Le coordonnateur sportif des Lions indomptables est sur la sellette depuis plusieurs semaines et plusieurs allégations de collusion ont été rapportées contre lui au sujet du site d’hébergement les Lions en Afrique du Sud. Nous l’avons rencontré pour avoir sa version des faits et pour savoir ce qui a motivé le choix de Durban au détriment de l’autre option, Buffalo City. Le Portugais n’a éludé aucune question, et en a profité pour lever un pan de voile sur ses activités au sein des Lions indomptables.
Camfoot.com: Durban a été retenu comme lieu d’hébergement des Lions. Beaucoup de choses ont été dites au sujet de Buffalo City. Vous étiez de la délégation qui s’est rendue à Buffalo. Cette offre tenait-elle la route ?
Alexandre Ribeiro : Dans un premier temps, j’aimerais revenir sur la chronologie du choix des sites en coupe du monde, parce que c’est important de le connaitre. Nous étions là-bas avant le tirage au sort. Nous avions déjà vu un certain nombre de sites. Nous avons anticipé. Nous avons fait une première liste comme la FIFA demandait avec trois choix d’hôtel. Il n’y avait pas Durban à ce moment-là. Les trois choix malheureusement étaient pris parce qu’il y a beaucoup d’équipes, notamment européennes qui avaient réservé longtemps à l’avance, même avant de se qualifier. Elles avaient anticipé bien avant. À partir de là, on a dû recommencer. On a vu d’autres sites. À à ce moment, on a visité le site de Durban qui nous paressait correspondre, et c’était aussi le choix de Paul. Nous avons informé le président de la Fecafoot que ce choix nous convenait. Par la suite, il y a eu ce choix de Buffalo (…) Le président m’a demandé de me joindre à la délégation qui allait visiter les installations. Il était question de voir d’un point de vue technique et d’organisation, tous les aspects. Je suis parti là-bas, j’ai visité le stade, l’environnement et l’hôtel. Et à partir de là, j’ai donné un avis technique par rapport à la logistique, l’organisation, tous les standards dont on a besoin pour accueillir l’équipe.
Pour moi, ça ne correspondait pas au standing du Cameroun. Même au niveau de l’organisation, ça me paraissait compliqué. Je l’ai dit sincèrement comme j’ai toujours expliqué. Qu’on soit hébergé à Durban, Buffalo, le Cap, pour moi c’est pareil. J’essaie d’être objectif. Comme pour les autres sites, j’ai donné les avantages et les inconvénients, et après une synthèse est faite. Il y a d’autres personnes. Je ne décide pas. Il y a l’entraineur, il y a la fédération, il y a le ministère. Ils ont pris tous les éléments en compte et à partir de là Durban a été choisi.
Camfoot.com: Pourtant, dans la délégation qui s’est rendue à Buffalo, vous étiez visiblement le seul à trouver des inconvénients. Les cadres de la Fecafoot et du ministère des Sports qui y étaient avec vous affirment que c’était le cadre idéal pour les Lions !
Alexandre Ribeiro : C’est certain que nous avons fait un rapport différent. Ils ont leur opinion. C’est un aspect des choses que je connais. Je le fais depuis de nombreuses années. Je connais les exigences des équipes. J’ai donné un avis objectif pour que l’équipe soit le mieux possible.
Camfoot.com: Avez-vous eu des pressions pour pencher en faveur de Buffalo City?
Alexandre Ribeiro : On a essayé de me faire entendre qu’il faut choisir Buffalo. Je suis resté sur ma position. J’ai donné les éléments objectifs. On m’a fait confiance. Je ne veux trahir personne. Je suis resté sur ma position malgré tout ce qu’on a tenté de faire. Ma position, c’est celle que j’ai toujours eu.
Camfoot.com: Quels sont les critères qui ont milité en faveur du choix de Durban? Est-ce dû au fait, tel que cela a été rapporté, que cet hôtel appartienne à un Français ?
Alexandre Ribeiro : On a tenu en compte plusieurs choses: Le climat, la proximité de l’aéroport, (…) le stade d’entrainement est à 5 minutes, la qualité de l’hébergement, la qualité du terrain d’entrainement, etc. En mettant en compte tous ces éléments, il était évident que Durban concentrait pas mal d’avantages. Il y a un hôtel très bien au Cap, mais le problème c’est le climat qui est très difficile au cap à cette période là. D’ailleurs je crois qu’il n’y a aucune équipe qui a pris comme base Le Cap.
Camfoot.com: Il s’avère aussi que vous nous avez embarqué dans une aventure où notre pays se retrouve à payer une fortune pour loger le groupe. On parle d’être troisième dans l’échelle des sites les plus onéreux. Que répondez-vous à cela ?
Alexandre Ribeiro : J’ai vu effectivement qu’il y a eu un classement qui a été publié par un site internet. Un certain nombre de chiffres a été énoncé même sur d’autres équipes, qui ne correspondent à rien. Ils ne correspondent pas aux chiffres de la coupe du monde. Déjà, aucun n’est divulgué parce que c’est la société “Match” qui négocie les hôtels. Ces chiffres correspondent peut-être aux périodes hors coupe du monde, hors saison, je ne sais pas.
Camfoot.com: Le Portugal serait logé à 90 euros la nuitée et le Cameroun 319 euros. On ne peut pas avancer de tels chiffres comme ça pour rien tout de même ?
Alexandre Ribeiro : Je peux vous assurer que j’ai vu les prix des hôtels du Portugal et même de la Serbie. Pour la plupart des équipes, les prix s’équivalent. Il y a quelques différences, mais pas aussi grandes que cela. C’est vrai il y a l’équipe de France qui est vraiment au-dessus; mais après eux, les autres se tiennent. Quand j’étais avec les Serbes pour négocier le match amical du 05 juin, j’ai questionné leur coût d’hébergement. Ils m’ont dit qu’ils payent leur hôtel à 300 euros et non 112 comme c’est écrit sur le site internet qui a publié les prix des hôtels. En fait, le minimum qui est proposé aux équipes est de 260 dollars.
Camfoot.com: Pour le nôtre, on parle de 319 dollars. Vous confirmez que c’est le prix exact ?
Alexandre Ribeiro : Je ne connais pas exactement le prix. Je vous dis que les prix se situent dans la même fourchette. Si vous restez dans la gamme de 4 à 5 étoiles vous payez le même prix, mais si vous prenez un 3 étoiles vous allez payer moins cher. Mais je ne crois pas qu’une équipe ait pris un 3 étoiles.
Camfoot.com: Vous venez de programmer un dernier match amical contre la Serbie. Comment cela s’est-il négocié ?
Alexandre Ribeiro : Il y a un programme qui a été publié par l’entraineur. Il souhaitait un certain nombre de matches, on a essayé de trouver de bons matches amicaux pour mieux préparer la coupe du monde. On a fait la démarche, on voulait les équipes solides, on voulait les mondialistes. On a pris contact avec les relations et les gens qu’on connait pour avoir ces matches, parce qu’effectivement beaucoup de gens cherchaient les matches amicaux en même temps. Il fallait se battre et c’est ce qu’on a fait pour trouver ces trois matches amicaux (4 en comptant le match d’entrainement contre la Géorgie).
Camfoot.com: Dans le choix des adversaires, avez-vous tenu compte du style de jeu de nos adversaires à la Coupe du monde ?
Alexandre Ribeiro : Bien sûr. Le Portugal est dans le style de jeu proche de la Hollande, la Slovaquie présente un style de jeu physique et solide se rapprochant du Danemark, la Serbie est une équipe européenne qui a toujours fait un bon football. L’important, c’est d’avoir de bons matches contre les bonnes équipes pour être prêt le jour J.
Camfoot.com: On prépare la coupe du monde en Autriche. Avez-vous tenu compte du climat, n’était-il pas judicieux de jouer dans un pays où le climat est proche de celui de l’Afrique du Sud à cette période de l’année?
Alexandre Ribeiro : Au niveau du Portugal, la ville que nous avons choisie est en altitude. C’est l’endroit où le Portugal va faire toute sa préparation. Ils jouent à Johannesburg et ils ont tenu compte de ces éléments. Il y a 19 équipes sur les 32 qui se préparent en Autriche, dont nos deux adversaires, Hollande et Danemark. Le Japon se prépare en Suisse, c’est à peu près les mêmes conditions qu’en Autriche. Le climat d’Autriche n’est pas si chaud que ça; il fait bon, mais il ne fait pas si chaud. Après, il faut trouver un compromis, il faut avoir les bonnes conditions d’entrainement, ce qui est primordial, puis la tranquillité. Ce n’est pas pour rien qu’il y a 19 équipes qui se préparent à cet endroit là.
Camfoot.com: Quand débute le stage et quelles en seront les grandes articulations puisque vous vous occupez des questions administratives ?
Alexandre Ribeiro : L’entraineur en a parlé un peu. Le stage commence le 20 mai. Paul Le Guen dévoilera le programme lui-même.
Camfoot.com: À vous entendre, vous semblez assez lucides. Cependant, on vous présente sous un autre prisme, tantôt comme un voyou, tantôt comme un malsain, tantôt en profiteur du système. Que pensez-vous de tout ça ?
Alexandre Ribeiro : J’ai toujours travaillé par passion ça fait des années. Mais, c’est la première fois que j’ai eu des attaques aussi dures. Je l’avoue que c’était difficile de vivre tout ça. J’étais un peu surpris. Je sais qu’on ne fait pas l’unanimité. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, mais il y a eu des attaques dures et en plus totalement hors sujet. Et après je me dis, il doit y avoir les intérêts qui sont en jeu et que je dois un tout petit peu gêner. On essaie de faire la part des choses. Je suis serein, les choses sont claires.
Camfoot.com: Après la coupe du monde, votre destin dans le sillage de l’équipe dépendra-t-il de celui de Paul Le Guen ?
Alexandre Ribeiro : Ce n’est pas moi qui décide. Il y a la fédération et le ministère. Ça fait de nombreuses années que je travaille avec le Cameroun, pas en continuité, mais régulièrement. C’est vrai que c’est un pays que j’aime beaucoup. Je serais très heureux de continuer, maintenant il faut qu’on me propose.
Entretien mené par Guy Nsigué à Yaoundé