Il est parti comme il était venu. Dans une indifférence notoire dans les diverses fédérations sportives. Son arrivée dans le gouvernement du 8 décembre 2004, avait suscité l’espoir. Ancien international basketteur, certains observateurs voyaient en lui l’homme qui devait sortir de l’ombre les ‘’sports mineurs ». Après 21 mois à la tête du ministère des sports et de l’éducation physique (Minsep), l’on retient que Philippe Mbarga Mboa n’a glané aucun titre majeur et l’on ne compte plus les compétitions où les sports ‘’mineurs » camerounais ont été contraints de déclarer forfait pour « manque de moyens financiers ».
Nommé en remplacement de Etame Massoma, réputé trop ‘’administratif », Mbarga Mboa arrive au moment où, le processus électoral à la Fédération Camerounaise de football (Fécafoot), interrompu sur ordre de la présidence de la République, est relancé. Deux commissions (relecture des textes et enquête), sont alors créées pour faire le check-up de la Fécafoot, accusée d’entretenir l’affairisme et de détournement de deniers publics. Plusieurs mois après que les différentes commissions aient rendu leur rapport, aucun éclairage sur la gestion de la Fécafoot n’a été rendu public. Au même titre qu’aucune information n’a filtré sur le trou de trois milliards Fcfa constaté par la Commission Ngack Mahop.
Bras fer Minsep-Fécafoot
Après le retour de la Coupe d’Afrique des nations 2006, le conflit latent entre le Minsep et la Fécafoot éclate au grand jour. L’équipe de Iya Mohammed est accusée par le ministres des Sport d’avoir détourné 100 000 dollars (environ 50 millions Fcfa) générés par le match amical de Bilbao, qu’avaient livré les Lions indomptables contre la sélection basque. Iya Mohammed a demandé au Ministre d’alors qui l’accusait « depuis longtemps d’apporter des preuves ». Philippe Mbarga Mboa lance alors un casus belli au président de la Fécafoot, lors d’un entretien à… son domicile ( !?), en demandant à Iya Mohammed de… démissionner. C’est finalement le Premier ministre, Inoni Ephraïm, qui tranchera le bras de fer entre les deux institutions dans une sentence à la roi Salomon.
De même, dans la correspondance Ln° 2050/L/Minsep/SG/DS du 29 décembre 2005, les services du Premier ministre ont indiqué, au ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), que la gestion de la dotation de plus de deux milliards de francs Cfa alloué au Minsep pour la Can 2006 a été entouré d’un savant flou. L’on apprendra par la suite, de la bouche de Zacharie Noah que les primes de Yannick, son fils avaient été détournées par les collaborateurs du Minsep.
Sur le plan sportif, les Lions indomptables, toutes catégories confondues, n’ont gagné aucun titre sur l’ère de Mbarga Mboa. On retient que les Lions senior ne sont pas qualifiés pour la Coupe du monde après une gestion floue d’un pactole, selon certaines sources, de 1,5 milliards débloqué par la Présidence pour gagner les deux matches décisifs des Lions indomptables (contre la Côte d’Ivoire à Abidjan et contre l’Egypte à Yaoundé). En janvier- février 2006, la bande à Rigobert Song, qui avait pourtant bien entamé la Can en Egypte, est précocement éliminée par la Côte d’Ivoire en quarts de finale. Devant l’omniprésent ministre des sports. Les Lions A’, engagés à la Coupe de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique (CEMAC) ont perdu la finale devant… le président Paul Biya à Malabo contre la modeste Guinée Equatoriale. Pour couronner le tout, les Lions Cadets ont été désillusionnés (0-1), il y a deux semaines à Yaoundé, par…la République Centrafricaine. Tout un symbole.
Les sports ‘’mineurs » aux oubliettes
Les autres disciplines ne sont pas épargnées par cette vague de bilan négatif. Si elles ne font pas de prestations médiocres, les différentes équipes nationales ou clubs Camerounais sont tout simplement déclarés forfaits, « par manque de moyens financiers ». Les exemples sont d’ailleurs légion.
Le dernier forfait est observé le week-end dernier. Phoenix de Douala, champion du Cameroun 2006 de basket-ball a déclaré forfait alors qu’il devrait participer à la Champions league africaine qui se déroule au Congo. Il y a un peu plus d’un an, en novembre 2005, Phoenix déjà et Cèdres, les deux vainqueurs du tournoi de la zone IV à Douala devraient se rendre à Abidjan pour participer au championnat africain de clubs de basket-ball. Forfait général !
Mai 2005, l’équipe nationale de basket-ball féminin ne s’est pas déplacée à Kinshasa pour prendre part aux rencontres éliminatoires qualificatives pour la CAN et les Jeux de la francophonie de décembre 2005 au Niger. Idem pour les messieurs qui n’ont pas pu se rendre en…République Centrafricaine voisine pour les même motifs. Novembre 2005, l’équipe nationale de hand-ball féminin s’est entraînée sur la paille avant d’aller subir une déculottée à la Coupe du monde de la discipline en Saint Petersbourg en Russie devant les équipes d’Ukraine, de la Roumanie, la France, la Macédoine, et l’Argentine.
Des forfaits qui semblent curieusement laisser indifférent les gestionnaires du sport camerounais. D’où l’impression de la navigation à vue. Tout se passe comme si on était surpris par les rendez-vous des équipes nationales et des clubs camerounais. Le forfait est devenu, au fil des temps, une situation normale, ou au mieux un non événement qui n’émeut que les sportifs concernés.
Seule et maigre consolation pour l’ex ministre des Sports camerounais après environ deux ans d’exercice, quelques médailles glanées par les cyclistes au récent tour de la Côte-d’Ivoire et par les athlètes aux derniers Jeux africains à l’Ile Maurice. C’est bien peu.
Eric Roland KONGOU, à Douala