« Je suis certain que notre match face à la Libye est le tournant de ces éliminatoires. J’ai demandé à mes joueurs d’être plus agressifs face aux Libyens, pour remédier aux petits problèmes que nous avons connus ces derniers temps. A ce sujet, je ne pense pas que les problèmes que peut connaître l’équipe nationale proviennent des joueurs, il y a des pesanteurs ailleurs. Mais nous faisons tout pour que cela ne perturbe pas notre travail. »
Quelle ambiance règne au sein de l’Equipe nationale du Cameroun ?
L’ambiance est bonne. Depuis vendredi dernier, nous avons repris les entraînements et nous sommes conscients de l’enjeu du match face à la Libye. Nous avons besoin d’un résultat positif, pour aborder la rencontre face à la Côte d’Ivoire, dans de meilleures conditions. Si nous battons la Libye, le match face à la Côte d’Ivoire devrait être plus abordable pour nous.
Quand vous parlez des pesanteurs, à quoi pensez-vous ?
La qualification pour la coupe du monde 2006 est très importante pour le Cameroun, qui a loupé les Jeux olympiques. J’ai conscience de la déception qui pourrait être celle des Camerounais, si nous ne parvenons pas à nous qualifier. Dès lors, nous devons tout faire, pour que ça marche. Mais il y a des situations inadmissibles dans le fonctionnement de l’équipe. Ce n’est pas normal que 24 heures seulement avant le match face au Bénin, que mes collaborateurs m’ informent que je ne peux pas utiliser Idrissou, parce que celui-ci a des problèmes administratifs avec la FIFA. C’est du reste dans les mêmes conditions que j’ai appris que Ndiefi n’avait pas un passeport camerounais et qu’il ne pouvait pas jouer non plus face au Bénin. On aurait pu m’informer plus tôt. Il faut que les gens fassent leur travail. Remarquez que, quand il y a une bonne organisation, les résultats suivent. Pour nous, ce fut le cas au Mali et à la coupe des Confédérations. En ce moment, on ne peut pas en dire autant. De toutes les façons, j’en ai discuté avec le ministre de la Jeunesse et des Sports qui m’a écouté et a promis de trouver des solutions. Par ailleurs, pour être efficace, un entraîneur a besoin au même titre que ses joueurs de sérénité. Je n’ai pas de salaire depuis six mois et ce n’est pas normal. Pourtant je travaille avec dévouement pour le Cameroun. J’aime mon équipe et je considère mes joueurs comme mes enfants.
Par rapport aux problèmes que vous avez évoqués, quelles sont les solutions que vous préconisez ?
Je pense que le ministère et la Fédération camerounaise de football doivent travailler ensemble. Par ailleurs, tous ceux qui gravitent autour de l’équipe nationale doivent regarder dans la même direction et travailler ensemble. J’ai fait des propositions au ministre sur le type d’organisation qu’il faut pour les Lions Indomptables et j’ai confiance en lui pour que tout cela soit mis en place. Ce que je peux dire actuellement, c’est que chacun doit faire la part de travail qui lui est confiée. Ce n’est pas normal que je passe mon temps à utiliser mon téléphone pour appeler la FIFA, afin de comprendre quels sont les problèmes que rencontrent mes joueurs. Jusqu’à cet instant, personne ne m’a clairement dit quel est le problème d’Idrissou. Tout ce que je sais c’est que je ne peux pas l’utiliser. Mon boulot à moi est de convoquer les joueurs et de les préparer physiquement, tactiquement et psychologiquement pour les matchs. Je ne suis pas membre de la Fécafoot. Je ne dois pas négocier les matchs amicaux pour l’équipe. Malheureusement, je suis obligé par amour pour mon équipe, d’intervenir dans des domaines qui ne sont pas de ma compétence. Mais cela ne peut pas durer. Mes joueurs et moi devons nous concentrer sur les matchs contre la Libye et la Côte d’Ivoire et ne penser à rien d’autre. Pourtant, on ne nous facilite pas toujours la tâche et quand il y a un mauvais résultat, nous prenons des coups. Ce n’est pas normal.
La situation est-elle désespérée et comment entrevoyez vous l’avenir de votre équipe ?
Je vous ai dit que j’ai confiance en mes joueurs. Ce sont de grands joueurs. Le Cameroun a une très belle équipe. Tout ce qui manque, c’est un minimum d’organisation et d’honnêteté de la part de chaque élément du football camerounais. Si chacun fait son travail, il n’y a aucune raison que nous ne soyons pas à la coupe du monde 2006. J’interpelle donc tout un chacun à regarder dans la même direction et à faire sa part de travail. A cet effet, j’ai confiance en l’action du ministre de la Jeunesse et des Sports et du gouvernement pour nous aider à bien faire le nôtre.
Simon Pierre ETOUNDI, Cameroon-Tribune