La balade santé tant attendue n’a pas eu lieu cet après-midi, 17 juin 2007, à Garoua. Trente huit mille (38000) supporters euphoriques, acquis à la cause des locaux, ont effectué le déplacement du stade, dans l’espoir d’assister à une démonstration de force de Rigobert Song Bahanag et ses camarades, face aux Amavubi (Guêpes) du Rwanda, match comptant pour la cinquième journée des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations de football, Ghana 2008.
Contrairement à la sélection nationale Espoirs, qui, en l’espace d’un mois, a, tour à tour, sur la même pelouse, laminé les Panthères du Gabon (5-0) et le Sily de Guinée Konakry (6-2), en rencontres qualificatives pour les Jeux olympiques de Pékin 2008, les Lions indomptables du Cameroun, n’ont pas véritablement roulé sur du velours. Si d’aucuns ont vite trouvé en la canicule qui sévit dans le chef-lieu de la province du Nord, une excuse en or pour justifier le rendement au rabais des joueurs camerounais, il n’en demeure pas moins vrai, cependant, que l’adversaire du jour, le Rwanda, n’est pas venu en simple victime expiatoire.
Bien que derniers du groupe 5 avec 03 points, les Amavubi, au cas où ils s’imposaient devant les Lions indomptables et à la dernière journée en septembre prochain, devant la Guinée Equatoriale, auraient gardé de minces chances de qualification, en se classant parmi les trois meilleurs deuxièmes. D’où l’enthousiasme affiché par les coéquipiers de Jimmy Gatete, le métronome de la ligne d’attaque rwandaise. C’est lui qui a mis à rude épreuve tout le compartiment défensif camerounais, constitué pour la plupart de joueurs professionnels en congé depuis plusieurs semaines.
Performances au rabais des professionnels vacances
Des pro en congés n’ont pas pu donner la pleine mesure d’eux mêmes. C’est le cas des pensionnaires de la premier league anglaise, à l’instar de Géremi Njitap de Chelsea, Stéphane Bikey de Reading, et Atéba Bilayi, tous des électrons libres autour du capitaine Song Bahanag, sociétaire de Galatasaray en Turquie. Sans oublier les milieux de terrain, avec Modeste M’bami de Marseille et Stéphane Mbia de Stade Rennais, en peine. En l’absence de Samuel Eto’o Fils, le trio d’attaque de fortune Idrissou Mohamadou – Achille Wébo – Feutchine n’a pas tourné à plein régime. L’entraîneur intérimaire, Jules Nyongha a beau parler de l’état chronique de l’aire de jeu, il ne crache non plus sur cette victoire sans manière, qui vient confirmer la suprématie camerounaise sur l’échiquier africain.
Le Cameroun est en effet la première nation à décrocher son ticket de qualification avant la dernière journée des éliminatoires qui l’opposera à la Guinée Ecuatoriale, en septembre 2007. Epilogue d’une aventure commencée sur des chapeaux de roue le 03 septembre 2006 à Kigali, avec une victoire 0-3 sur le Rwanda. Un mois plus tard, la Guinée Equatoriale passait à la trappe, sur le même score à Yaoundé. Le Libéria sera, le 24 mars 2007, battu, 1 – 3. Et, le 03 juin dernier, 2 – 1 à domicile. Face à de modestes Rwandais, les quadruples champions d’Afrique ont assuré l’essentiel et décroché leur quinzième participation à la Can.
La nouvelle génération
Pris dans le tourbillon des vicissitudes et des malversations de couloirs qui bloquent la nomination d’un entraîneur national, en dépit de leur élimination surprise à la coupe du monde 2006 et la sortie en quart de finales de la Can égyptienne, la même année, agrémentées par les défections antérieures de certains éléments-clés (Lauren Etame, Raymond Kalla, Alioum Boukar…), on les avait pourtant cru au bout du rouleau. Pourtant, la sélection camerounaise sera une des favorites pour la victoire finale. Si elle n’est pas accablée par les sempiternels problèmes d’intendance.
A l’évidence, le Cameroun, première puissance de football africain, au classement Fifa, dispose d’un bon cru, qu’il faut désormais entretenir et confronter régulièrement aux plus grandes nations de football de la planète : Brésil, France, Italie, Allemagne…, question de tester les aptitudes réelles de la nouvelle génération conduite par les Mbia, Nguemo, Bikey, Atéba, dans l’optique de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.
Jean Robert Frédéric Fouda