Ancien international camerounais, André Kana-Biyik, père de Jean-Armel, défend le choix de son fils d’opter pour la sélection camerounaise. Il nous explique que c’est un choix qui vient de loin.
Légende du football africain, André Kana-Biyik titulaire des Lions Indomptables lors du Mondial 1990 est aussi le père de Jean Armel Kana-Biyik, défenseur de Rennes et futur joueur de la sélection nationale du Cameroun. A 22 ans, Jean Armel a décidé de suivre les traces de ses glorieux aînés. Pourtant le choix du Franco-Camerounais fait débat dans l’hexagone. Alors que la France a vécu un après-Mondial agité avec le débat autour des quotas et des joueurs binationaux. Un an plus tard, Frédéric Antonetti, l’entraîneur de Rennes, n’a pas compris le choix en faveur du Cameroun de son jeune défenseur. Une polémique naissante sur laquelle a bien voulu revenir pour Footafrica365, André Kana-Biyik le père du joueur qui explique le choix de cœur de son fils.
André, Jean-Armel a décidé d’opter pour le Cameroun. Et à Rennes, Antonetti n’a pas compris. Qu’avez-vous pensé de des déclarations du coach ?
Quelque part, Antonetti a raison lorsqu’il dit qu’en équipe de France il y a des joueurs en place et qu’en ce moment Jean-Armel n’y aurait pas la sienne. Mais il n’a pas raison lorsqu’il se dit « choqué » par le choix du gamin. Je n’ai pas aimé ce côté donneur de leçon. Jean-Armel était en période de réflexion et ça faisant longtemps qu’il songeait à intégrer le Cameroun. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il y a un an, il a refusé de jouer pour les espoirs français. Ça avait déjà provoqué une polémique. Et déjà, à l’époque, à Rennes on lui mettait la pression là-dessus.
Pourquoi Rennes rechignerait-il autant à voir Kana-Biyik junior avec le Cameroun ?
Peut-être ont-ils peur des CAN à venir. Peut-être ont-il peur que cela fasse baisser sa côte… Je n’en sais rien… Au fond, Antonetti n’est pas d’accord mais il n’explique pas pourquoi. Pour Antonetti, Jean-Armel s’est précipité. Il pense qu’il avait un coup à jouer chez les Bleus….Le Cameroun n’est pas un choix par défaut. Il y a une bonne équipe à faire. Mais Jean-Armel allait faire quoi ? Attendre encore et encore ? Il a 22 ans et il veut jouer pour le Cameroun qui, en plus, le veut vraiment. Son oncle (François Oman-Biyik) est venu le voir avec des gens de la Fédé, il y a un an. Jean-Armel était d’accord mais, à Rennes, Dréossi lui mettait la pression pour qu’il réfléchisse.
Vous faites partie des grands noms des Lions Indomptables. Etes-vous fier de son choix ?
Je ne lui ai jamais mis la pression pour qu’il joue pour le Cameroun ou pour la France. Je vais même vous dire, s’il ne jouait ni pour l’un ni pour l’autre, ça ne me dérangerait pas. Mais ce serait bien qu’il franchisse un cap. Parce que les matches internationaux c’est quand même autre chose, une autre dimension. Ce qui me gêne c’est l’ambiance qui règne au sein de la « Fédé » camerounaise. Mais c’est clair que là c’est le plus bel hommage qu’il puisse me faire.
« Courbis nous ferait du bien »
Gamin, il paradait plutôt en vert ou en bleu ?
Il mettait souvent les maillots de son oncle, François Oman-Biyik et il aimait beaucoup Emile Mbouh. Je me souviens que lorsqu’il avait six ans, il était parti au Cameroun avec sa mère et il avait dit : « Plus tard, je voudrai être un grand footballeur et jouer pour les Lions Indomptables pour faire comme papa. »
Pensez-vous que les choses puissent évoluer au sein de la « Fédé » camerounaise ?
On espère que ça va changer avec les élections à venir. Et puis sportivement l’équipe va pouvoir préparer les éliminatoires pour la Coupe du Monde 2014. Jean-Armel peut incarner ce renouveau…Il sera l’un des jeunes joueurs qui intègrent cette sélection mais ce n’est pas King-Kong. Il ne faut pas lui mettre une pression inutile. Il va pouvoir intégrer la Cameroun dans une période transitoire. Là, l’équipe n’est pas qualifiée pour la prochaine CAN, elle va enchaîner les matches amicaux et c’est l’idéal pour que Jean-Armel s’y intègre. Les résultats viendront aussi si, autour des joueurs, l’ambiance est saine. Il faut que tout le monde respecte les règles.
Qui verriez-vous au poste de sélectionneur ?
Je préférerais qu’on confie l’équipe à quelqu’un du sérail. Faire comme au Sénégal par exemple. L’équipe s’est reconstruite avec des gens compétents et pragmatiques. Sinon, j’ai toujours pensé qu’un Courbis nous ferait du bien. Il connaît bien les joueurs africains et sait instaurer une certaine discipline mais aussi un état d’esprit dans son groupe.
Propos recueillis par Nabil Djellit et Nicolas Vilas