C’est la mi-temps, sans aucun marqué par les Lions Indomptables face au Nzalang Nacional de Guinée Équatoriale. Le scénario avait de quoi décevoir les 40 000 sapecteurs venus encourager les protégés d’Arie Haan samedi au stade Ahamdou Ahidjo de Yaoundé. On est le 7 octobre, un autre samedi… disent les superstitieux. C’est le moment que choisi Petit Pays, artiste chanteur camerounais, pour faire son tour d’honneur, au grand bonheur du public qui attend le but camerounais.
L’enjeu n’était à priori pas de taille. Mais tous se sont donnés rendez-vous au stade omnisports Ahmadou Ahidjo pour acclamer l’équipe qui représente pour eux un instrument de fierté, d’orgueil national. Malgré le souvenir douloureux du 8 octobre 2005, comme s’il s’agissait d’exorciser le mauvais sort qui avait emmené avec lui notre participation au mondial, il fallait répondre présent. Il fallait aussi assister à la première de Arie Haan à la barre des Lions, dans notre fief de Mfandena II.
D’entrée de jeu, la cuvée Arie Haan n’a pas déçu. Au contraire, juste après le coup d’envoi, elle s’est orientée vers l’attaque, donnant le ton et imposant son rythme de jeu comme si elle avait quelque chose à montrer, à démontrer ou à expliquer aux Camerounais. Une, puis deux occasions de but dans les toutes premières minutes et les 40 000 spectateurs du stade Ahmadou Ahidjo se sont aussitôt mis à acclamer. Sur chaque action de corner, le credo était connu : « Le but ! le but ! le but ! ». Un but qui arrivera à la 3ème minute par l’entremise de Jean Makoun, qui reprenait de la tête un centre de Gérémi Njitap. But refusé, sans véritable raison. « Un but clair comme ça ! », s’étonne un spectateur à la sous-tribune présidentielle. « Est-ce que le pétrole joue au foot? », ajoute un autre, le ton moqueur.
Retournement
Si le public encaisse ce coup (on est quand même en début de match !), cependant il ne reste pas insensible aux multiples ratés des joueurs : le mauvais dégagement du gardien Idriss Carlos Kameni à la 9ème minute, le dribble de trop d’Olembe à la 28ème, la tête peu appuyée d’Achille Webo après une belle ouverture de Jean II Makoun, « au-dessus de tous », selon Samuel Tchomtchoua, le président de Jupiter de Bafoussam qui a fait le déplacement de Yaoundé. Devant toutes ces occasions bafouées et mal menées, le doute s’installe dans les tribunes, les échauffourées aussi. Les voix s’élèvent. « Enlevez Olembe! », « Webo mouilleur! », s’énerve le Shaba. Non loin de la tribune présidentielle, Ngando Picket et sa bande, s’arrêtent un brin. La mascotte des Lions indomptables semble ne pas apprécier le fait que l’on ne l’ait pas autorisé, comme par tradition, à faire le tour du terrain. Et pourtant, l’artiste chanteur Petit Pays l’a fait à la mi-temps. « On attendait mieux que ça ! », éructe-t-on dans les allées du stade, après les 45 premières minutes de jeu.
Le désespoir semblait avoir pris le dessus sur la conviction du début. Et quand, après plus de 15, puis 25 minutes en 2e mi-temps sans but, le doute se fait grand. Le public s’en mêle, rapidement les conclusions commencent à être tirées. « Qui a demandé de jouer le samedi ? Ce stade a été construit pour qu’on y joue les dimanches . Marquez alors on voit ». «On a dit que ce sont les joueurs qui ont demandé, parce qu’ils veulent aller chercher leurs petites le soir. Bande de mouilleurs ».
Dans la foulée, le spectre du 8 octobre 2005 plane. On se souvient alors que le 8 octobre 2005 était aussi un samedi… Drôle de coïncidence. Le match que l’on imaginait facile prenait alors une autre tournure. Alors que certains maudissaient déjà le ciel, Idrissou Mohamadou a fait son numéro, d’un coup de tête. C’est le but et la joie revient dans le stade Ahmadou Ahidjo. Ouf! On s’éloigne de ce 8 octobre 2005, dont le triste anniversaire n’aura pas lieu. De part et d’autre, on exulte. Le délire s’installera après le deuxième but de Achille Webo (79ème) et le doublé du « revenant » Idrissou (89ème).
À la tribune présidentielle, le sourire est large. Après quelques applaudissements et une poignée de mains chaleureuse à Iya Mohammed, le président de la Fécafoot, Augustin Edjoa, le ministre prend congé. Au prochain match et à la prochaine victoire donc.
Kisito NGALAMOU à Yaoundé