Le club fanion du département du Haut-Nkam a terminé deuxième au classement de la Ligue nationale, avec le même nombre de points (21) que le premier, Mount Cameroon. Une position, arrachée à la dernière minute devant KSA, qui n’est que la résultante des difficultés qu’a endurées le « Flambeau de l’Ouest ». Parce que suffisamment disponible, le vice-président Alain Michel Pouani a accepté de répondre à nos questions. A la fois satisfait du maintien de son équipe dans la « Cour des grands », et préoccupé par l’avenir (quasi incertain (?) ‘’si toute l’Élite du Haut-Nkam ne mette la main à la pâte ») de l’Unisport club de Bafang. Lisez plutôt…
Camfoot.com: L’Unisport de Bafang finit la saison par une victoire de 4 buts à 1 devant KSA et se maintien en D1. L’essentiel est sauf malgré tout non ?
Alain Michel Pouani: Oui. L’essentiel est sauf, c’est vrai. Mais, je peux vous rassurer qu’on aurait pu quand même mieux faire.
Camfoot.com: Un classement peu honorable pour votre club en 2004. Qu’est-ce qui n’aura pas marché ?
Alain Michel Pouani: On ne peut pas dire que notre classement ne soit pas honorant. Dans la Ligue nationale où nous faisions partie, nous terminons quand même deuxième. Je ne dis pas que ce n’est honorant ! Ça veut tout simplement dire que, si l’on revient à l’ancien système, on devrait être classés entre 8ème et 10ème.
« Cette nouvelle formule de championnat national n’a pas été ce qu’on attendait. »
Camfoot.com: Reprécisons que l’Unisport a pendant la saison, tiré le diable par la queue. Où étaient situés les problèmes de votre équipe ?
Alain Michel Pouani: Unisport a certes tiré le diable par la queue. Mais, je crois que ce n’est pas un problème spécifique à notre équipe. C’est un problème un peu général que notre football traverse aujourd’hui, à l’exception peut-être de quelques rares équipes nanties dont je préfère taire les noms. Mais, je pense que l’ensemble des équipes de première division au Cameroun subissent, à peu près, les mêmes problèmes financiers. C’est vrai, pour le cas d’Unisport, cela a été un peu plus pénible, surtout que nous sommes arrivés à la tête de cette équipe en sapeurs pompiers en quelque sorte. Presque sans grande expérience, il a fallu que ce soit au cours du championnat que nous colmations les brèches par-ci par-là pour arriver où nous sommes aujourd’hui.
Camfoot.com: Quel commentaire faites-vous de ce championnat de première division qui s’est achevé ?
Alain Michel Pouani: La 45ème édition du championnat de première division a été vraiment assez difficile. En ce sens que, déjà, c’était une expérience de championnat à deux phases. Et au vu de cette expérience de la Fécafoot, en ce qui me concerne personnellement, je puis déjà dire qu’il y a eu beaucoup de failles. On croyait qu’avec la nouvelle formule, ça pourrait raccourcir la durée du championnat. Mais, en réalité, tel n’a pas été le cas. Des matches programmés puis déprogrammés, parfois à la veille d’un match, on n’est pas informé, etc. Honnêtement, pour moi, ça n’a vraiment pas été ce qu’on attendait.
Camfoot.com: Président, est-ce que vous pensez déjà aux lendemains d’Unisport de Bafang, notamment la saison 2005 ?
Alain Michel Pouani: Disons que c’est un problème qui me préoccupe. Encore que ce n’est pas seulement aujourd’hui que je commence à y réfléchir. Il y a de cela deux ou trois mois qu’avec le président et les autres membres, j’en parlais déjà, j’évoquais avec des élites, le préfet Eweck Raphaël du Haut-Nkam, avec qui j’ai longuement réfléchi de la prochaine saison. En réalité, on voudrait éviter ce coup par coup qu’on vient juste résoudre un problème ponctuel aujourd’hui, le lendemain le même problème rejaillit, et on refait la même chose ! Je me dis, il faudrait maintenant voir comment maintenir les joueurs qui sont là, c’est-à-dire les amener à renouveler leurs contrats au sein de l’Unisport. Et ceci nécessite des moyens ! Il est grand temps, vraiment, qu’on puisse soit convoquer un mini congrès, afin de voir dans quelle mesure on devait procéder, pour le renouvellement donc des contrats de ceux qui sont là, et le recrutement de nouveaux talents.
Camfoot.com: À un moment, des bouffées d’oxygène financières sont venues des élites du département et de sponsoring de Mtn-Fécafoot. Mais, l’on a remarqué qu’après cela, les choses n’ont pas été toujours ce qu’on attendait pour l’Unisport…
Alain Michel Pouani: Je ne parlerais pas de bouffée d’oxygène. Parce que, le budget de l’équipe pour une année s’évalue autour de 110 à 120 millions de Fcfa. Alors, quand vous démarrez une saison avec un déficit de 15 millions, pour rassembler à peu près une vingtaine de millions en cours, honnêtement, c’est normal de tirer le diable par la queue. Mtn qui alloue une prime de 2.500 000 Fcfa plus les maillots, est-ce une bouffée d’oxygène en tant que tel sur un budget de plus de 100 millions ? Vraiment, je ne crois pas.
Ici, ce serait l’occasion de remercier certaines élites de notre département qui n’ont pas dormi un seul instant à pouvoir penser à cette équipe, autant financièrement que moralement, en plus de petits conseils. Je n’hésiterais pas de citer le maire de Bafang, M. Siyam Siewé Alphonse sans qui cette équipe n’aurait pas subsisté durant cette saison.
Camfoot.com: Président, il y a lieu quand même de constater qu’il y aurait comme un problème de personnes à la tête de cette équipe d’Unisport, depuis le départ quasiment forcé de l’ex-président, Gabriel Mbongnim pour ne pas le nommer, après quoi les choses sont devenues difficiles. Quel message à toute l’élite du Haut-Nkam ?
Alain Michel Pouani: Les choses sont devenues difficiles après le départ de monsieur Mbongnim. Je ne sais pas à quel niveau. Mais, si c’est sur le plan financier, je dirais oui en quelque sorte. En ce sens que, lorsque nous sommes arrivés à la direction de cette équipe, je le répète, on a trouvé juste deux à trois joueurs maximum. Il m’a fallu donc passer à un recrutement massif de joueurs, avec tout ce que ça comporte avec des nouvelles licences qui coûtent plus que 100 000 francs l’une, la formation de ces joueurs…Par le passé, je ne sais pas trop comment ça se passait. Mais, avec ma petite expérience, je crois que si au jour d’aujourd’hui, les élites du Haut-Nkam mettent la main à la pâte et font confiance à l’équipe dirigeante, on ne devrait pas souffrir comme la saison qui vient de s’achever.
« L’Unisport de Bafang n’est pas l’affaire d’une personne, de l’équipe dirigeante, ou du président. Non. Il s’agit, du plus petit au plus grand, que chacun, vraiment à sa manière, mette la main à la pâte. Et… nous réussissons (…) à sauvegarder notre club fanion qui est l’Unisport de Bafang. »
Camfoot.com: vous parlez de renouveler les licences des joueurs. Qu’en est-il de l’encadrement technique ? On ne l’a pas oublié, l’entraîneur Jules Tchamango a eu à claquer la porte et son adjoint Joseph Kameni a continué l’aventure jusqu’à cette position où l’équipe se trouve. Est-ce que vous pensez refaire confiance à la bande à Kameni ?
Alain Michel Pouani: Pour le cas du premier encadreur, en l’occurrence monsieur Tchamango qui est parti sans crier gare, j’ai trouvé ce geste dommage et regrettable, même si son problème était un peu fondé. Nous étions en train de traverser une période très très difficile. Et, je croyais que monsieur Tchamango avait confiance à l’équipe dirigeante. Mais, tel n’a pas été le cas. Jusqu’à ce jour, il ne m’a jamais donné les raisons pour lesquelles il était parti. J’ose croire que monsieur Tchamango avait quelques problèmes financiers avec l’équipe. Quant à Joseph Kameni qui est là aujourd’hui, il jouait les seconds rôles à l’époque. Et ensuite, il a pris les commandes comme principal et a poursuivi l’aventure, avec toute notre confiance. Actuellement, je ne pense pas que cette confiance lui soit retirée.
Camfoot.com: Président, est-ce que vous pouvez déjà rassurer le public sportif de Bafang qu’Unisport peut encore les faire rêver comme cela a été le cas dans les années passées ?
Alain Michel Pouani: L’occasion pour moi est également de remercier le public sportif de Bafang pour leur comportement. Les supporters n’ont jamais cessé de croire en leur équipe. Avec en bonne place le préfet Eweck du Haut-Nkam qui a joué un grand rôle auprès de ce public, auprès des élites pour qu’on puisse mener à bout notre mission. Pour ce qui est de l’année prochaine, c’est l’occasion une fois de plus d’exhorter les élites, que l’Unisport de Bafang n’est pas l’affaire d’une personne, de l’équipe dirigeante, ou du président. Non. Il s’agit, du plus petit au plus grand, que chacun, vraiment à sa manière, mette la main à la pâte. Et je crois que, même avec un peu de moyens, nous réussissons une fois de plus à rehausser l’image de notre département et à sauvegarder notre club fanion qui est l’Unisport de Bafang.
Entretien réalisé par Kisito NGALAMOU, ngalamou@camfoot.com