« A un moment, j’ai vu un de mes coéquipiers, Youmsi Pierre, qui était encerclé par des policiers et certains spectateurs. J’ai donc couru pour aller à son secours. Je n’ai même pas pu arriver à son niveau. J’ai reçu un violent coup d’un policier au niveau de la face. J’ai commencé à saigner… »
Camfoot.com: On peut dire que vous ne garderez pas de bons souvenirs de votre périple à Abidjan?
Ignace Koumda : Oui. Ça a été une expédition vraiment à oublier. Au vu de tout ce qui s’est passé.
Camfoot.com: Personnellement, vous n’avez pas pu jouer alors que vous étiez à Abidjan…
Ignace Koumda : Vraiment, cela a été dommage pour moi, du moment que j’étais dans les onze entrants. Les circonstances ne m’ont pas permis de prendre part à la partie. J’ai été victime d’un incident malheureux au moment de l’échauffement, parce que le stade a été envahi par les spectateurs. En plus de ces hommes qui disaient s’occuper de notre sécurité, qui ont commencé à porter mains sur nous.
Camfoot.com: Qu’est-ce qui s’est exactement passé ?
Ignace Koumda : Nous sommes arrivés au stade aux environs de 14 heures ; le match devait commencer à 15 h30. À cette heure-là, le stade était déjà archicomble. Nous sommes allés aux vestiaires et, après vérification des documents par les officiels du match, on nous a permis de nous échauffer pour 30 minutes. Nous sommes donc entrés sur l’aire de jeu pour nous échauffer. C’était encore individuel. J’ai commencé à trottiner et de l’autre côté du stade, cinq minutes après, j’ai vu des gens escalader. Ce qui a attiré mon attention. J’ai regardé directement derrière moi, j’ai vu l’attroupement. Mes coéquipiers étaient déjà aux prises avec des policiers et des spectateurs. En ce moment là, on a cherché à se regrouper, mais il n’y avait pas moyen. A un moment, j’ai vu un de mes coéquipiers, Youmsi Pierre, qui était encerclé par des policiers et certains spectateurs. J’ai donc couru pour aller à son secours. Je n’ai même pas pu arriver à son niveau. J’ai reçu un violent coup d’un policier au niveau de la face. J’ai commencé à saigner…
Camfoot.com: On vous a transporté à l’hôpital ?
Ignace Koumda : Oui. Mais, j’ai d’abord reçu certains soins au stade, par le Dr Focka, qui était avec nous, et certains de mes collègues qui sont allés chercher de la glace pour me masser. Parce que, en ce moment là, on ne savait pas qui était qui. On ne voulait pas que les gens m’entourent. Après cet instant-là, j’ai donc essayé de me rapprocher de mes coéquipiers qui s’étiraient. Je croyais que je pouvais jouer comme j’étais entrant. J’ai voulu trottiner et, à peine j‘ai fait deux mètres, je suis tombé… J’ai perdu connaissance. On m’a transporté à la clinique, où j’ai repris connaissance aux environs de 20 heures.
Camfoot.com: Qu’est-ce que le diagnostic du médecin de l’hôpital a constaté ?
Ignace Koumda : On m’a fait une radio. Et le spécialiste m’a fait comprendre qu’il y avait un déplacement au niveau des os du nez. Et que cette fracture devait se remettre après des soins et prise des médicaments.
Camfoot.com: Finalement, ça va quand même ?
Ignace Koumda : Ça ne va pas. Du moment où je ne m’entraîne pas. Je ne sais pas pour combien de temps je serai absent des stades. Actuellement, j’ai constamment des maux de tête et des vertiges.
Camfoot.com: Et, qui vous suit maintenant ?
Ignace Koumda : Je suis suivi par l’équipe, qui prend soin de moi. Hier déjà, j’étais à la clinique [ Ndlr : Le Directeur général de l’équipe ; Dr Hilaire Focka gère une clinique privée à Bafoussam] où on m’a donné certains produits que je suis en train de prendre.
« Les Ivoiriens revendiquaient le ballon d’or africain remporté par Samuel Eto’o Fils.»
Camfoot.com: Selon vous, pourquoi la foule était si hostile ?
Ignace Koumda : Les propos que les gens nous avançaient là-bas étaient liés à la désignation du ballon d’or africain 2004. Ils disaient que ce trophée devait revenir à leur frère compatriote Drogba et non au Camerounais Eto’o Fils. Ils disaient qu’ils doivent en découdre avec les Camerounais, même avec l’équipe nationale. Que cette année est la leur, et qu’ils doivent aller en Coupe du monde à tout prix. Dès le départ déjà, ils nous disaient qu’ils doivent nous battre par tous les moyens. Et, effectivement, ils ont mis tous les moyens pour gagner.
Camfoot.com: Une sortie prématurée de Racing de Bafoussam à cette ligue des champions?
Ignace Koumda : Vraiment, c’est une sortie prématurée. Avec la situation qui prévaut dans l’équipe, c’était pour nous une motivation personnelle pour faire bonne figure dans cette coupe. Ça ne veut pas dire qu’on va s’arrêter là. Il y a le championnat. Vous savez, l’année dernière, ce sont les anciens du Racing qui subissaient cette crise. Et, en dépit de tout, ils avaient réussi à nous qualifier à cette ligue des Champions. Donc, cette année, nous avons le devoir d’être ‘Africains’. C’est dire que, nous sommes ambitieux malgré tout. Nous avons le devoir de faire un bon championnat.
Camfoot.com: Avec votre accident, n’avez-vous pas peur pour la suite de votre carrière ?
Ignace Koumda : Vous savez, à mon niveau, je suis dans une famille de fervents croyants. Donc, je remets tout à Dieu. Je ne peux pas dire que ma carrière va s’arrêter là. Ce n’est pas mon premier coup d’arrêt. Je prends ça dans les aléas du ballon. J’ai eu à passer presque une saison sans jouer à cause d’une fracture au niveau du tibia. Je me suis remis. C’est sûr que j’ai perdu temps, mais deux ans après, je suis revenu à un bon niveau. J’ai fait deux ans dans Foudre, où nous sommes montés en D1. Je suis venu dans Racing de bafoussam. L’aspect Champions league était un plus pour moi. Même si cela s’est arrêté, je suis toujours ambitieux.
Entretien avec Kisito NGALAMOU, à Bafoussam