Tout était fait pour que le duel entre notre « Pichichi » national et Van Nistelrooy soit l’attraction première d’une rencontre qui n’avait d’amicale que de nom. Le Cameroun voulant prouver que son absence en coupe du monde ne relève que d’une simple décision du sort. Et pourtant, nous allions assister au plus gros « zolo » – pour reprendre notre grand frère Pierre Lebon Elanga Ateme – de Samuel Eto’o Fils. Alors que les choses semblaient rentrer dans l’ordre, le pire se produisit pendant la soirée organisée par Orange … pour une histoire de « nourriture » semble t-il.
Attention, bien que loin du « Da Vinci code », cette histoire n’est qu’une pure fiction se basant sur des faits réels. À consommer avec modération.
Le fan club et le farotage raté
Arrivé dans la ville de Bruxelles le 25 Mai en provenance du sud-Ouest de l’Allemagne, je décide d’aller prendre la température auprès de la diaspora Camerounaise, histoire de mesurer le degré d’affection dans le cœur des supporters malgré la non-qualification del’équipe nationale du Cameroun pour la phase finale de la coupe du monde qui se déroule cet été en Allemagne. Chose faite, je me rends à la gare du midi, avenue Fostny où se trouvent dans une rue secondaire deux restaurants Camerounais bien connus de la place. Chacun y va de son commentaire et de son savoir, ajoutant parfois du piment dans la discussion ; ne dit-on pas que chaque Camerounais est un entraîneur en puissance ? Toujours est-il que j’apprends là là (comme on le dit chez nous) qu’un « Fan Club Eto’o » est née quelques heures avant mon arrivée en terre belge. Ne comprenant pas pourquoi cette organisation n’a vu le jour que sous peu, un « grand » de Bruxelles me demande si moi-même je ne connais pas le degré de ‘’farotage » du « 9 » qui, semble-t-il peut changer par une enveloppe, la vie de n’importe quel Camerounais. Très excité, je décide aussi d’être enfin du côté du bonheur. Qui n’aime pas l’argent ? Dans mes recherches pour m’abonner au Fan club qui m’assure le paradis du farotage, j’arrive enfin à la source, autrement dit maison mère. À distance, on me présente 4 des ténors, tous aux allures de l’homme bien de là bas du célèbre comédien camerounais Dave K. Moktoi.
Rassuré par la Jaguar de l’un des membres, je décide enfin de m’adresser à une des nombreuses demoiselles du Fan club qui me donne les conditions d’adhésion. 30 euros pour les frais si non pas de chance d’approcher et de toucher Pichichi qui allait enfin ‘’mettre fin à mes problèmes ici en « mbeng » ». Incapable de les payer, je compris une fois de plus que Dieu m’avait maudit. Après une nuit rythmée par un carnaval de cauchemars, je réussi à avoir une place dans un des charters organisés à 40 euros au départ de Bruxelles (garde du midi). Ce ticket qui n’est en fait qu’un don d’un ami de la cousine du beau frère du côté maternel de mon frère consanguin venait me redonner espoir dans ma chasse au trésor. Qui me peut ? N’est ce pas me voila qui sera aussi du voyage ? Il ne me restait plus qu’à « organiser » une paire de chaussures vert – rouge – jaune vendue dans un discount de la place au prix de 12 euros. Sur ce dossier, après avoir raconté tous les mensonges possibles qui existent sur la terre, personne ne vola à mon secours. Comme quoi, les gars d’ici sont même pire que ceux de Paris dans le 17e arrondissement, on se comprend. Dans le bus qui nous transportait de Bruxelles à Rotterdam, chacun avait ses problèmes. Certains juraient finir avec les Hollandais qui font subir aux étrangers le test de nationalité, d’autres essayaient de démontrer que Song même avec un pied peut jouer et barrer Van Nistelrooy, dans mon coin avec mon Nouveau Testament, j’invoquais les esprits du farotage pour que Samuel n’aie des yeux que pour moi. Car malgré les informations faisant état de l’absence de notre goléador, je fus rassuré au départ par une dirigeante du Fan Club qui me démontra par sa beauté qu’elle venait d’avoir le « 9 » au téléphone. N’est-ce pas ce que femme veut Dieu veut ? Je rédigeais également un petit scénario qui allait faire de moi un ancien de New-Bell, bien que ne connaissant même pas dans quelle ville se trouve ce quartier Béni.
Trois heures plus tard, je fus réveillé de mon songe en apercevant l’hôtel des lions. L’excitation était au maximum, avec ma modeste expérience de « tuyoriste » je décidais de me désolidariser du groupe en m’infiltrant via le parking dans le hall de l’hôtel. Dieu venait de lever sa malédiction sur moi quand du hall du park Hotel de Rotterdam, j’aperçus les ténors du fan club bloqué et impuissant face aux forces de l’ordre. Du coup, une question me traversa la tête : est-ce que ces gars là ont même déjà rencontré Eto’o comme ils ont laissé croire en encaissant les 30 euros dans une association non reconnue par la législation Belge ? Moi quoi ? Je suis dans l’hôtel eux dehors. Dans la confusion totale, je réussis même à décrocher un billet « njoh » par un des « baos » qui me confondit sûrement avec un de ses neveux résidents en Hollande. La chèvre venait de manger où elle est attachée. Après avoir consommé mon whisky coca que j’affectionne et après avoir envoyé la note dans une chambre au hasard (il paraît que c’était la chambre d’un des gros salaires de notre équipe nationale), nous pouvions enfin prendre la direction du stade. La suite vous-même vous la connaissez. Et pourtant, j’avais eu moi-même une promesse ferme d’une Hollandaise. Les termes du deal : fais-moi voir le « 9 » et tu vas écraser un bon pistache.
Eto’o et le coup franc indirect
Je pensais au « zolo » dès le départ. Mais, ce que j’ai vu me laisse penser qu’il y a eu de la connivence donc une passe pour que le « 9 » puisse lober toute l’équipe. Pichichi est un joueur vraiment complet. Il paraît même qu’on la vu la veille dans les rues de Paris et même qu’en boîte il y a eu des choses à la Mike Tyson. N’est ce pas lui-même il dit à ses amis gaulois qu’il aime la France ? Toujours est-il que d’après certains, les assurances étaient données de la part de la délégation Camerounaise qui martelait haut et fort que le « 9 » allait arriver d’un moment à l’autre. Heureusement que la rivalité n’a pas que des inconvénients. Mon ami Ivoirien gaou qui réside à Paris a tout fait pour m’écrire un sms en mentionnant que mon demi-dieu était devenu reporters d’une chaîne Mexicaine au stade France qui a vu de toutes les couleurs avec Eto’o lors de la finale opposant le Barca au FC Wenger de Londres. Le Cameroun étant le Cameroun, il fallait bien chercher un fautif en dehors de notre pichichi grand faroteur international. Seigneur le monde est injuste, comment je peux rater l’argent et le pistache tout simplement parce qu’il y a un absent ? Il ne fallait surtout pas le signifier haut et fort car l’ambassadeur itinérant était présent, lui qui sait chicoter les njoteurs comme moi. Quoi qu’on dise, l’enfant de new bell venait de manquer du respect à notre équipe nationale pas par son absence, mais, par le doute né dans une histoire donc la fin était déjà connue. Pourquoi n’avoir pas annoncé cette absence qui ma foi peut être compréhensible ?
De retour du stade, et comme par miracle, je réussis à m’infiltrer une fois de plus dans l’hôtel où orange organisait un dîner entre les lions ses clients et les journalistes impartiaux venus du bled. Me voila encore dans un endroit des grands.
La « nourriture » qui divise
Je savais que la nature avait pris l’habitude de me placer toujours au mauvais endroit et au mauvais moment. La facilité avec laquelle j’ai pu m’installer autour d’une table du somptueux dîner offert par Orange sponsors officiel de l’équipe national ne pouvait que annoncer des mauvais présages. Entourer des gros clients d’Orange Pays-bas, de personnalités politiques, de la délégation d’orange venue du Cameroun et pas très loin de mes joueurs préférés, j’avais enfin franchi le besoin d’appartenance de la pyramide de Maslow. Habitué à contrôler la nourriture à distance, je pouvais mettre à l’épreuve mes yeux pour déterminer quantité et qualité du buffet. Que n’avait-il pas sur la table ? Abondance devait bientôt faire place à Bombance. Alors que mes yeux sillonnaient à distance les côtelettes de porc savamment grillées à l’huile d’olive, ce qui devait arriver arriva. Une éminence de notre triangle national se leva et demanda à tous de quitter la loge où se trouvait le buffet … histoire, d’après lui, de laisser les lions manger d’abord à leur faim avant que les plus gros clients d’orange n’aient accès à la « nourriture ». La décision unilatérale de cette légende du football mondial venait jeter la poudre dans le feu. Moi-même ancien « tuyoriste » n’avait jamais vu sa dans ma longue carrière de « je m’invite ». Et pourtant, c’était la réalité. Des baos se bagarrant pour la nourriture. Vexée, la représente d’Orange Cameroun ordonna à toute sa délégation de quitter la salle. Délégation dans la quelle se trouvait un député de la nation et quelques grosses pointures qui avaient pris placent aux côtés des dirigeants d’Orange Pays-Bas. À cet instant, je me rendis compte que notre république bananière venait de s’exporter vers l’occident.
Conscients de la gravité du scandale, les lions indomptables par la voix de Geremi présentèrent des excuses en vain. Après l’indignation manifestée par le l’honorable de chez nous, le chef de la délégation camerounaise (un des vice-présidents de la FECAFOOT) prit aussi la parole pour présenter des excuses au nom de la fédération … estimant que même dans les relations d’un couple, il existe ce genre de malentendu … tout en rappelant au député qu’il était son petit frère. Dans la série de plainte excuses les dirigeants d’orange qui organisaient la soirée pour créer une ambiance festive et conviviale autour des lions après le match ont minimisé les évènements. Vexés, les membres de la dite délégation sont partis regagner leur hôtel (sans manger) au grand plaisir de tuyoriste que je suis. En effet, je pouvais manger jusqu’à ce que mort s’en suive. Moi quoi ? Est-ce que je vois souvent l’autre ? Dressée comme des coqs de combat la délégation d’orange a quitté la salle sans délai.
Au fait, et notre fan club ? Après un petit tour dans le hall de l’hôtel, je vois que Rigobert Song a accepté poser avec le Fan Club qui, toujours retenu de l’autre côté de la porte, aura quand même eu son lot de consolation. Tu es vraiment notre Magnan national. Sans lui, ils allaient dirent qu’ils connaissent qui chez les lions pour se faire de nouveaux clients à 30 euros ? Et même qu’ils ont eu des sponsors qui ont financé le voyage rien qu’à la seule vue du nom de notre Eto’o national qui adore décidément le micro. De retour sur Bruxelles, j’ai du masser mon ventre avec des glaçons … vous comprenez que mangez pour tous les mécontents n’a pas été chose facile. Heureusement que Dieu nourrit les oiseaux. En passant, ils disent que le prochain stage des lions se déroulera en août. Si c’est vrai, même à pied, je viendrais manger la « nourriture » d’Orange en espérant que la bagarre soit éternelle.
Stephen SUNOU à Bruxelles