Le 8 juin 1990 – Il y a quinze ans, les Lions indomptables ont frappé les esprits et provoqué une onde de choc sur la planète-football. A Milan, en match d’ouverture de la coupe du monde 1990, un coup de tête de François Omam-Biyick a fait plier l’Argentine de Diego Maradona, alors meilleur joueur incontesté du monde. Contre toute attente, le Cameroun a terrassé l’Argentine, championne du monde en titre sur le score d’un but à zéro.
Cet exploit réussi en présence du Chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, plongea évidemment le pays, voire le continent au comble de la volupté. La victoire du 8 juin que beaucoup ont alors qualifiée de coup du sort, d’épiphénomène a fini par transporter les Lions Indomptables dans un vent d’euphorie qui ne s’acheva qu’aux quarts de finale de la coupe du monde.
En son temps, cette performance était inédite pour une équipe africaine dans cette compétition. Passé l’étonnement de départ, les exploits des Lions commençaient même à aller de soi. Pourtant, au moment de perquisitionner dans nos mémoires, on se rend bien compte que le Cameroun a vécu une véritable épopée dans toutes les acceptions du terme. En effet, peu de monde accordait la moindre chance aux Lions. Pas même… les Lions eux-même. Du moins certains parmi eux. C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, les envolées verbales de Joseph Antoine Bell sont évoquées. Celui qui était alors pressenti pour être le portier du Cameroun pendant le Mondiale, dénonçant la mauvaise préparation de l’équipe lui a prédit une véritable déroute. Ainsi à la veille de Cameroun -Argentine, le cadre des Lions était loin d’être un havre de paix. Le 8 juin, contre toute attente, Bell fut exclu de l’équipe. Du moins relégué au rang de simple spectateur, sur décision ministérielle. Quelque temps plus tôt, l’équipe avait connu d’autres soubresauts avec l’incorporation de Roger Milla, jeune retraité de 38 ans au sein de l’équipe sur instructions du président Paul Biya. Certains joueurs voyaient ce retour d’un mauvais œil. Malgré les réticences, Milla prit finalement part à la coupe du monde.
Et sur le terrain, les Lions après avoir battu l’Argentine grâce à un coup de tête d’Omam-Biyick, ont défait (2-1) la Roumanie grâce à deux buts du vieux lion, Roger Milla. Cette victoire était déjà synonyme de qualification pour le second tour. Lors de leur troisième match, les Lions relâchés ont été sèchement battus par l’URSS (0-4). Un moindre mal. En huitièmes de finale à Naples, grâce à deux buts dont un plein de malice de Roger Milla, aux dépens du facétieux gardien colombien René Higuita, le Cameroun va battre la Colombie (2-1) et se qualifier pour les quarts de finale du Mondiale.
Inédit. Le 1er juillet 1990, l’aventure des Lions va s’achever face à l’Angleterre après un match épique, aujourd’hui classé parmi les plus grands moments de la coupe du monde de football. Les Lions Indomptables vont tenir pendant longtemps leur qualification pour le carré d’as. Incroyable ! Hélas, pendant les prolongations, l’Angleterre grâce à un penalty de Gary Lineker va ruiner les rêves des Camerounais finalement défaits, 2-3. Il y a quinze ans. C’était hier. Mais finalement les souvenirs de ces moments d’euphorie sont impérissables. Puisse-t-on en connaître de nouveaux !
Simon Pierre ETOUNDI, Cameroon-Tribune