Le Président de la FIFA Joseph S. Blatter a accordé à FIFA.com un long entretien pour faire le bilan de 2010 et évoquer les objectifs de 2011 et plus loin encore. Dans une deuxième partie consacrée à l’avenir, il évoque le FIFA Ballon d’Or, la Coupe du Monde de la FIFA 2014, le football féminin, l’arbitrage, la task force Football 2014, entre autres choses.
L’année 2011 commence avec le FIFA Ballon d’Or, dont on connaît déjà les trois nominés : Andres Iniesta, Lionel Messi et Xavi. Que pensez-vous de ces trois joueurs ?
En année de Coupe du Monde, c’est très logique qu’il y ait deux nominés sur trois qui soient espagnols, le pays des champions du monde. Quant au troisième, l’Argentin Lionel Messi, personne ne peut nier que c’est un joueur d’exception. Parmi les trois entraîneurs nominés, il y a d’ailleurs également Vicente del Bosque, le sélectionneur de l’Espagne.
Et comment expliquez-vous l’absence des Brésiliens, en général grands pourvoyeurs de nominés ?
Dans les nominés pour le FIFA/FIFpro World XI, il y a tout de même des Brésiliens, mais surtout des défenseurs. Cela peut surprendre mais cela correspond à la manière de jouer du Brésil à la Coupe du Monde 2010, c’est à dire à l’européenne, en se basant sur une assise défensive conséquente : Julio César, Maicon, Lucio, Juan, Michel Bastos. Ce n’était pas le style brésilien.
En revanche, les trois nominés sont des petits gabarits. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Cela prouve que le football est ouvert à tous. Il n’y a pas besoin d’être très grand ou très fort pour bien jouer. C’est une réalité qui ne date pas d’aujourd’hui. Des attaquants comme Gerd Müller, Uwe Seeler, Diego Maradona ou Jean-Pierre Papin, étaient eux-aussi des petits gabarits !
Après 2010, on voit déjà poindre 2014…
Oui… La Coupe du Monde de la FIFA 2014 se déroulera au Brésil dans un peu plus de trois ans. Le tirage au sort préliminaire se tiendra déjà le 30 juillet prochain. Il reste beaucoup de travail en termes d’infrastructures, il ne faut donc pas perdre de temps.
Se rendre au Brésil, c’est un peu un retour au pays du football ?
Retourner en Amérique du Sud me réjouit. La dernière fois c’était en 1978, il y avait 16 équipes. Maintenant il y en a 32 et surtout, la Coupe du Monde a pris une toute autre envergure depuis. Mais la Coupe du Monde est un tel événement que, où que l’on aille, nos partenaires nous suivent, que ce soit la télévision ou le marketing.
Vous évoquiez le rôle social d’une Coupe du Monde. Quel pourrait-il être au Brésil ?
Au Brésil, nous pourrons laisser des infrastructures dans les provinces. Le Brésil est très concentré sur Rio et Sao Paulo. Pour la Coupe du Monde, nous allons vers le Nord et nous allons en Amazonie à Manaus. C’est un pays émergent de quelque 200 millions d’habitants, très multiracial, mais où il y a aussi de la pauvreté. L’héritage que la Coupe du Monde permettra sans doute d’améliorer cela également.
Mais avant Brésil 2014, l’année 2011 sera elle aussi chargée…
En 2011, il y a quatre compétitions de confédérations : la Gold Cup de la CONCACAF, la Coupe d’Asie au Qatar, la Copa América en Amérique du Sud, le CHAN en Afrique. Et il y a cinq rendez-vous mondiaux de la FIFA : la Coupe du Monde féminine, le U-17 masculin, l’U-20 masculin, le Beach Soccer et la Coupe du Monde des Clubs. Nous allons encore voir beaucoup de bon football cette année !
La Coupe du Monde Féminine sera un grand événement. Qu’en attendez-vous ?
C’est important de jouer au milieu de l’Europe, dans un pays où le football féminin est fort. Le football féminin a du mal à être accepté par la sphère économique, les gens n’y croient pas. L’Allemagne peut changer cela en organisant bien l’épreuve mais surtout en assurant des stades pleins. Le match d’ouverture à Berlin devrait déjà compter 50 000 spectateurs, c’est une belle réussite.
Pourquoi selon vous, dans certains pays, le football féminin a du mal à décoller ?
Il y a un grand engouement chez les jeunes filles pour le football. C’est un sport que tout le monde peut pratiquer. Mais à partir d’un certain âge ou d’un certain niveau, il n’y a pas ou peu de ligues professionnelles, du coup les femmes ont du mal à vivre de leur sport. Pourtant techniquement, le sport a beaucoup évolué. La finale de l’U-17 en 2010 entre le Japon et la République de Corée était de très bon niveau, par exemple.
Hormis les compétitions de la FIFA, d’autres grands thèmes seront abordés dès 2011. La création d’une « task force football 2014 » a été évoquée. Quel sera son rôle ?
La task force a pour but de faire le bilan sur l’organisation du jeu et des compétitions. Je vous donne quelques exemples : on donne trois points par victoire, un point pour un nul. On peut se poser la question de savoir si c’est une bonne chose, on peut en discuter. La prolongation, est-ce le seul moyen en cas de nul ? Et s’il y a une prolongation, comment terminer le match ? Est-ce que le but en or est une option à réétudier ? Certains l’ont aimé, pas d’autres. Il y a beaucoup d’aspects des compétitions qui peuvent être discutés.
Quels autres thèmes pourraient être discutés ?
L’autre grande question est celle du calendrier. Selon moi, et Michel Platini est d’accord, les championnats des ligues sont trop longs car il y a trop d’équipes, trop de matches. Un championnat de 20 équipes, cela fait 38 matches, plus les Coupes nationales, Coupes de la ligue, etc. Il y a un conflit d’intérêts entre les équipes nationales et les clubs sur ce sujet. Certains se plaignent que les joueurs sont fatigués ou blessés. Ce n’est pas à cause du calendrier international… Bref, c’est une question qui mérite discussion.
Et pour l’arbitrage, qui a subi quelques critiques récemment, quelles sont selon vous les prochaines étapes ?
L’objectif est clair : en 2014 n’arbitreront en phase finale de la Coupe du Monde que des arbitres professionnels. C’est une obligation. Les entraîneurs sont professionnels, les joueurs sont professionnels, il n’y a pas de raison que les arbitres ne le soient pas. Et si certains disent qu’il n’y a pas assez d’argent pour les rémunérer, je répondrais qu’il y a assez d’argent dans les ligues professionnelles…
La question du calendrier international pour les jeunes est-elle aussi d’actualité ?
Je pense que le calendrier pour les compétitions de jeunes devrait s’aligner sur le calendrier international, c’est le même principe. Quant aux tournois olympiques, la décision est valable jusqu’en 2016 : ce seront des joueurs U-23 et trois joueurs plus âgés si les équipes le souhaitent. Ces joueurs de moins de 23 ans devraient être libérés par les clubs.