Le coup d’envoi du championnat national de première division, Mtn Elite One sera finalement donné le 27 septembre, au lieu du 13 comme initialement prévu. Plusieurs raisons, financières, matérielles et logistiques expliquent cet ajournement. Le chef de département de la communication à la fédération camerounaise de football fait également le point sur les préparatifs de la coupe du Cameroun.
Camfoot.com: Le démarrage du championnat DI a été fixé au 27 septembre prochain. Quelles sont les raisons de ce renvoi?
Abdouraman Amadou : La principale raison est le non respect des délais par les clubs, en ce qui concerne les dossiers d’engagement au 22 août 2008. Il n’y avait que deux clubs qui étaient à jour. Le secrétariat général de la Fécafoot avait donné un moratoire de cinq jours. Jusqu’au 27 août, il n’y avait que cinq clubs en règle. Il a fallu que le comité exécutif se saisisse du dossier et accorde un délai supplémentaire. Normalement, les clubs qui n’étaient pas en règle devaient être relégués en division inférieure, au profit des équipes rétrogradées en deuxième division. Une chance supplémentaire leur a été accordée. A ce jour (lundi 8 septembre 2008, ndlr), tous les clubs ont déjà déposé des dossiers complets. Les dirigeants de clubs ont compris que notre football doit aller de l’avant et que nous sommes tournés résolument vers le professionnalisme, ce n’est pas un vain mot.
Camfoot.com: Quelles sont les obligations des clubs contenues dans le règlement intérieur de Mtn Elite One?
Abdouraman Amadou : Entre autre, il faut que le club tienne une assemblée générale et que le procès verbal soit transmis à la fédération. Ils ont pour obligation de signer un contrat de travail légal avec leurs entraîneurs, et leur responsable administratif respectant les normes dictées par la fédération et fournir les imprimés de ces contrats. Chaque club de Mtn Elite One doit avoir un terrain d’entraînement, doit fournir une attestation d’ouverture d’un compte bancaire sur le territoire camerounais, un certificat de propriété de son siège ou un contrat de bail légalisé… La rémunération minimale pour un joueur est fixée à 50.000 Fcfa/mois. Depuis deux mois, la Fécafoot a élaboré des contrats de joueurs professionnels, ce qui va permettre aux clubs de sécuriser leur investissement, assainir leur rapport avec les joueurs. C’est des contrats très exigeants pour les deux partis, fournis par la Fédération et reconnus sur le plan international, dont par la Fifa. Le footballeur ne pourra plus être transféré dans un autre club sans l’accord de ses dirigeants.
Camfoot.com: Il va falloir également trouver une solution aux problèmes que pose le déficit d’aires de jeu réglementaires pour les rencontres de Mtn Elite One …
Abdouraman Amadou : Je ne peux pas vous dire quels stades vont être retenus pour les rencontres. La commission de vérification et de contrôle des travaux ou du respect du cahier de charges qui ont été imposées n’a pas encore fini son travail de terrain. Son rapport d’enquête n’est pas encore déposé. Nous savons néanmoins que Danay Fc ne pourra pas évoluer à Yagoua, peut-être à Maroua. Et là aussi, il va falloir que ses dirigeants s’engagent à prendre en charge un certain nombre de petits travaux, en relation avec les responsables de la Fédération et du stade. A Ngaoundéré, le chantier est avancé, il va falloir y faire un dernier tour avant le démarrage du championnat. (Aux dernières nouvelles, le stade militaire serait également rayé de la liste des aires de jeu devant accueillir les matches, et six stades seraient retenus, ndlr). Le stade de Tiko est bon, contrairement à Buea, où Mount Cameroon Fc risque d’être délocalisé. Malgré le handicap causé par les pluies, le stade de la Réunification de Douala va être livré le 25 septembre. C’est une date que la Fifa nous a communiquée. Dans le cas contraire, on va délocaliser les clubs de Douala pour les deux premières journées du championnat…
Camfoot.com: Les clubs qui seront amenés à livrer leurs rencontres hors de leurs fiefs auront-ils une bonification pour amortir les dépenses supplémentaires?
Abdouraman Amadou : Il n’y aura pas d’appui. Ces clubs ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes. La Fécafoot leur a toujours fait comprendre que les problèmes des infrastructures ne sont pas de son ressort. C’est du ressort des collectivités locales dont les clubs portent les noms, de l’Etat et dans une certaine mesure des clubs. Il faut suivre l’exemple de Cotonsport qui est entrain de construire un stade à une quinzaine de kilomètres de Garoua. Malgré que cela ne soit pas de son ressort, la fédération qui a pour objectif premier d’administrer et organiser apporte son appui au rythme de deux stades par an. Après Mbouda, Guider est entrain de démarrer. Malheureusement, Akonolinga n’a pas suivi.
Camfoot.com: Le stade de Mbouda rénové sera-t-il mis à contribution pour le championnat Mtn Elite One cette saison ?
Abdouraman Amadou : L’aire de jeu de Mbouda a été réfectionnée, mais n’a pas encore été réceptionnée ! Le stade est fonctionnel, mais, vous connaissez la délicatesse de la situation. La fédération va entreprendre des consultations avec les élites et les autorités administratives et politiques du département des Bamboutos pour que ce «bijou» ne soit pas abandonné. Nous espérons que les esprits vont se calmer et que tout le monde va revenir à la raison. Pour le moment, on ne peut pas encore y organiser des matches.
Camfoot.com: Les joueurs de Bamboutos ont été rappelés par leurs dirigeants. Y a-t-il une chance que ce club soit réadmis en première division cette saison?
Abdouraman Amadou : Non ! A moins qu’une décision du tribunal arbitral du sport (Tas) nous l’impose clairement. Cette possibilité n’est d’ailleurs pas envisageable. Toutes les voies de recours ont été épuisées au niveau du Cameroun. L’année dernière, Bamboutos n’a même pas évolué au niveau de sa division (D3, ndlr). Même s’il va falloir revenir, ce ne sera pas pour Mtn Elite One. J’ai cru entendre qu’ils avaient saisi le Tas qui leur a donné une réponse. La Fécafoot n’a pas été notifiée. Mais, d’après nos informations, on leur aurait dit que c’était un problème interne qu’il fallait gérer au niveau de la fédération.
Camfoot.com: Le partenariat signé récemment entre la Fécafoot et une chaîne de télévision anglaise pour la retransmission en directe des rencontres à partir de janvier 2009 peut-il changer le visage de la société de téléphonie mobile Mtn, votre partenaire phare ?
Abdouraman Amadou : La retransmission en directe des rencontres sera bénéfique pour notre partenaire de référence, la société Mtn Cameroun. La télévision va encore valoriser son image. Jusqu’ici, les panneaux et le fait que les joueurs portent leur logo sur les équipements n’ont pas changé grand-chose. Avec la télévision, le championnat Mtn Elite One va prendre de la valeur. La prochaine fois, lorsqu’il va falloir renégocier, les termes du contrat seront revus à la hausse. Ce ne sera plus les sommes que vous connaissez. C’est la télévision qui a changé le monde du sport. Nous avons l’élément du puzzle qui nous manquait, pour un avenir promoteur du football camerounais.
Camfoot.com: Quelles dispositions ont été prises pour éviter des violences dans les stades au cours de la nouvelle saison?
Abdouraman Amadou : La première mesure forte a été de mettre les stades aux normes. Des responsables de la Fécafoot ont sillonné le pays. C’est la principale raison qui nous amène à délocaliser les clubs. On ne peut plus disputer des matches sur des terrains vagues : sans vestiaires, main courante, clôture… La Fécéfoot est prête à organiser Mtn Elite One, même s’il faut le faire sur quatre stades de la République. Les incidents malheureux qui ont émaillé les demi-finales étaient causés par les dirigeants de clubs. Des sanctions seront prises à l’encontre de tels personnages. Nous demandons aux officiels d’être attentifs pour nous désigner les coupables dans leurs rapports. Les professionnels de média doivent aussi faire attention dans le traitement de l’information qu’ils mettent à la disposition des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. C’est une responsabilité collective. Les présidents de clubs doivent éduquer leurs supporters, les amener à comprendre que le football n’est qu’un jeu.
Camfoot.com: Terminons par la coupe du Cameroun. La date de la finale reste un mystère?
Abdouraman Amadou : La Fédération avait proposé deux dates. Celle du 27 juillet n’a pas pu être honorée. Sur demande du ministère, deux nouvelles dates ont été proposées, au mois d’octobre ou novembre. Si l’une ou l’autre date est respectée, ce sera malgré tout avant le délai butoir pour affilier les clubs camerounais aux compétitions continentales, notamment la Champions league et la coupe de la Caf.
Camfoot.com: Le Ministère des Sports et la fédération sont une nouvelle fois à couteaux tirés. Au centre de la discorde : le choix du régisseur. Qu’est ce qui fait problème?
Abdouraman Amadou : La loi reconnaît à la Fédération le droit d’organiser les compétitions. La coupe du Cameroun, des préliminaires jusqu’en finale, fait partie de ces activités. On ne comprend pas pourquoi le Minsep a désigné un régisseur pour la finale. Cette décision du ministre des sports est illégale à tous les niveaux! Sous le prétexte qu’il y aura d’autres festivités autour de la coupe du Cameroun, on ne peut pas dessaisir la fédération de ses droits. C’est la Fécafoot qui est détentrice des droits du marketing. A moins que le ministre ne nous brandisse un texte contraire. Mais, au regard de la réglementation actuelle, la fédération a tous les droits sur la coupe du Cameroun. Les documents en provenance de la Présidence signalent qu’il s’agit bel et bien de la coupe du Cameroun. On en profite simplement pour remettre des distinctions aux autres fédérations.
Camfoot.com: Les impératifs de protocole et de sécurité peuvent-ils changer la nature de cette compétition?
Abdouraman Amadou : Je le répète, les droits marketing et Tv appartiennent à la Fédération. Autrefois, le ministère a pris 25 millions Fcfa à notre sponsor de référence. En même temps, l’Etat débloque de l’argent pour financer toutes les festivités qui entourent la finale de la coupe du Cameroun. Où va cet argent ? Les clubs qui triment pendant trois ou quatre mois pour préparer cette compétition ne perçoivent que deux millions Fcfa! Vous comprenez que la différence est énorme. Il est question de protéger cette compétition et les équipes. Toute l’organisation est prise en charge par la fédération depuis les préliminaires. Peut-on arriver en finale et dire que la fédération n’a rien à voir? Je ne pense pas que cela soit possible. Le ministère ne peut pas prendre des décisions sans même nous en informer! La fédération est décidée à faire respecter ses droits. Sauf si aujourd’hui on veut cautionner l’illégalité.
Entretien mené par Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé