Bertrand Kamdem Fondjo, directeur Général des Astres FC de Douala pense que la suspension de la Fédération camerounaise de Football (Fecafoot) de toute activité avec les autres associations membres de la FIFA et de la CAF est une issue de sortie de crise du football au pays des Lions indomptables, quadruples champions d’Afrique. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le responsable des affaires courantes des brésiliens de Bepanda s’explique…
Comment avez-vous accueilli la suspension de la Fecafoot de toutes activités avec les autres associations membres de la FIFA et de la CAF ?
Elle est décevante, dans la mesure ou le Cameroun ne participera pas aux compétitions internationales et autres. En ce qui concerne un nouveau départ, je suis pour cette suspension. Maintenant que la suspension est tombée, il faut qu’on retrousse les manches, qu’on se regarde dans les yeux et qu’on cherche exactement ce qu’on veut faire de notre football.
Vous dites que vous êtes pour cette suspension ?
Non, je suis pour la suspension. Je suis pour un nouveau départ. Il faut qu’on mette les bases solides. Quand vous construisez sur le sable mouvant, c’est pour vous créer des problèmes. La FIFA donne l’opportunité au Cameroun d’avoir une institution forte. Le président Obama a dit qu’il faille des institutions fortes en Afrique. L’Afrique n’a pas besoin d’homme fort, mais d’institution forte ; je suis de cette école.
La FIFA pour suspendre la Fécafoot parle d’ingérence du gouvernement camerounais. Pour vous y a-t-il eu ingérence ou pas?
Je puis vous dire que le football camerounais se porte très mal. Tout ce qui peut aider à relever le niveau de notre football est bienvenu. Mon travail est centré dessus. Ma préoccupation est de contribuer à redorer le blason du football camerounais. Si cette suspension peut nous aider à travailler sereinement, tout en permettant au football camerounais de retrouver sa place d’antan à l’échiquier international, je serais pour cette suspension. Car je suis pour un nouveau départ.
Si jamais cette suspension se confirmait, aucun club camerounais ne disputerait les compétitions africaines, même pas Coton Sport de Garoua qui jouera les matchs de phase de poule de la champions league le 21 juillet…
On ne peut pas faire les omelettes sans casser les œufs. Peut-être cette année on doit opérer quelques sacrifices. Cependant, pour le futur de nos enfants, il faudrait les faire. Le monde a toujours fonctionné ainsi.
Pensez-vous que pour le développement du football camerounais, il faille nécessairement une suspension de la FIFA ?
Je ne le pense pas ! Cette suspension arrive tout simplement parce que les camerounais n’ont pas pris leur destin en main. Je ne pense pas que la FIFA ait pris cette décision parce qu’elle déteste le Cameroun. Ce que je demande en tant que passionné du foot, c’est que si cette décision peut contribuer à régler les problèmes du football camerounais, elle est la bienvenue.
Pour le dirigeant de football que vous êtes, le gouvernement camerounais doit prendre acte de cette décision ou elle doit accepter le comité de normalisation demandé par la FIFA ?
Je ne vois pas ce que l’Etat vient chercher dans le football. La Fecafoot est une association privée, qu’on laisse à cet effet le privé gérer le football. L’Etat à mieux à faire que de s’occuper du foot. Je ne suis pas pour la participation de l’Etat dans la gestion du football. Je pense que la Fédération devrait trouver ses propres fonds pour s’autogérer et l’Etat devrait se mettre à l’écart. Nous avons des problèmes d’eau au Cameroun, les enfants qui ne sont pas scolarisés, je pense que l’Etat devrait s’occuper de ces problèmes et la Fédération devrait faire son travail. Pour que ceci arrive, il faudrait que nous ayons des institutions fortes. Si on veut prendre le cas des Etats Unis, l’Etat n’a rien à voir avec le football. Le Cameroun est un pays relativement pauvre qui devrait mettre ses sources au service des autres secteurs. C’est à la Fédération que revient le rôle de développer le football. Si la Fédération ne génère pas l’argent, qu’on la laisse tomber !
Sortons de cet entretien par les Astres FC, vous venez de remporter un tournoi en Angola, parlez-nous brièvement de ce tournoi
Comme je venais de le dire, les camerounais doivent prendre leur destinée entre leurs mains. Ce n’est pas l’Etat qui a négocié le match des Astres en Angola ; nous sommes allés en Angola, nous avons joué, nous sommes rentrés. Nous n’avons pas attendu un centime de l’Etat. Les gens doivent pouvoir générer leurs propres ressources. Nous sommes très contents de ce tournoi et je pense qu’il a permis aux jeunes d’acquérir l’expérience dont ils auront besoin. Pour atteindre nos objectifs, il faudrait développer des relations avec d’autres Fédérations. Multiplier des tournois pareils nous permettra d’être plus indépendants afin de parvenir aux objectifs qu’on s’est fixés. Je pense que les clubs camerounais ont besoin des initiatives de ce genre. Il est grand temps pour les clubs camerounais de travailler pour voir dans quelle mesure, ils s’en passeront des subventions de l’Etat.
Développer des relations avec les autres Fédérations. Qu’avez-vous développé avec la Fédération angolaise ?
Nous avons créé de bonnes relations avec cette Fédération qui a montré à certains de nos collaborateurs de très bons signes dans le « management ». Ils (mes collaborateurs) disent que tout était parfait. On bénéficie toujours de l’expérience des autres, quand les choses sont bien faites. Je ne souhaite pas que les camerounais continuent de penser qu’ils gagneront s’ils n’investissent pas. L’équipe angolaise (Desportivo Sagrada Esperança) nous a affrété un jet privé aller et retour, ceci coûte de l’argent. Ils l’ont fait juste pour prendre une équipe camerounaise avec qui, elle devait se frotter pour gagner en expérience. C’était également bénéfique pour nous. Car Nos jeunes ainsi que le club en ont profité. J’espère que dans le futur, les autres équipes camerounaises vont comprendre qu’il y a des horizons pareils. Il faudra qu’on aille chercher sur d’autres cieux ; c’est ça la mondialisation. Nous n’allons pas toujours compter sur l’Etat. Il faudra que nous allions chercher nos propres ressources.
Desportivo Sagrada Esperança vous a invité, pensez-vous leur retourner l’ascenseur ?
C’est très possible. Je pense que d’ici peu les dirigeants se rencontreront, soit ici (Douala) soit là-bas (Lunda Norte). Malheureusement, il y a une des équipes invitées, le Tout Puissant Mazembe qui est à l’image de ce que je veux copier, ce que je voudrais faire au niveau de l’Afrique, qui n’a pas effectué le déplacement. Leur championnat étant très serré, ils n’ont pas pu obtenir le renvoi de leur match. Voici des relations que nous sommes entrain de se tisser et je pense que dans le futur, c’est dans ce sens qu’il faudrait aller. Si les entreprises développent des partenariats avec les autres à l’étranger, pourquoi les équipes de football. Aujourd’hui, on nous demande de se professionnaliser, ce n’est pas pour que l’Etat continue d’investir dans les clubs de football. Il faudra qu’à un moment nous (les clubs) soyons fiers de nous prendre en charge.
Entretien mené par James Kapnang