Arrivé fin janvier dans l’ombre de Pascal Feindouno, Mahamadou Diarra ou Moussa Maazou, Benjamin Moukandjo n’est pas loin d’être pour l’heure la meilleure recrue monégasque de l’hiver.Déjà auteur de deux passes décisives en trois matches, le milieu offensif camerounais fait le en exclusivité pour Footafrica365 point sur la situation de l’ASM avant un déplacement à Valenciennes, l’un de clubs qui le convoitaient avant qu’il opte pour le Rocher.
Benjamin, depuis votre arrivée à l’AS Monaco fin janvier, vous réussissez de bonnes performances, mais l’équipe prend peu de points. N’est-ce pas frustrant ?
Pour le moment, à titre individuel, c’est vrai que ça se passe plutôt bien. Mais si je suis bon et que l’on ne gagne pas, cela ne sert à rien ! Depuis mon arrivée, on n’a gagné qu’un match. Ce n’est pas satisfaisant.
Qu’est-ce qui manque encore à Monaco ?
Je dirais des automatismes. Ce n’est pas évident de mettre en place un jeu collectif dans ces conditions, quand beaucoup des joueurs ne se connaissaient pas il y a quelques semaines encore. Nous avons un fort potentiel, mais ça ne suffit pas pour l’instant. Ceci dit, nous ne devons pas nous décourager, les derniers matches à domicile (victoire contre Lorient 3-1, match nul contre Caen 2-2, NDLR) sont bons, même si le dernier résultat est frustrant.
Mahamadou Diarra a déclaré cette semaine que chacun devait faire encore plus, et « être à 120% ». Qu’en pensez-vous ?
Etre à 100% ne suffira pas forcément, c’est vrai. Mais on a la capacité d’aller au-delà. A nous de l’appliquer. Le groupe vit bien, mais les performances ne suivent pas. On doit être plus motivés, Djila a raison. S’il le faut, nous serons même à 200% (rire).
Vous rencontrez samedi Valenciennes, qui a également besoin de points dans l’optique du maintien. En avez-vous parlé avec Gaëtan Bong et Vincent Aboubakar, vos compatriotes du VAFC ?
Non, mais je connais déjà bien cette équipe, que j’ai déjà joué en Coupe de la Ligue quand j’étais encore à Nîmes. C’est une très bonne équipe. On a plus besoin de points qu’eux, mais ce ne sera pas facile. Tout un chacun dans le groupe est conscient de la gravité de la situation. On a encore notre destin en mains, il ne faut compter que sur nous-mêmes.
Par rapport à ce que vous avez connu à Nîmes, vous jouez tous vos matches à domicile au Louis II, privés d’un fort soutien populaire. N’est-ce pas un handicap sévère pour une équipe jouant sa survie en Ligue 1 ?
C’est vrai que cela me change par rapport à l’ambiance des Costières, qui est plus chaleureuse. A Monaco, le public n’est pas aussi présent, c’est un fait. Mais nous sommes costauds mentalement, on s’en passera. A défaut d’avoir ce que tu veux, prends ce que tu as, voilà ma devise !
Monaco est ville où les conditions de vie sont luxueuses, et le climat très doux. Peut-on prendre conscience du danger dans ce contexte particulier ?
Disons que cela fait partie des pièges qui existent dans la vie d’un footballeur. Mais on est des grands garçons. Nos familles et nos entourages sont aussi là pour nous aider à nous concentrer sur nos objectifs.
A Monaco, vous avez trouvé de nombreux joueurs africains, et en particulier votre ancien camarade de la Kadji Sport Academy, Nicolas Nkoulou. Cela a-t-il facilité votre intégration ?
Ah oui, Nicolas est un grand ami. On se connaît depuis plus de dix ans. On a longtemps partagé la même chambre. J’ai été chaleureusement accueilli. Ce n’est jamais facile d’arriver dans un groupe déjà, mais tout s’est très bien passé pour moi.
« J’apprends beaucoup avec Laurent Banide »
Vous ne regrettez pas d’avoir choisi Monaco ?
Non, pas du tout. J’ai choisi Monaco parce que je savais que Laurent Banide était un entraîneur très porté sur la formation des jeunes, quelqu’un avec lequel je pourrai progresser. Je discute beaucoup avec mon coach depuis mon arrivée, je ne suis pas déçu de ce point de vue-là.
Si jamais tout ne se passe pas bien samedi à Valenciennes, vous aurez à jouer quelques matches « commando » à domicile pour remonter la pente. Etes-vous prêts ?
Bien sûr, il faut bien l’envisager. On est prêts à gagner sans bien jouer si besoin, ne vous inquiétez pas ! Mais pensons d’abord au match de samedi à Valenciennes. Je n’ai jamais douté des qualités de ce groupe et du fait que nous allons nous maintenir. On va se battre, on va y arriver.
Avant de vous révéler à Nîmes, vous avez végété à Rennes. Quel regard portez-vous sur la réussite actuelle du Stade Rennais ?
S’ils sont champions, je serais content pour eux, car j’ai gardé des liens avec certaines personnes là-bas. Mais dans l’ensemble, je ne garderai pas de très bons souvenirs de mon passage à Rennes… Je n’ai pas passé de très bons moments là-bas, et je n’ai plus vraiment envie d’en parler… J’ai manqué de temps d’adaptation, mais j’ai continué à travailler, et j’ai beaucoup appris sur le plan tactique. En arrivant, j’étais un simple attaquant et j’ai par exemple appris à évoluer sur un côté. J’ai vraiment bien fait d’aller à Nîmes. Grâce à Jean-Michel Cavalli qui m’a fait confiance, j’ai enfin pu exprimer mes qualités.
Parlons un peu des Lions Indomptables. Vous avez été appelé en sélection lors des deux derniers rassemblements du Cameroun. Pensez-vous aux prochaines échéances internationales, notamment ce match très attendu au Sénégal ?
Mon objectif premier aujourd’hui n’est pas la sélection camerounaise, c’est de maintenir l’AS Monaco en Ligue 1. Si je suis bien avec mon club, je serai appelé en équipe nationale. Mais je vois plus la convocation comme une récompense de mon travail en club, pas comme une fin en soi. Nous avons vécu une Coupe du monde difficile. Maintenant, il faut reconstruire une équipe.
Comparé à d’autres grandes nations africaines, le Cameroun laisse-t-il assez la place aux jeunes générations ?
Je n’ai pas le sentiment que les jeunes soient moins bien traités qu’ailleurs. Regardez les titulaires réguliers en équipe nationale : Nicolas (Nkoulou) a 20 ans, Aurélien Chedjou n’a pas plus de 24-25 ans, Stéphane Mbia a 24 ans aussi… La moyenne d’âge n’est pas très élevée. Après, pour être appelé en sélection régulièrement, il faut enchaîner avec son club. Il ne suffit pas d’être jeune et d’en vouloir…
Propos recueillis par Patrick Juillard