Le cri de ras-le bol de Francoise Mbango lors des derniers mondiaux d’athlétisme en France était troublant : » j’ai honte de mon pays. Dans une compétition comme celle-ci, nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Aucun officiel Camerounais ». Ministre de football, beau-père du prince, grand manipulateur, la caricature est florissante au sujet de l’homme qui préside depuis 4 ans les destinées du Ministère de la Jeunesse et des Sports.
Elle frise parfois la pantalonnade. C’est que dans sa complexion, sa gestuelle et son élocution, Bidoung Mpkatt est un grand comique qui sait brouiller les cartes. Cet homme dit ce qu’il ne sait pas et fait ce qu’il ne dit pas. Le cri de Françoise Mbango n’est qu’un témoignage vivant des défaillances de la politique mangériale de l’actuel Ministre de la Jeunesse et des Sports. Même malaise constaté dans la délégation camerounaise aux derniers Jeux Africains d’Athlétisme tenus au Nigeria. Pourtant, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt peut mieux faire s’il ne s’entourait de tous ces marabouts et herboristes appelés préparateurs psychologiques, de tous ces mouchards et indicateurs du ministre, de tous ces courtisants qui infestent l’atmosphère autour du ministre et dans les délégations camerounaises à l’étranger. Autant le dire, le Comédien du Minjes est considéré comme un dictateur qui ne lésine pas sur les moyens lorsqu’il s’est fixé un objectif. Un dictateur, disait Aristote est celui qui, pour cueillir un fruit coupe l’arbre. Et Dieu seul sait combien d’arbres Bidoung a coupés jusque là pour savourer les fruits de la fonction qu’il occupe à la gouvernementerie.
Ce portrait nous vaudra certainement les foudres d’un homme qui a la réputation d’avoir la rancune tenace (à l’Indépendant, nous sommes comme lui !).
Un Moral de Battant
Nous aimons bien Bidoung Mpkatt. C’est un homme qu’on dit attachant et fidèle en amitié. C’est un homme qui n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Baccalauréat à 25 ans. Un record ! petits jobs pour survivre, bibliothèquaire au Centre Culturel Français et hop ! entrée à l’INJS au cycle des conseillers de jeunesse et d’animation. Bidoung est donc ce qu’on appelle un ‘‘ cadre maison ».
Il n’est pas bien loin le temps où il roulait sa haute stature sur les planches. Sa vie a donc quelque chose de théâtral, de spectaculaire. Sa pièce de théâtre ‘‘ les parasites » est un modèle de virtuosité artistique et, ironie de l’histoire, cette pièce s’accommode de la vie actuelle du ministrillon Bidoung qui, dans cette pièce, joue le rôle de ATHANA. C’est l’histoire de ces cousins, neveux, frères du village qui débarquent en ville chez une parenté bien située pour y jouer les parasites et se comporter en calife à la place du calife. Bidoung entretient donc une horde de parasites qui débarquent de son Nanga-Eboko natal pour envahir bureau et domicile parfois de manière bruyante et intempestive. Que voulez-vous ? Le ministre a le sens de la famille. Le festin gargantuesque qu’il a offert aux ressortissants de son Département d’origine au cercle municipal à yaoundé dès le lendemain de sa nomination, annonçait la couleur de cet homme présenté par ses amis comme un personnage généreux.
La moto vespa sur laquelle le grand Bidoung roulait à l’époque où il trônait à la tête du centre de jeunesse et d’animation de madagascar est aujourd’hui de l’histoire ancienne. Pierre Ismaël a ôté ses costumes étriqués et élimés de jadis pour des costumes plus beaux. Ha ! les douceurs des lambris ministériels. Chasser le naturel, il revient au galop. Malgré tout, ses costumes continuent à être étriqués de même que ses pantalons sautés à la Michael Jackson. Cet homme là est un acteur. Un vrai. Comme Directeur de l’INJS, il a remarquablement changé le destin de cette école. Il a refait les bâtiments, boosté la coopération internationale, toiletté les textes, créé de nouvelles filières. Sous son règne, la fanfare de l’INJS est devenue la plus célèbre de la capitale. Mais on lui a fait le reproche d’avoir ouvert les recrutements à toutes sortes de faveurs et de mercantilisme. Il n’était pas rare de rencontrer de nouvelles recrues approchant la quarantaine et inscrites, ô miracle, en première année à l’INJS. Mais c’est comme Directeur de l’INJS qu’il a définitivement acquis la réputation de ‘‘ grand maître » dans l’organisation de grands évènements : Feux d’artifices, mouvements d’ensemble, décor et costumes… Bidoung Mpkatt est un maître dans la mise en scène.
Lors des défilés civils et des festivités des finales de la coupe du Cameroun, son art a séduit. Et il sied à l’honnête de le reconnaître. Aussi sera t-il propulsé à la tête du ‘‘Comité An 2000 ». Près de 2 milliards à gérer. Des démembrements dans les provinces. Des monuments statues et autres ‘‘ place an 2000 » à construire. Jardins à fleurir, parcs, concerts publics… Bidoung a fait feu de tous bois. C’est donc là qu’il apprend à toucher du liquide en permanence. Le ‘‘Comité An 2000 » réunit universitaires, artistes, hommes de culture, hauts cadres de l’administration… Ses délateurs disent toujours attendre le bilan comptable de ce Comité. Mais passons…
Pour le brocader, ses délateurs ironisent sur son doctorat ‘‘ nouveau régime ». Il ne faut pas rire ! Et Bidoung parle justement de façon doctorale, alignant des mots bidons comme s’il était obligé de crier pour se faire comprendre à l’image de J. point Remi Ngono
Les espoirs soulevés à son arrivée à la tête du minjes ont fondu comme neige au soleil. Bidoung a organisé autour de lui des réseaux de fonctionnaires pantouflards qui lui tressent des couronnes. La ressource humaine pertinente est parfois mise de côté lorsqu’elle ne fait pas le jeu du ministre.
Le fiasco du Cameroun à la dernière Coupe du Monde de Football nippo-corénne deux ans plus tôt et à la dernière CAN en Tunisie sont révélateurs de l’ambiance autour du ministre. Il n’est pas rare de retrouver dans la délégation Camerounaise, petites amies et journalistes inconnus dans le peleton des journalistes, qui plus est des chroniqueurs sportifs.
Paradoxalement, c’est sous son règne que le Cameroun a eu les résultats les plus flatteurs. Simple coup de chance ? A chacun de juger.
Fortune à couper le souffle
En dépit de la nomination d’un Secrétaire d’Etat chargé de la jeunesse, le minjes a continué à se comporter comme le ministre du football. Ses visites intempestives aux lions, ses discours pompeux sont souvent démobilisateurs et contre productifs. Le cas de ce lion indomptable excédé et rappelant au ministrillon que ses coéquipiers et lui étaient des messieurs qui méritaient des égards et qui n’avaient pas besoin d’être tancés comme des écoliers turbulents, traduit le climat délétère que Bidoung a installé au sein des désormais domptables lions du Cameroun, toutes catégories confondues.
Certains joueurs jugés indociles et récaciltrants ont été radiés de l’équipe nationale : Wome Nlend, Alioum Boukar… le cas Mbomma est un cas d’école. Le goléador Camerounais doit sa sélection à une intervention personnelle du Chef de l’Etat et à l’entregent de l’Ambassadeur itinérant Roger Miller.
Image inoubliable, que celle des membres de la gouvermenterie compullant leur collègue dans la tribune présidentielle pour acclamer Patrick Mboma sur la cuvette de Nfandena après la décision du Chef de l’Etat. C’est que Bidoung apparaît aujourd’hui comme un protégé du couple présidentiel.
Lorsque en direct à la télévision nationale, le Chef de l’Etat le dit en campagne et reconnaît n’avoir jamais reçu le rapport de l’expédition nippo-coréenne 2002, certains pensent à tort que le glas a sonné pour le séjour gouvernemental de Pierre Ismaël. Quelques gazettes le disent au mieux en transhumance vers le Ministère de la Culture ou au Cabinet Civil de la Présidence et au pire, éjecté du navire gouvernemental. Simple soupoudrage présidentiel ou replâtrage pour désamorcer la bombe du malaise né après les raté de l’organisation du double scrutin législatif et municipal du 30 juin 2002 ?
Dans tous les cas, Bidoung Mpkatt est toujours là, bien au sommet de sa splendeur. ‘‘ Nous avons le pouvoir ». Aime t-on à répéter dans l’entourage du ministre. Le pouvoir a justement ses délices que Bidoung Mpkatt savoure.
Ceux qui ont visité le joyau architectural que le ministre vient de construire en face du lycée de Ngousso-Ngoulmekong ont encore le souffle coupé. Un véritable gâchis. C’est un palais digne de mandarins ( attendez de voir les photos dans notre prochaine édition), des monarchies pétrohières, proches orientales. Et à quelques pas de ce palais, au lieu dit Nkolfoulou, notre ministrillon ne s’est pas fait prier pour acheter des hectares de terrain à perte de vue. Une clôture récemment construite dans la précipitation protège ce domaine impressionnant par ses dimensions. Et derrière ce domaine, se trouve justement la rivière dite Foulou que le ministrillon pourra domestiquer. Qui a dit que l’argent ne fait pas le bonheur ? Au lieu dit Sofamac, toujours sur la route de Soa, Bidoung a construit en quelques mois un camp impressionnant dont personne ne sait encore l’usage qu’il en fera. Une mini-cité ou un hôtel ? Dans un cadre plus approprié, nous reviendrons dans nos prochaines éditions par le menu, sur la fortune colossale de celui qu’on considère déjà comme un nouveau dinosaure. Dans certains salons feutrés, on soutient qu’il ne serait pas le propriétaire de toute cette fortune, et que derrière lui, se cacherait une dame bien connue de tous. Suivez notre regard…
Par Alain Oguidé, L’indépendant