La Fifa a suspendu la Fécafoot jeudi, pour ingérence gouvernementale. Le président de l’Etoile filante de Garoua et M. Ndeh, président par intérim de la Fécafoot ont introduit une demande de mesure prévisionnelle visant l’annulation des effets de cette décision auprès du Tribunal arbitral du Sport, ce vendredi. Entretien.
Comment jugez-vous la décision de la Fifa, suspendant la Fécafoot ?
C’est une décision excessive qui n’a aucun fondement. Quand on assimile la présence des forces de l’ordre à la Fédération à une ingérence, lesquelles forces de l’ordre étaient là sur requête du premier vice-président, président par intérim de la Fécafoot, je pense qu’il y a abus d’autorité. Il y a deux poids deux mesures ; lorsque les autres faisaient appel aux mêmes forces de l’ordre, la Fifa n’avait rien dit. Apparemment, ce ne sont pas les bonnes personnes pour la Fifa, qui ont fait appel à ces forces de l’ordre. Je pense que c’est une fuite en avant, et que la raison évoquée ici n’est pas en réalité celle-là qui motive les autorités de la Caf et de la Fifa.
Donc pour vous, il n’y a pas eu ingérence gouvernementale ?
J’aimerai bien que la Fifa nous le prouve. Est-ce que c’était de l’ingérence lorsque le secrétaire général de la Fécafoot, avant sa suspension, faisait appel aux forces de l’ordre pour sécuriser la Fécafoot ?
Quelle est alors selon vous la véritable raison de cette suspension ?
Aujourd’hui, la Caf et la Fifa estiment que la Fécafoot leur appartient. C’est leur bien privé. Et ils doivent en disposer à travers un groupe de personnes qui doit gérer ce football. Contre l’avis de ceux qui font ce football. Pour eux, il faut que notre football soit dirigé par des hommes à eux. La Fifa veut maintenir un groupe de personnes à la tête de notre football, comme elle l’a fait au Bénin, et comme elle le fait au Gabon. Nous, nous sommes au Cameroun. On ne traite pas le Cameroun comme on traiterait n’importe quel pays. Je doute que la Fifa aurait les mêmes réactions en France ou en Italie. Je ne les vois pas faire ça dans un pays européen. Nous allons leur montrer que bien que nous soyons africains, ça ne va pas se passer de la sorte.
Et comment comptez-vous vous y prendre ?
Nous avons saisi le Tas aujourd’hui, conformément à l’article 66 alinéa 1 des statuts de la Fifa. Il y a aussi une demande de mesure provisionnelle qui a été introduite pour suspendre les effets de cette décision. Nous avons attaqué sur deux points. D’abord, nous pensons que cette décision n’est pas basée sur une raison objective. Puis, nous estimons que la Fifa n’a pas le pouvoir de déclarer nul et de nul effet tout le processus électoral qui a démarré au sein de la Fédération camerounaise de football le 26 mars 2013. Le Tas va se prononcer d’ici mercredi sur la mesure prévisionnelle, et plus tard au fond. Il faut que la Fifa sache que pour la première fois en Afrique, elle va faire face à des acteurs qui ne vont pas reculer. Nous souhaitons que le droit soit dit sur les agissements de la Fifa, en complicité avec la Caf. Parce qu’elle s’est érigée en juridiction suprême en annulant tout le processus électoral alors que nous avons des sentences qui nous sont favorables ; alors que certains litiges pendent encore devant le Tas. Ça veut dire qu’elle se met au-dessus du Tas. La Fifa a outrepassé ses compétences. Nos avocats vont le démontrer. Et nous ne doutons pas que nous aurons gain de cause. Nous allons utiliser toutes les voies de recours pour démontrer que c’est un abus de pouvoir, et aussi pour montrer à l’Afrique qu’on peut faire reculer la Fifa. C’est le Tas qui est au-dessus de tout.
Quel est d’après vous le comportement que le gouvernement camerounais devrait adopter dans cette situation ?
C’est au gouvernement de décider. Pour nous, il n’y a pas ingérence parce que c’est le président par intérim de la Fécafoot qui a demandé aux forces de l’ordre d’être là. J’espère que le gouvernement ne va pas accepter ce diktat. On reste un Etat. Et je crois que nos autorités doivent faire respecter notre pays. C’est leur devoir. La Fifa n’a pas respecté le Cameroun.
Mené par Arthur Wandji à Yaoundé