurs est de permettre à ces derniers d’avoir au moins dix matches de championnat dans les jambes avant leur entrée sur la scène continentale. Pour une meilleure représentativité de notre pays en compétition africaine, il faudrait que le championnat commence tôt.
Camfoot.com: D’une manière générale, quelle appréciation faites-vous de cette 48ème édition du championnat national ?
Bonaventure Djonkep : C’est l’un des meilleurs de ces dix dernières années. La compétition a été très serrée du début à la fin. Contrairement aux éditions antérieures, on ne sait toujours pas à quelle équipe reviendra le titre de champion cette année. Les joueurs ont mouillé le maillot. La programmation des rencontres n’a pas connu de gros problèmes, les matches se sont joués sans anicroches… Il y a eu plus de victoires à l’extérieur, dans l’adversité, nonobstant les combines des arbitres. Il faudrait que chaque arbitre, quelque soit ses origines, fasse correctement son travail. L’avenir de notre football en dépend. Notre objectif est de le voir retrouver ses lettres de noblesse.
Camfoot.com: Canon – Union comme plat de résistance à la dernière journée. Voilà une rencontre suicidaire pour les Kamakaï à qui tout faux-pas est désormais interdit…
Bonaventure Djonkep : Nous sommes prêts à relever le défi. Nous ne craignons pas d’affronter le Canon, à Yaoundé, à la dernière journée. Nous sommes capables d’en venir une nouvelle fois à bout. Les statistiques plaident largement en notre faveur. Canon a 11 points de retard sur nous. Alors jouer contre Canon, Espérance à Guider ou Tonnerre à Douala ne nous fait pas peur. Notre souci primordial est de donner les moyens matériels et financiers à Union pour gagner des matches partout, contre n’importe quel adversaire. Tout dépendra du mental de nos joueurs.
Camfoot.com: Comment avez-vous accueilli la perte de neuf places par le Cameroun au dernier classement Fifa ?
Bonaventure Djonkep : C’est une situation très regrettable. Le Cameroun doit miser ses forces sur une politique de conquête à l’extérieur. C’est une aberration de penser qu’un pays se juge uniquement au niveau de son équipe nationale, au détriment de ses clubs. De plus, les Lions indomptables n’ont pas d’entraîneur depuis de longs mois (janvier 2007, Ndlr). Le groupe, malgré les apparences, n’est pas serein. C’est tout à fait normal que le Cameroun chute de plusieurs crans au classement Fifa. C’est ce qui me fait le plus honte. A moins de quatre mois de la coupe d’Afrique des nations de football, le temps est venu de doter enfin cette sélection d’un staff technique, avec des moyens nécessaires. Le gouvernement a intérêt à choisir rapidement un entraîneur pour les Lions.
Entretien avec Jean Robert Frédéric Fouda à Yaoundé