Qui donc s’en souvient encore? Qui donc se souvient de Raymond Fobete conduisant la sélection camerounaise à Khartoum pour sa première participation à une Coupe d’Afrique des Nations ? Qui se souvient que là-bas, sous le soleil du Soudan, cette équipe a remporté deux matches et n’a été éliminée qu’au goal average ? Tout cela semble si loin aujourd’hui.
Et pourtant. Et pourtant, on peut difficilement comprendre le drame suscité par l’élimination de 72, si on ne s’intéresse pas à ce qu’était le football camerounais ces années là. Car somme toute, en 1972, le Cameroun ne participait que pour la deuxième fois à la Can. N’était-il pas particulièrement prétentieux d’afficher ainsi son ambition de gagner à tout prix ?
Oui, à première vue. Non, si l’on considère que ce Cameroun là, avait déjà un passé, une histoire. En 1960 déjà, aux Jeux sportifs de la Communauté française qui se déroulent à Tananarive, la sélection camerounaise de football domine la Somalie, le Mali, le Congo et ne va s’incliner que 2-1 en finale, face à la France. Quelques années plus tard en 1964, la génération du Maréchal Mbappe Leppe va vivre son âge d’or en remportant le 7 février à Accra la première édition de la Coupe d’Afrique des clubs champions face au Stade Malien de Salif Keita. Une suprématie camerounaise qui va être confirmée par la victoire lors de la Coupe des Tropiques au mois de juillet. Il convient par ailleurs de noter qu’à cette période, après avoir été Commissaire à la Jeunesse et aux Sports, le ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports s’appelle Ibrahim Mbombo Njoya.
Pour l’actuelle génération de supporters des Lions, tout cela relève de la préhistoire. Et pourtant. Et le nom, et l’esprit conquérant et la soif de victoire actuelle de l’équipe nationale du Cameroun prennent leur source à cette période. Pour mieux apprécier ce que font aujourd’hui les Lions, il.convient de s’appuyer sur les exploits de Mbappe, Tsébo, Léa Eyoum, Mbette Isaac, puis Abéga, Milla, Mkono Kana Biyick, Emile Mbouh avant de rallier l’actuelle génération.
C’est un exercice qui tient à la fois de la redécouverte et de l’hommage. C’est un devoir de mémoire. Mais c’est aussi notre ambition. Toute simple. Rassembler des professionnels de notre métier et donner à la fois de l’épaisseur et de la perspective à un évè¬nement en le situant dans l’histoire, mais surtout en donnant prioritairement la parole à ceux qui l’ont vécu.
Par Emmanuel Mbede, mbede@camfoot.com